• Ahmed Néjib Chebbi considère que sa démarche consensuelle lui a coûté cher Le parti Républicain (Al-Joumhouri), traverse des moments très difficiles à vivre. Après le départ de Yassine Brahim, relayé par la démission d'autres dirigeants anciens membres du parti Afek Tounès, voilà qu'une centaine de membres du parti Al-Joumhouri, annoncent leurs démissions. La date de la nouvelle vague de démissions concernant plus de cent membres coïncide avec le jour de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Dans le communiqué, les démissionnaires condamnent l'assassinat du défunt Mohamed Brahmi et les agissements de la Troïka. Ils réclament également la levée de l'immunité parlementaire de Sahbi Attig. Les démissionnaires rejoignent en outre, les foules de mécontentements populaires pour investir les places et les rues et résister jusqu'à la chute du gouvernement et celle de l'Assemblée Constituante ainsi que la mise en place d'un gouvernement de salut national. Les démissionnaires estiment que le choix de revoir le positionnement politique du parti et de rompre l'isolement de la Troïka, était une erreur politique fatale. Ils s'y sont opposés à l'intérieur du parti. Ils rappellent qu'ils avaient à plusieurs reprises relevé cette erreur et mis en relief la gravité de poursuivre sur cette voie. La détérioration de la situation dans le pays a compliqué davantage les choses. Cette détérioration n'est pas imputable uniquement à l'échec du gouvernement d'Ennahdha et ses complices, mais aussi à l'échec de l'élite politique dans sa totalité dans le management de la transition. Celle-ci n'a pas privilégié l'intérêt national par rapport aux tiraillements partisans et aux combats de chefs. Les démissionnaires considèrent que l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi, fait porter une grande responsabilité historique qui impose de mettre fin aux anciennes pratiques politiques qui ont prouvé leur inefficacité. Ils annoncent leurs démissions de toutes les structures du parti Républicain. Ils dénoncent l'abominable crime qui a mis fin aux jours de Mohamed Brahmi quelques jours après les propos sanguinaires tenus par Sahbi Atig, président du groupe parlementaire d'Ennahdha, à l'avenue Habib Bourguiba, dans un rassemblement de soutien à la légitimité en Egypte. Ce crime a été perpétré six mois après l'assassinat de Chokri Belaïd, sans que toute la vérité sur ce crime ne soit encore connue des Tunisiens et après les attaques et critiques visant l'opposition. Les démissionnaires font porter au Gouvernement la responsabilité de l'absence de mesures pour mettre fin à la violence et poursuivre ceux qui sont derrière. Ils appellent à la levée de l'immunité parlementaire de Sahbi Atig pour le poursuivre juridiquement pour ses propos incendiaires. Les anciens membres d'Al-Joumhouri expriment leur adhésion « au mouvement populaire » appelant à la chute du gouvernement, à la dissolution de la Constituante et à la formation d'un gouvernement de Salut national qui conduira la transition. Ils appellent à la désobéissance civile et à occuper les rues et les places publiques jusqu'à ce que toutes ces revendications soient satisfaites. Ils appellent à activer l'unification des forces démocratiques nationales sur une plate forme de rupture avec Ennahdha. Des noms connus comme Saïd Aydi, mehdi Haouas anciens ministres après la Révolution, Maher Hanine ancien PDP, Faouzia Charfi, Abdellaziz Rassaa et Slim Azzabi… La réaction d'Ahmed Néjib Chebbi, leader du parti et président de la Haute commission politique, sur les ondes de MosaiqueFM, a été sans équivoque. Il considère que sa démarche consensuelle lui a beaucoup coûté et affirme que les arguments présentés par les démissionnaires ne sont qu'une justification après coup de l'échec de la greffe entre le PDP et Afek Tounès. « C'est une greffe qui n'a pas abouti. Les deux partis en sont responsables », dit-il. Tout en regrettant ces démissions, il affirme que le parti Républicain se porte bien. « Ce sont des camarades qui nous sont chers. Nous avons 21000 adhérents ». Ahmed Néjib Chebbi qui défendait le dialogue continu avec Ennahdha et ne partageait pas l'appel à la destitution du Gouvernement, s'est ravisé suite à l'assassinat de Mohamed Brahmi. Il a réitéré un ancien appel fait avant le 23 octobre 2012, pour un gouvernement de Salut national. Il considère que les instances créées après les élections du 23 octobre 2011, ANC, présidence et gouvernement, n'ont plus de raison d'être. Il avait appelé depuis un mois à un comité qui veille à la transition à côté du Gouvernement d'Ali Laârayedh. En vain. Aujourd'hui, il rejoint ceux qui appellent à un nouveau gouvernement. « Ce n'est pas un gouvernement d'une partie contre une autre. C'est un gouvernement pour sauver le pays. Il sera composé de compétences soutenues par tous, qui ne se présenteront pas aux prochaines élections », dit-il. Il continue à penser que la Tunisie, dans l'avenir ne pourra être gouvernée qu'avec le consensus. Les démissionnaires et Ahmed Néjib Chebbi, partagent la même analyse de la situation actuelle après l'assassinat de Mohamed Brahmi. Un comité de sages avait été formé pour résoudre les problèmes qui se posent à l'intérieur du parti. Ses initiatives n'ont pas encore abouti. Pourquoi, les démissionnaires ont-ils choisi le jour de l'assassinat pour annoncer leur décision ? Que vont-ils faire dans l'avenir ? Vont-ils former un autre parti ? Attendons de voir.