"Nous proposons soit un gouvernement de compétences, soit un large gouvernement d'union nationale qui n'exclue aucun parti, y compris Nidaâ Tounes", déclare Ahmed Néjib Chebbi La participation du parti Républicain (Al-Joumhouri) au prochain gouvernement, dont la nouvelle composition devrait être annoncée d'ici le 14 janvier, semble peu probable. C'est du moins ce qui ressort des conditions posées par ce parti fondé en avril 2012 par la fusion de plusieurs partis, dont le Parti démocrate progressiste (PDP) et Afek Tounes (Horizons de Tunisie) pour rejoindre le gouvernement. Au cours d'une rencontre qu'il a tenue jeudi avec le leader du mouvement islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi, le président de l'instance politique du Parti Républicain, Ahmed Néjib Chebbi, a plaidé pour la formation d'un gouvernement de compétences ou , à défaut, d'un large gouvernement d'union nationale qui n'exclut aucun parti légal. " Le prochain gouvernement aura une durée de vie assez limitée et ne sera pas capable, de ce fait, de trouver des solutions aux problèmes du pays. Cela exige la mise en place d'un gouvernement restreint de compétences composé essentiellement de technocrates et qui se chargera d'expédier les affaires courantes, de préparer le terrain à la tenue d'un scrutin transparent et d'essayer de trouver des solutions urgentes aux problèmes sociaux les plus pressants", explique M. Chebbi. Et d'ajouter: " Au cas où les partis s'attachent à faire partie du futur gouvernement, nous sommes favorables à un large gouvernement d'union nationale qui n'exclut aucun parti, y compris Nidaâ Tounes et le Front populaire". Le président de l'instance politique du Parti Républicain a également précisé avoir expliqué au chef d'Ennahdha qu'il s'agit là de la position des instances dirigeantes de son parti. Il a également noté qu'il "n'est pas intéressé sur le plan personnel par un quelconque portefeuille ministériel", infirmant ainsi des informations selon lesquelles Ennahdha lui aurait proposé le ministère régalien des Affaires étrangères. Neutralité des forces de sécurité Les autres conditions du Parti Républicain pour rejoindre un gouvernement d'union nationale sont la détermination d'une feuille de route claire comprenant essentiellement, un consensus sur la future Constitution, un Code électoral équitable , les dates des prochaines élections et la nomination de personnalités neutres aux ministères de souveraineté, dont notamment celui de l'Intérieur. " Nous ne pouvons organiser des élections crédibles et transparentes que grâce à la neutralité de l'administration et des forces de sécurité, lesquelles sont plus que jamais appelées à garantir la sécurité et la liberté de réunion et d'association à tous les partis. Un climat apaisé lors des élections exige aussi la dissolution de toutes les formes des milices puisque seul l'Etat et ses institutions sont chargées de la protection de la révolution", note M. Chebbi, faisant ainsi allusion à la nécessité de la dissolution de la Ligue nationale de protection de la révolution. Le leader du parti Républicain propose , dans ce cadre, la tenue d'un congrès de dialogue national qui aura pour mission de définir la feuille de route de la prochaine étape.Il déclare aussi avoir expliqué au chef d'Ennahdha que " le processus de transition démocratique est actuellement en danger en raison notamment de la persistance des tensions sociales, de la mauvaise situation sécuritaire et de la flambée des prix". Pour sortir de cette situation peu reluisante, M. Chebbi a précisé qu'il a expliqué au cheïkh Ghannouchi que "seules des élections transparentes qui déboucheront à un gouvernement ayant un mandat de cinq ans pourront remettre le train de la transition démocratique sur les rails". Conditions draconiennes ? Le mouvement Ennahdha pourrait-il accepter ces conditions du parti Républicain afin d'élargir la coalition au pouvoir? Pourrait-il aller jusqu'à accepter d'associer au gouvernement le parti Nidâa Tounes (L'Appel de Tunisie) qu'il qualifie à tout bout de champ comme étant une formation regroupant les résidus de l'ancien régime? Rien n'est moins sûr. "Au cours de ma rencontre avec Rached Ghannouchi, j'ai compris que le mouvement Ennahdha ne compte pas exclure Nidaâ Tounes du dialogue sur les affaires nationales étant donné qu'il s'agit d'un parti légal, mais qu'il a des réserves sur une éventuelle alliance avec ce parti", indique Ahmed Néjib Chebbi. Selon les observateurs avertis, il est très peu probable qu'Ennahdha accepte ces conditions "draconiennes" d'autant plus que le vrai but du remaniement est destiné à chambouler la carte des alliances politiques. En approchant le Parti Républicain et d'autres formations ayant un certain capital de militantisme, Ennahdha chercherait à la fois , selon ces mêmes observateurs, à trouver de nouveaux alliés pour "remplacer" le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés Ettakatol et le Congrès pour la République dont la popularité commence à s'effriter et à couper la route à une éventuelle alliance entre le Parti Républicain et Nidaâ Tounes. Le ledaer du parti Républicain semble d'ailleurs l'avoir bien compris. "Nous ne prendrons pas part à un gouvernement qui vise à diviser l'opposition et qui pratique l'exclusion. Al Joumhouri ne commettra plus les erreurs du passé et ne se représentera pas seul aux prochaines élections. Nous œuvrons à construire une coalition de forces progressistes, démocratiques et centristes, dont le noyau sera Al Joumhouri, Nidaa Tounes et Al Massar", a martelé jeudi soir , Ahmed Néjib Chebbi, sur le plateau de la chaîne Ettounissiya.