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Le combat d'Al Bawsala, pour un citoyen émancipé
ONG
Publié dans Le Temps le 14 - 11 - 2012

Bannir la surenchère du «plus révolutionnaire que moi, tu meurs» !

Al Bawsala est une organisation non gouvernementale de droit tunisien à but non lucratif. Elle est indépendante de toute influence politique. Sa vision se décline en trois objectifs :replacer le citoyen au cœur de l'action politique en lui donnant les moyens de s'informer sur l'activité des élus et de défendre ses droits fondamentaux ; établir des relations avec les élus et les décideurs afin d'œuvrer à la mise en place d'une bonne gouvernance et d'une éthique politique et participer à la défense de l'idée de progrès social et d'émancipation du citoyen.
Dans le cadre de sa mission en faveur de l'engagement citoyen et du renforcement de la démocratie participative en Tunisie, l'organisation Al Bawsala organise une série de débats entre citoyens et députés de l'assemblée nationale constituante. Ces débats auront lieu dans différentes régions du pays et porteront essentiellement sur la constitution. Ils se présenteront sous forme de cercles de discussion où les citoyens sont invités à poser leurs questions, exprimer leurs inquiétudes et présenter leurs propositions aux élus présents.Amira Yahyaoui Présidente d'Al Bawsala a bien voulu se confier à notre collaborateur
Le Temps: Al Bawsala est une organisation non gouvernementale de droit tunisien à but non lucratif. Quels sont vos objectifs ?
Amira Yahyaoui : AlBawsala était créée avec le but de ne plus revenir en arrière, que la transition démocratique que connaît aujourd'hui la Tunisie arrive à bon port. Pour y parvenir, nous avons la conviction que c'est le rôle du citoyen qui sera déterminant. Albawsala se bat justement pour que cette place soit au cœur de l'action politique et pour cela il faut un citoyen émancipé, bien informé avec des droits protégés et dans un cadre démocratique adéquat.
Quel est votre apport pour le citoyen tunisien ?
Nous voulons aider les collectifs de citoyens à s'organiser pour qu'ils puissent être entendus. Nous avons organisé récemment un débat à ElKabareya entre des élus de la Constituante et des citoyens, les habitants qui y vivent avaient beaucoup à dire, ça ne devrait pas se limiter à des événements ponctuels nous espérons les aider, eux et d'autres, à se constituer en Association qui puisse porter leur parole au quotidien dans leur quartier et avec les autorités concernées. Nous souhaitons donner au citoyen les moyens de jouer pleinement son rôle dans la démocratie en construction. Avec notre Observatoire Marsad.tn nous lui fournissons l'information, parce que l'information c'est le pouvoir. Nous croyons qu'une démocratie ne se résume pas à une élection, qu'une élection n'est pas un chèque en blanc. Le citoyen doit savoir ce qu'il se dit en son nom et doit pouvoir réagir quand il considère le mandat qu'il a donné ne va pas dans le bon sens. Nous travaillons sur le projet de Constitution, nous veillons à ce que les citoyens soient conscients de ce qu'impliquent ses articles. Nous plaiderons le moment venu auprès des élus ce qui doit être fait pour que cette constitution ne soit pas un texte sans âme, que le citoyen s'y reconnaisse. Notre boussole pour toutes ces activités est plus de progrès social, des libertés garanties et l'émancipation des individus... toutes les conditions nécessaires pour un plein exercice de sa citoyenneté.
Qui finance vos activités ?
Comme toutes les ONG nous postulons à des financements internationaux existants qui correspondent à nos activités. Nous sommes cependant vigilants et attentifs à l'image de nos pourvoyeurs de fonds. Nos principaux financements proviennent d'Open Society dans le combat que nous menons pour la transparence et nous avons un partenariat qui va au delà du financement avec Parliament Watch pour notre site Marsad.tn.La transparence que nous exigeons des institutions, nous l'appliquons à nous mêmes et à la clôture de ‘l'exercice en cours nos comptes seront publiés.
Dans le cadre de sa mission en faveur de l'engagement citoyen et du renforcement de la démocratie participative en Tunisie, vous organisez une série de débats entre citoyens et députés de l'assemblée nationale constituante. Quels sont leurs objectifs ? Les doléances des citoyens seront –elles écoutées ?
Ces débats ont un double objectif, d'un côté nous voulons que les citoyens s'approprient les enjeux de la Constitution en cours d'écriture et de l'autre que les élus restent connectés aux réalités des territoires et rendent des comptes devant les électeurs. Evidemment face aux difficultés que rencontrent nos concitoyens au quotidien, souvent les échanges vont au delà des questions constitutionnelles, mais in fine la Constitution ne doit-elle pas doter le pays des institutions pertinentes pour répondre à ces préoccupations ?
Vous êtes l'Observatoire de l'Assemblée Constituante. Est-ce que vous réagissez à temps lorsque il y a des défaillances ? Quelle est votre feuille de route ?
Al Bawsala a lancé dès sa création Marsad.tn qui suit au quotidien le travail de la Constituante. C'est un travail rendu plus difficile en raison du manque d'informations mis à disposition par l'institution et par certains partis qui ne jouent pas le jeu de la transparence. Nous veillons à être visible, rappeler les élus à notre bon souvenir, certains d'entre eux nous sont d'une grande aide et nous arrivons au final à mettre les informations à la disposition des internautes et des médias. C'est beaucoup d'énergie à faire le travail du bureau de la Constituante qu'on ne peut pas mettre dans d'autres activités. Notre objectif à court terme est d'aller au delà de l'information brute mais de mettre des informations traitées et expliquées comme on l'a fait un an après l'élection de l'Assemblée.
Est-ce que l'ANC publie ses PV ? Comment obtenez-vous vos informations ?
L'ANC n'a publié aucun PV des 18 commissions en son sein. Malheureusement, cette assemblée a brillé par son opacité, nous avons d'ailleurs avec une autre organisation Nawaat et 4 citoyens indépendants porté plainte contre son bureau en nous basant sur le décret-loi 41 qui donne le droit au citoyen d'accéder à l'information publique. La plainte est maintenant devant le tribunal administratif de Tunis et nous sommes en attente d'une convocation. Entre temps, notre plateforme observatoire de l'assemblée constituante, a publié plus d'une centaine de PV grâce à des élus qui partagent notre idée pour la transparence. Nous avons envoyé une lettre le 23 octobre pour demander à tous les élus de s'engager dans le chemin de la participation citoyenne, très peu d'élus ont répondu à notre appel.
Comment jugez-vous cette transition politique que vit le pays ?
Au lendemain du 14 janvier, les Tunisiens débordaient d'espoir avec une foi en des lendemains meilleurs. Tous les ingrédients étaient réunis pour réussir sans beaucoup de fracas cette transition, mais beaucoup ont déchanté depuis. Malheureusement, les calculs politiciens ont pris le pas sur la vision politique, dans le sens noble du terme, la surenchère des « plus révolutionnaires que moi tu meurs » nous a fait perdre un temps précieux. Je reste optimiste pour l'avenir mais lassée par cette perte de temps, un temps précieux. Je reste persuadée qu'avec plus d'engagement citoyen nous réussirons à passer cette période difficile. Si on réussit ça sera grâce à nous et si on faille ça sera aussi à cause de nous.
Pensez-vous que la société civile a un rôle à jouer ?
Une démocratie ne peut exister sans la participation de l'ensemble de la Nation. La société civile organisée n'a pas un rôle à jouer, elle le fait déjà au quotidien et particulièrement depuis le 14 janvier 2011. Les corps intermédiaires organisent et représentent les tunisiens, leur adhésion est une condition sine qua none pour la réussite de la transition.
Vous avez obtenu en Juin 2012 le Prix Trailblazer pour votre travail visant à améliorer les droits des femmes et la participation des citoyens. Pensez-vous que les droits des femmes sont réellement menacés ?
Sans fausse modestie, j'ai été très surprise d'avoir été nommée pour ce prix, d'autres noms de militantes féministes me semblait plus approprié. Ce n'est que quand j'ai eu au bout du fil la présidente de Global Voices que j'ai accepté. Ce prix m'a été décerné pour mon travail en tant que femme pour la liberté d'expression et mon engagement dans le mouvement anti-censure pendant l'ère Ben Ali mais d'abord et surtout pour la Tunisie dont je suis l'enfant.La femme tunisienne est en train de passer par une période test, une révolution c'est aussi ça, remettre tout sur la table. Ça m'arrache le cœur de voir certains plaider pour la polygamie ou l'excision des filles, mais c'est notre société, c'est certes le résultat d'années d'endoctrinement via des chaînes satellitaires d'un autre âge, une force obscure très financée et bien organisée. Mais au lieu du rejet et du dégoût, nous devrions prendre le problème à bras le corps et vaincre le mal rétrograde qui nous guette, c'est une bataille que nous devons mener sans relâche tant qu'il est encore temps.Il me semble crucial d'avoir peur pour les droits de la femme vu le contexte actuel, la femme tunisienne bien que citoyenne de ce pays reste une citoyenne de second degré. Nos craintes ne doivent cesser que si la tunisienne devient enfin une citoyenne égale à l'homme.L'égalité parfaite entre les sexes n'est pas une folie qu'une classe bourgeoise et occidentalisé veut imposer, c'est un choix de société et un pari d'avenir. La Turquie, pays à écrasante majorité musulmane de plus gouvernée par un parti islamiste conservateur a dans sa constitution l'égalité parfaite comme fondement principal. De plus les lois de la famille, sur l'héritage, de l'enfant appliquent cette égalité sans aucune réserve. La Turquie, souvent prise comme exemple par le parti Ennahdha, n'a émis aucune réserve sur la CEDAW et nous devons faire de même. La femme tunisienne a souffert pendant des années de la manipulation politique, les libertés vestimentaires étaient limitées, la violence faite aux femmes était tabou, l'illettrisme et les problèmes socio-économiques mis sous silence. Aujourd'hui on découvre nos failles et le résultat de notre silence, le mouvement féministe tunisien doit englober toutes les batailles. La législation doit changer, et pour cela l'émancipation est une des clés de réussite du combat féministe tunisien.


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