De l'humour facile ? Peut-être… Sauf que ce n'est pas donné à tout le monde de tenir toute une salle en haleine pendant… Pendant combien de temps au fait ? Lotfi Abdelli assure ; et s'il a rempilé pour la troisième fois, dans une version revisitée de son one man show, la troisième en date faut-il le préciser, c'est parce que son « truc à lui » accroche, et qu'il n'y a pas de raison de ne pas persévérer. « Made in Tunisia » en guise de baptême de feu, ensuite « Made in Tunisia 100% halal », jusqu'à aboutir à ce troisième one man show qui est bien l'enfant légitime d'une première inspiration, laquelle a été très porteuse, puisque le public ne s'en lasse pas. Qu'il fasse dans l'auto -dérision, qu'il épingle les travers d'une société, un tant soit peu schizophrène, qui veut la chose et son contraire, tout en défendant, bec et ongles (enfin…) une identité qui lui est propre, et qui fonde sa spécificité de tunisien habitué à nager entre deux eaux, notre humoriste ne fait pas dans la dentelle, et ne se gêne d'ailleurs pas en abondant, avec force détails, dans le registre scatologique, histoire de rappeler si besoin est, qu'il ne faut pas se faire du mouron puisque de toute façon, les carottes, pour le moment du moins, sont bien cuites, et qu'il ne faudra surtout pas faire avec ! Désopilant, caustique, pas piqué des hannetons, l'humour grinçant de Lotfi Abdelli dans ce spectacle, n'a surtout pas épargné la classe politique dirigeante, provisoire, et qui fait dans le provisoire en prospectant pour la durée. Du coup, ils en ont pris pour leur grade, les Ali Larayedh, les Hamadi Jebali, les Ghannouchi and co, mais pas seulement. Le miroir que l'humoriste tend, n'est pas très flatteur, mais il faudra faire avec n'est-ce pas ? Démêler le bon grain de l'ivraie, en attendant que tout cela décante. La révolution ? La bonne blague si c'est pour aboutir à cela déclinera le comédien sur tous les tempos, qui en a vu des vertes et des pas mûres, en étant pris à partie, à chaque fois, par tous ceux qui se sont retrouvés dans son collimateur, et qui n'ont pas apprécié qu'il montre, leur vérité toute nue, sans y mettre les formes. Feu au poudre par-ci, polémique par-là, mais le one man show avance comme un « train dans la nuit ». Essayez voir de l'arrêter… Le samedi soir au Calypso, Made in Tunisia is back avec un Lotfi Abdelli au mieux de sa forme, mais la pluie a finalement eu le dernier mot.