L'énigme devient la règle d'or et trouve un terrain propice en Tunisie. Un décor lassant et éreintant qui nous dégoûte au fil des jours de l'interminable comédie, de la mythique concertation et consensus politique. Entre temps, l'invisibilité et la perte de confiance prennent de plus en plus d'ampleur. L'économie nationale sombre toujours dans l'expectative et dans le flou artistique à effet désiré et maîtrisé par le premier parti au pouvoir, lequel ne cesse de se pavaner de sa légitimité. Et pour défendre bec et ongles cette légitimité, nos ministres n'ont pas arrêté tout au long de la semaine dernière et même en ce début de semaine de vanter les progrès économiques réalisés par le gouvernement de Jebali (jusqu'à nouvel ordre). Au menu des exploits : la baisse du taux de chômage de 2,2% au cours du 4ème trimestre de l'année 2012 et la hausse des investissements déclarés dans l'industrie outre le fameux taux de croissance de 3,5%. Nos ministres partisans semblent trouver la bonne recette, celle d'engager subrepticement la première entame des campagnes électorales. Dans une conférence de presse tenue lundi par le ministre de l'Industrie, Mohamed Lamine Chakhari a jeté la lumière sur l'évolution de la conjoncture industrielle pour l'année 2012. Le ministre a mis l'accent sur l'accroissement des IDE de 60,8% en 2012 par rapport aux flux des IDE enregistrés une année auparavant, sur la baisse des intentions d'investissement industriel de 1,4% et sur la hausse de 17,6% du nombre de création d'entreprises industrielles outre la création de 26 597 postes d'emploi dans les entreprises industrielles. Cependant, a-t-on oublié de préciser que parallèlement à la baisse des investissements déclarés dans l'industrie enregistrés en 2012, le nombre des emplois à créer s'est replié pour passer de 83057 emplois en 2011 à 79481 emplois en 2012. Baisse de 9,1% des investissements déclarés dans l'industrie en janvier 2013 Par ailleurs, le début de l'année 2013 ne commence pas haut en couleurs. Et même le premier mois de l'année ne peut pas être une référence pour une analyse constructive, il y a lieu de noter que les investissements déclarés ont enregistré une baisse de 9,1% au cours du mois de janvier 2013 et ce en comparaison avec le même mois de l'année 2012 et ce malgré un accroissement de 14,3% du nombre de créations. Le bulletin de la conjoncture industrielle pour le mois de janvier 2013 fait état d'une baisse de 19,8% des investissements 100% tunisiens déclarés dans le secteur secondaire et une chute de 49,8% pour les investissements mixtes. S'agissant des zones de développement régional, on note un ralentissement de 8,8% des emplois à créer, une baisse de 10,2% du nombre de projets réalisés contre une augmentation de 0,3% du volume d'investissement (En MDT). On note par ailleurs une baisse de 12,6% du nombre de projets déclarés dans les régions. Les régions les moins chanceuses sont : Ariana, Ben Arous, Kairouan, Kasserine, le Kef, Tataouine, Tozeur et Tunis. A noter que le fléchissement du niveau des investissements est respectivement : de 100% pour la région de Tataouine, de 97,1% pour la région de Medenine et de 71% pour la région de Kairouan. Sidi Bouzid, la région la mieux lotie en ce début d'année Ceci dit, Sidi Bouzid a l'infime chance à être la région la mieux lotie en ce début d'année calomnieuse avec un taux d'accroissement faramineux des investissements déclarés (1685,9%) et une augmentation de 74,8% des emplois à créer. En effet et grâce à un seul projet déclaré dans le cadre de la création d'une unité de fabrication d'autos, de cycles de motocycles et de moteurs, les investissements dans la région sont passés de 8,5 MDT (1 mois 2012) à 151,8 MDT (1 mois 2013). Les régions de Béja et de Gabès ont eu également la part belle en enregistrant des records. Le bulletin de conjoncture signale un volume de 26,7 MDT déclarés à Béja dans le cadre de la création d'une unité de fabrication d'amidon et de glucose. Un taux de chômage de 33,2% chez les diplômés du supérieur Dans un autre chapitre des exploits, nos ministres n'ont pas manqué une seule occasion pour parler de la baisse du taux de chômage de 2,2% enregistrée en 2012. Et c'est une première performance du genre réalisée durant cette dernière décennie a affirmé une fois, Abdelwahab Maatar, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi lors d'un plateau télévisé. Cela ne nous empêche pas de dire que malgré cette nette baisse du taux de chômage-une baisse étonnante quand même, au vu de l'instabilité, politique, économique et sociale-, les problèmes de fond de l'emploi en Tunisie perdurent toujours. Selon les résultats de l'enquête nationale sur la population et l'emploi du quatrième trimestre 2012 réalisée par l'INS, le taux de chômage est donc passé de 18,9% au cours du 4ème trimestre 2011 à 16,7% au cours de la même période de l'année 2012. Ainsi, le nombre de chômeurs s'établit à 653,8 mille de la population active estimée à 3909,6 milles. Toutefois, nos ministres répugnent à dire que le taux de chômage des diplômés du supérieur a augmenté de 0.5 points au terme du dernier trimestre de l'année 2012, soit un taux de chômage de 33,2%. Et toujours d'après le bulletin de l'INS, l'augmentation du nombre des actifs a gagné principalement le secteur de l'agriculture et de la pêche, les industries manufacturières, les industries non manufacturières et les services. Il s'ensuit qu'il n'y a aucun changement qui mérite d'être cité au niveau de la structure des emplois créés : des emplois à faibles valeurs ajoutées. Des emplois abondants et à bas prix. Par ailleurs et par région, le taux de chômage atteint des seuils élevés notamment au Sud-Est(25,7%), au Sud-Ouest(22,1%), au Nord-Ouest(21,3%) et au Centre-Ouest (20,7%). En résumé, disons que le gouvernement devrait a intérêt à garder la tête sur les épaules et ne pas entrer dans ce jeu de chiffres qui ne mène nulle part. Yosr GUERFEL AKKARI
Liste des projets déclarés au mois de janvier 2013 dont les Investissements sont supérieurs ou égaux à 5MDT 1. Création d'une unité de fabrication automobiles, cycles et moteurs 2. Création d'une unité de production d'amidon et de glucose à partir des grains de maïs 3. Création d'une unité d'embouteillage d'eaux minérales 4. Création d'une unité de concassage, criblage et traitement de sable 5. Création d'une unité de fabrication de véhicules « pick up » 6. Extension d'une unité de confection 7. Création d'une unité d'embouteillage de l'eau minérale 8. Création d'une unité de fabrication de chauffes eau solaires 9. Création d'une unité de fabrication de polyester saturé 10. Création d'une unité d'extraction d'huile d'olives 11. Création d'une unité de fabrication d'articles d'emballages en plastique 12. Création d'une unité de panneaux sandwich