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Colombe de la paix de Picasso, rameau d'olivier d'Arafat, œillets de Lisbonne et jasmin d'Hammamet
Tribune
Publié dans Le Temps le 24 - 08 - 2007

A l'interrogation de mon ami Ridha KEFI «Y a-t-il parmi nous des ennemis de la paix ?» (''Le Temps'' du jeudi 16 août 2007), ma réponse : Hélas, oui ! En effet
je venais d'apprendre et d'apprécier un jour auparavant en lisant dans Le Temps du mercredi 15 août que nos deux quotidiens édités par la Maison Assabah ainsi que plusieurs journalistes tunisiens ont adhéré à un concours lancé par plusieurs fondations et journaux des pays du pourtour méditerranéen. Les initiateurs du concours ont invité les jeunes originaires de cet espace à prendre le fameux tableau de Picasso comme source d'inspiration pour exprimer leur vision d'une Méditerranéen sans conflit, sans guerre comme un vrai lac de paix, une plaine liquide, comme l'a si bien qualifié le célèbre historien Braudel, ayant toujours servie comme zone de contact entre ses riverains. Et voilà que Ridha KEFI nous apprend un jour plus tard (''Le Temps'' du 16 août) que l'initiative n'était pas du goût de certains esprits chagrins qui ont vu en elle «une normalisation avec l'ennemi sioniste» et bien entendu avec le fameux leitmotiv de «trahison de la cause arabe».
Je voudrais exprimer mon soutien et mon adhésion à cette initiative visant à apprendre à nos jeunes et aussi à nos moins jeunes, que les guerres et les conflits ne sont pas le corollaire de l'Humanité. Il s'agit de déchirures qui s'étaient imposées aux Hommes suite à la prédominance d'intérêts égoïstes et de désirs d'hégémonie de la part de certains groupes, souvent minoritaires au départ. Dans aucune société humaine les instincts destructifs ne sont devenus hégémoniques que grâce aux mensonges et à la manipulation de la part de ceux qui voulaient tirer profit de la guerre et de la tension. Ainsi, ils dissipaient leurs intérêts de classes, de groupes égoïstes et chauvins, au nom des grands idéaux de la nation ou de l'empire. Pour réussir leur besogne, ils n'ont pas hésité parfois à recourir aussi à l'élimination physique des partisans de la paix. Il suffit de rappeler que Jaurès a payé de sa vie en juin 1914 pour avoir écris et lutté contre les appels à la guerre, il est devenu ainsi le meilleur symbole du pacifisme. Il est peut-être utile de rappeler le contexte de la création du célèbre tableau, désormais mythique et étendard de la lutte pour la paix, du grand Picasso. En effet, ce tableau éternel est crée au début de 1949 pour exprimer les désirs de paix de l'Humanité, qui venait à peine de sortir du second conflit mondial, face aux tendances belliqueuses des dirigeants des Etats-Unis. Ces derniers voulaient plier le Monde, hier comme aujourd'hui, à leur volonté. A l'époque, ils avaient encore, à eux seuls, le monopole de la bombe atomique qu'ils n'avaient pas hésité à utiliser, à deux reprises, au cours de l'année 1945, respectivement à Hiroshima et à Nagasaki, pour mettre à genoux les dirigeants Japonais, mais en rasant des centaines de milliers de vie humaines. C'était dans ce contexte dangereux que Picasso avait brandi le tableau de la colombe comme hymne de paix face aux fauteurs de guerre. Picasso, lui-même, allait déclarer, en parlant de cette époque: «Je n'ai jamais considéré la peinture comme un art de simple agrément de distraction. Ces années d'oppression terribles m'ont démontré que je devais combattre non seulement pour mon art mais aussi pour ma personne».
En Tunisie, bien que le pays était sous le joug colonial, les Tunisiens appartenant à diverses tendances politiques: Néo-destour, Parti communiste tunisien, UGTT, USTT, Unions des femmes, des jeunes qui s'étaient unis au sein d'une même délégation pour aller participer au congrès mondial des partisans de la paix à Paris et réclamer haut et fort de la tribune du congrès: la libération de la Tunisie et la fin de la colonisation. A leur retour du congrès, ils fondent le Comité Tunisien pour la Paix et la Liberté qui sera présidé par le Dr Slimen Ben Slimen, même après le retrait de son parti du mouvement de la paix et de son exclusion du Néo-destour en mars 1950.
Initier nos jeunes à la paix, les encourager à s'inspirer d'un tableau de peinture qui avait servi depuis presque 60 ans comme hymne à la paix et à la liberté entre les peuples, à la tolérance et au rejet de tout fanatisme, au respect de l'autre dans sa différence, n'est point à mon avis synonyme d'une quelconque «normalisation» avec les politiques agressives de quiconque ou d'une acceptation de la colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés. Bien au contraire, les beaux tableaux qui en sortiront des pinceaux des enfants seront, j'en suis convaincu, des messages forts adressés aux adultes et aux décideurs des pays de la Méditerranée et du monde pour enfin trouver une solution à un problème qui ne cesse d'envenimer les relations entre les peuples de cette région du monde et aussi les relations internationales. Ces peintures seront des rameaux d'oliviers et des œillets portés par les colombes de la paix face aux bruits de canons et des bottes des colonisateurs et aux déflagrations des explosifs portés par des jeunes désespérés par une misère sociale et une humiliation nationale dont on ne voit pas le bout du tunnel. En toute sincérité, je ne vois à cela d'autres solutions que la naissance d'un Etat palestinien moderne et indépendant et viable vivant en paix aux côtés d'un Etat israélien évoluant dans des frontières sûres reconnues par ses voisins, après s'être retiré, bien entendu, de tous les territoires arabes occupés.
Pour toutes ces raisons, je réitère mon soutien personnel à l'adhésion de nos deux quotidiens Assabah et Le Temps au concours «La colombe de la paix». C'est une belle initiative qui va dans le bon sens, celui de la paix, de la justice et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, je ne peux qu'encourager et soutenir un tel engagement. Il s'agit de deux quotidiens sérieux et indépendants qui ne peuvent se permettre de laisser planer la confusion entre, d'une part, liberté d'expression, valeurs humaines de liberté et de paix, et les dangers des caresses dans le sens du poil avec le fanatisme et le chauvinisme, d'autres part. L'expérience par laquelle est train de passer cette grande maison de la presse tunisienne la fera sortir plus forte et plus décidée et à quitter «le silence» qui a parfois marqué ses attitudes face à de graves atteintes aux valeurs de tolérance et aux libertés académiques comme celle vécue par notre université tunisienne au cours de la triste journée du vendredi 10 mars 2006 à la Faculté des Lettres de Manouba. Ce jour-là, les mêmes esprits chagrins qui attaquent aujourd'hui Assabah, s'étaient agités, cédant le pas, comme souvent ce fut le cas, au chauvinisme et à la manipulation, pour scander des propos racistes et voir dans l'hommage rendu à Paul Sebag, un vaillant militant du savoir, de la modernité et de l'indépendance de Tunisie, une expression de normalisation avec Israël.
Habib Kazdaghli est professeur d'histoire contemporaine, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Tunis-Manouba


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