Attendu depuis longtemps, le remaniement ministériel serait annoncé, assure-t-on, le 14 janvier, date-anniversaire de la Révolution. Entretemps, les tractations s'accélèrent et les réunions se multiplient au sein de la Troïka au pouvoir et entre la Troïka et les partis approchés pour intégrer le deuxième gouvernement Jebali. Si rien d'officiel ne permet encore de définir la teneur de ce remaniement, les indiscrétions qui filtrent des réunions laissent croire que des personnalités de l'opposition démocrate ainsi que technocrates feraient partie de ce gouvernement en gestation. Qui sont-ils ? Sur quelles conditions ont-ils négocié leur participation ? Ont-ils renoncé à des principes fondamentaux ? Rien n'est encore sûr. Ce qui pourrait être sûr en contrepartie, est que la prochaine équipe gouvernementale sera restreinte et que les ministères régaliens resteront la chasse gardée du Parti Ennahdha. Il est difficile dans ce cas d'envisager le départ du ministre de l'Intérieur, dont le bilan est jugé globalement positif, ni celui du ministre de la Justice, ni même celui du ministre des Affaires étrangères, pourtant au cœur de l'affaire communément nommée « Sheratongate » C'est dire que la partie n'est pas facile et que le jeu des positions tiendra jusqu'au bout, et tiendra en haleine toute la classe politique. Cette classe politique qui est partagée sur l'opportunité d'un tel remaniement à la fin de la période transitionnelle et à quelques mois des élections. Pour beaucoup, les enjeux pré-électoraux prennent le dessus notamment pour la Troïka qui se trouve dans l'impasse et pour qui le remaniement constitue donc une bouffée d'oxygène. Ennahdha, en premier lieu, chercherait plutôt à créer des lézardes au sein de l'opposition en éloignant, par exemple Néjib Chebbi du mouvement Nida Tounes, son rival incontestable. Ce n'est pas en tout cas le moment de tirer des conclusions. Attendons de connaître la composition du nouveau gouvernement et son programme pour juger les intentions des uns et des autres.