Tout le monde a encore en mémoire les douloureux évènements du 4 décembre 2012, la veille de la célébration de l'assassinat du leader syndicaliste Farhat Hached, lorsque des milices, soudain avaient envahi la place Mohamed Ali pour s'attaquer au siège de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Suite aux troubles qui s'en sont suivis et pour éviter au pays le pire, une commission mixte entre le Gouvernement et l'UGTT avait été formée pour faire la lumière sur ces évènements et déterminer les responsabilités. Trois mois après la mise sur pied de cette commission, rien n'est ressorti et ses conclusions restent toujours inconnues. Sami Tahri, porte-parole de l'UGTT a déclaré sur les ondes de ShemsFM que « suite à l'agression de l'UGTT, le 4 décembre et l'annonce de la grève générale, une commission d'investigation a été créée. Elle a travaillé durant un mois. Un consensus existe sur beaucoup de points concernant l'agression. Toutefois, les conclusions sont divergentes. La partie gouvernementale a tenu à n'incriminer aucune partie. L'UGTT a une position claire. Selon les preuves et les présomptions irréfragables, ceux qu'on nomme les Ligues de protection de la Révolution avaient planifié, organisé et précisé l'ensemble des éléments de l'agression. Après plusieurs tentatives, beaucoup de patience, et de retenue pour arriver à des conclusions communes avec la partie gouvernementale qui n'ont rien donné, nous nous sommes trouvés obligés de présenter samedi prochain dans une conférence de presse le contenu du rapport à l'opinion publique». Ahmed Soueb, magistrat au Tribunal administratif et membre de la Commission a déclaré hier sur les ondes de MosaïqueFM, que « le dossier contient des preuves irréfutables et criardes. Deux rapports du ministère de l'Intérieur indiquent que des éléments de la Ligue de protection de la Révolution sont impliqués dans la violence qui a eu lieu le 4 décembre. Des photos montrent que des militants d'Ennahdha dont un dirigeant à échelon intermédiaire étaient présents pendant l'agression ». Ahmed Soueb précise que 15 réunions ont été tenues entre les membres de la Commission dont deux durant des jours fériés. Il considère que l'absence des forces de l'ordre laisse planer doute et suspicions et prête à équivoque. Ce qui explique la confrontation. Il rappelle aussi qu'aucune association n'a le droit de s'ériger en protectrice de la Révolution. Il n'a pas manqué de rappeler que le Conseil de la Choura d'Ennahdha avait demandé de lever l'injustice qui avait frappé les membres de la Ligue de protection de la Révolution et militants d'Ennahdha détenus dans le cadre de l'affaire de Lotfi Naguedh à Tataouine. De son côté le porte-parole de la Ligue de protection de la Révolution, avait déclaré qu'il ne reconnaît pas le rapport de la Commission d'enquête puisqu'il ne reconnait pas la commission, elle-même. Il ajoute « aucun procès intenté contre les LPR n'a été gagné, faute de preuve». Mouldi Jendoubi, Secrétaire général de l'UGTT considère que la responsabilité des Ligues de protection de la Révolution (LPR) et de certains militants d'Ennahdha est on ne peut plus claire. Après la conférence de presse de samedi prochain, la commission administrative de la principale organisation syndicale se réunira. « Elle prendra les décisions qui s'impose », laisse entendre l'UGTT. Les LPR continuent à faire parler d'elles. Leurs actions sont toujours liées à la violence. Elles continuent à bénéficier du soutien d'Ennahdha, même après le remaniement ministériel. Walid Bennani, membre de la Constituante représentant Ennahdha avaient bien déclaré qu'il n'est pas question de dissoudre les Ligues de protection de la Révolution. Quand la scène politique arrivera-t-elle à se débarrasser définitivement de la violence ? Tout est question de volonté politique.