Le "mémorandum politique" élaboré par la coalition gouvernementale insiste sur la neutralité de l'administration, le refus des luttes idéologiques et l'organisation des élections avant fin 2013 Me Abdessattar Ben Moussa, président de la LTDH : " Le gouvernement est plus que jamais appelé à mettre fin à toutes les formes de violence et à fournir plus de visibilité aux acteurs économiques" Le feuilleton du remaniement ministériel, dont le générique du début a été donné en juillet 2012, a connu son épilogue vendredi après-midi.A peine quelques heures avant la fin de l'échéance fixée quinze jours après sa désignation, le 22 février, dans la foulée de la démission de son prédécesseur, Hamadi Jebali, le chef du gouvernement tunisien, Ali Laârayedh, a annoncé la composition de son gouvernement. Le bail de ce nouveau gouvernement est de court terme. Le mandat devrait s'achever "à la fin de l'année 2013 au maximum", selon M. Laârayedh, qui a ainsi laissé entendre que des élections législatives et présidentielle auraient lieu avant cette date, en octobre ou novembre. A première vue, la nouvelle équipe qui dirigera la deuxième phase de l'étape transitoire est différente de la précédente. Le taux de renouvellement du gouvernement dépasse 50%. Comme il l'avait annoncé après l'assassinat, le 6 février, de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, qui a avivé la crise politique en Tunisie, le parti islamiste Ennahdha a renoncé sous la pression aux ministères régaliens, laissant la place à des indépendants. Ennahdha précise aussi qu'il ne déteint plus aujourd'hui que 28 % des portefeuilles contre 40 % dans le précédent gouvernement. Contrairement à ce qu'il escomptait, le parti islamiste n'est pas parvenu à élargir la coalition dirigeante. C'est donc avec ses deux alliés habituels, le Congrès pour la République du président (CPR) et le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés ( FDTL ou/ Ettakatol) que le nouvel attelage a été formé. Mémorandum politique Quoi qu'il en soit, le gouvernement est appelé à trouver ses marques et relever plusieurs défis dans un contexte marqué par un fort mécontentement alimenté par l'augmentation du prix des produits de base et par des accrochages récurrents entre des extrémistes religieux présumés et les forces de sécurité ainsi que dans un climat politique marqué par des tiraillements politiques profonds et une opposition qui guette le moindre écart. Le mémorandum politique élaboré par les partis qui ont pris part aux tractations sur la formation du gouvernement durant deux semaines trace les grandes lignes du programme du nouvel exécutif. Ce document précise que le nouveau gouvernement s'engage à réaliser les objectifs de la révolution et à opérer une rupture avec l'ancien régime autoritaire et corrompu à travers l'activation du processus de la justice transitionnelle. Il souligne aussi la nécessité d'accélérer le jugement des responsables des violations des droits de l'Homme et la lutte contre la corruption financière et administrative. Le mémorandum, qui appelle à l'organisation des élections avant fin 2013, insiste aussi sur le lancement d'un dialogue national visant à aboutir à un consensus sur le calendrier de travail de l'Assemblée constituante (dates de l'adoption de la constitution et des principales lois), l'agenda électoral et la mise en place des instances de régulation. En finir avec la violence La monopolisation de la violence par l'Etat, le refus des luttes idéologiques le rétablissement de la sécurité et l'empêchement de la constitution de milices ou d'organisations parallèles aux appareils de l'Etat figurent aussi dans le mémorandum politique. Le document évoque , par ailleurs, la neutralité de l'administration et la mise en place d'un mécanisme de concertation entre les partis membres de la coalition gouvernementale sur les nominations dans les hautes fonctions administratives Côté économique, le document précise que l'intérêt doit se porter sur l'encouragement de l'investissement domestique et étranger, la maîtrise de la flambée des prix et l'adoption d'une politique de développement régional à travers le lancement de projets dans les régions défavorisées. Aux yeux du président de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LTDH), Me Abdessattar Ben Moussa, ce programme gouvernemental répond dans l'ensemble aux principales exigences de l'étape. "Nous avons surtout besoin actuellement d'une volonté politique sérieuse pour mettre fin à toutes les formes de violence et plus particulièrement à la violence politique", déclare-t-il. Et d'ajouter: " nous souhaitons dans ce cadre la participation du gouvernement au congrès national de lutte contre la violence qui sera organisé par l'UGTT, la LTDH et l'Ordre national des avocats les 8 et 9 avril prochain". Me Ben Moussa estime , d'autre part, que la période qui nous sépare des prochaines élections doit être gérée par le consensus national et appelle dans ce cadre tous les partis à participer à la deuxième phase du congrès du dialogue nationale qui aura lieu fin mars sous l'égide l'UGTT.