Une soirée originale a dérogé à la règle des concerts de musique classique de l'Octobre musical. L'originalité vient du Japon sous les traits de la troupe Chikudo & Friends. L'Ambassade du Japon à Tunis et l'Acropolium de Carthage ont présenté Chikudo Takahashi, Takahisa Kawazaki et Kenta Suzuki, un trio qui a offert un moment d'évasion aux spectateurs venus nombreux pour découvrir la musique traditionnelle du pays du Soleil Levant... Si le concert de l'ensemble traditionnel Chikudo & Friends devait se résumer en un mot, nul terme ne conviendrait mieux que dépaysement. En effet, pendant plus d'une heure, les trois artistes ont transporté le public vers l'ailleurs. Un ailleurs fait de sonorités singulières extirpées d'instruments ataviques, ancrés dans la culture musicale japonaise tel que le « Shakuhachi » et un style de musique folklorique bien particulier : le « Tsugaru Shamisen ». Ce style est caractérisé certes par des pièces fixes mais se base essentiellement sur l'improvisation, octroyant une grande liberté aux musiciens dans l'interprétation. La tradition a été respectée et l'ensemble a enchaîné les compositions dévoilant, peu à peu, un pan de la culture japonaise. Les diverses pièces qui constituent le programme de la soirée sont épurées, elles expriment la joie ou la tristesse sous fond nostalgique. La terre japonaise était omniprésente dans les titres des morceaux, dans leur appartenance rythmique et même dans les instruments. Faits en bambou, certains sont dotés d'un timbre singulier. Le souffle du musicien se meut en un hymne à la nature, une symbiose entre l'homme et son milieu naturel. La tradition a été le credo de la soirée et l'ensemble l'a déclinée en musique et également en tenues vestimentaires. En kimonos, les trois compagnons de scène ont plongé les convives dans l'ambiance de la tradition. Leur jeu impeccable, leur posture digne et leur costume attrayant ont été les ingrédients d'une soirée de découverte, d'un concert placé sous le signe d'une conciliation entre passé et présent, entre les origines et l'ailleurs ; enfin entre l'appartenance à une terre et une culture et le regard vers l'au-delà et autrui. Pour les habitués de l'Octobre musical, la soirée du vendredi dernier a été une surprise car, le concert japonais était certainement classique mais cet adjectif a pris un autre sens : celui de traditionnel. Lors des éditions précédentes, ces habitués ont vu se produire maintes fois des pianistes et autres musiciens qui ont excellé dans le maniement des instruments occidentaux mais pour cette 19ème édition, le dépaysement dû à une investigation du folklore a été une occasion de découvrir le Japon dans ce qu'il a de plus simple et de plus fort : une musique incomparable, à fleur de peau...