Ennahdha appelle la formation d'une commission indépendante d'investigation pour l'Affaire Mohamed Ali Rached Ghannouchi accuse certains membres du bureau exécutif de l'Union syndicale de s'inspirer de l'idéologie de l'opposition radicale qui parie sur le renversement du pouvoir et pousse les régions à l'anarchie et à l'insécurité. Après les évènements horribles survenus mardi à la place Mohamed Ali entre les syndicalistes et les membres des comités de protection de la Révolution, le torchon brûle entre le mouvement Ennahdha et l'UGTT. Des déclarations incendiaires des deux côtés épouvantent les Tunisiens et les plongent insidieusement dans le désespoir. Certains iront jusqu'à présager les menaces d'une deuxième Révolution qui pointent à l'horizon. Entre Ennahdha et l'UGTT, est-ce le chemin sans retour qui mène inéluctablement à la rupture ? Pour rebondir sur les événements houleux de la veille, une conférence de presse eut lieu hier dans le bureau régional du Mouvement Ennahdha à Ariana et tenue par Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste au pouvoir de concert avec Amer Laârayadh, membre du bureau exécutif d'Ennahdha.
Pour étayer les origines du conflit opposant Ennahdha à l'UGTT, Rached Ghannouchi n'hésite pas le moindre instant à désigner sans les nommer certains membres du bureau exécutif de l'Union syndicale qui d'après ses affirmations sont inspirés de l'idéologie de l'opposition radicale, laquelle mise sur le renversement du pouvoir et pousse les régions à l'anarchie et à l'insécurité. « Tout en reconnaissant le rôle joué par l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens, nous constatons toutefois que l'organisation syndicale est noyautée par des membres appartenant à des partis d'opposition radicaux qui appellent à une deuxième Révolution, une Révolution contre un gouvernement élu et légitime !», dénigre Rached Ghannouchi en ajoutant que l'UGTT devrait être un partenaire dans le développement et non une force d'opposition et de déstabilisation du projet de développement.
« Du fait, nous appelons à lancer des avis de recherche pour purger tous les locaux de l'union syndicale et toutes les organisations de la société civile des milices, armes, bâtons et autres artilleries », lance hier le chef du parti islamiste qui n'a pas manqué de rappeler l'entière disponibilité de son parti et des partis au pouvoir à poursuivre les négociations avec l'UGTT. « Le dialogue est le seul et unique chemin à emprunter permettant de mener avec succès la transition démocratique, sachant que notre parti a fait plusieurs concessions dont notamment celle de surseoir à instaurer la Chariâa dans la Constitution et ce dans l'ultime but de concrétiser l'union nationale tant désirée et de réaliser les objectifs de la Révolution », dixit Rached Ghannouchi Les comités de protection de la Révolution sont la conscience de la Révolution Concernant les éfauffourées de la veille, Rached Ghannouchi appelle à la constitution d'une commission d'investigation indépendante qui sera chargée d'investiguer sur l'affaire de la place Mohamed Ali pour désigner les coupables. Il n'a pas caché quelque part un certain penchant pour les membres du comité de protection de la Révolution, puisqu'il a affirmé que même s'il n'a pas l'intention de sacraliser le comité en question, il l'a considéré toutefois comme la conscience de la Révolution qui opère dans un cadre légal et qui n'appartient ni à X ni à Y. Pour ce qui est de l'appel du bureau exécutif de l'UGTT à la grève générale dans certaines régions du pays, le chef du parti islamiste considère qu'il s'agit d'une action politique et non sociale que certains membres de l'union syndicale essayent de parvenir aujourd'hui à ce qu'ils n'ont pas pu réaliser et concrétiser par les urnes.
Sur la question des signes précurseurs d'une deuxième Révolution qui pointent, le leader d'Ennahdha affirme que le renversement du pouvoir ne se passe pas dans la rue et que dans les gouvernements démocratiques, deux moyens sont possibles soit à travers le Parlement ou par le biais des urnes. Dans ce même ordre d'idées, Amer Laârayadh affirme d'un ton vigoureux : «Ils s'imaginent à tort tous ceux qui croient qu'ils pourraient conduire une nouvelle Révolution contre la volonté du peuple ». Et d'ajouter : « Inutile de faire le point sur le nombre de mouvements syndicaux survenus après avant et après les élections pour en faire les déductions nécessaires. Le climat économique s'améliore et sauf les myopes ne voient pas ces progrès. Quelles sont les origines de ces mouvements et pour le compte de qui s'activent-ils ? » Pour conclure et pour lancer un message d'apaisement, Rached Ghannouchi affirme que le conflit opposant le mouvement Ennahdha à l'UGTT n'est qu'un nuage passager tout en réitérant son appel au dialogue et au consensus national. Au sujet du remaniement ministériel, le leader du parti islamique affirme que trois scénarios sont possibles : un remaniement total, un remaniement partiel ou garder la même composition du gouvernement actuel tout en palliant les postes vacants.