Aujourd'hui c'est le premier jour du mois de ramadan. Cette année ce mois saint coïncide avec la rentrée universitaire et scolaire. Certains étudiants ont déjà repris les cours. Chacun a pris sa place dans son institution. Cependant, des étudiants qui sont inscrits dans des universités loin de chez eux sont obligés de chercher un logement. Chose qui n'est pas facile.
Comme à chaque rentrée, après l'inscription, les étudiants passent aux tracas du logement. L'orientation universitaire affecte des étudiants du sud dans des universités du nord et vice versa. Au mois de septembre, ils doivent plier bagages et déménager pour s'installer près de leurs établissements universitaires. En effet, les étudiants ne peuvent bénéficier du logement dans un foyer relevant de l'un des Offices des œuvres universitaires que pendant une seule année. Pour le reste, ils doivent se prendre en charge. Entre le loyer, les fournitures scolaires, les dépenses quotidiennes et le transport les parents n'arrivent plus à satisfaire toutes les demandes de leurs enfants. Que dire alors si la rentrée coïncide avec le mois de ramadan, les soldes et la fin des vacances d'été.
Environ 300 dinars à chaque rentrée Sarra étudiante à Tunis et originaire du Cap Bon. Elle en quatrième année. Cela fait trois ans qu'elle endure le calvaire du logement. Elle indique qu'à chaque rentrée, elle doit dépenser environ trois cents dinars, si ce n'est pas plus, uniquement pour le logement. Elle paye sa part de loyer et de quotient en plus des frais dus à l'agence immobilière : les dix dinars pour chaque visite à un domicile et le pourcentage à la signature du contrat. « Ceci sans compter, les frais du transport à chaque visite du Cap Bon à Tunis et vice versa », ajoute Sarra. La difficulté d'avoir un logement près de leur établissement universitaire est un autre problème que rencontrent les étudiants. Ils sont parfois contraints de louer un appartement loin de la faculté et se trouvent donc obligés de payer les frais supplémentaires du transport et de supporter l'encombrement et les retards possibles.
Foyers privés : mauvais rapport qualité prix Par ailleurs, il existe aussi les foyers universitaires privés. Certains étudiants préfèrent y être logés et être épargnés des dépenses supplémentaires des factures d'eau et d'électricité. Pour d'autres, les foyers privés ne sont pas une solution adéquate. « Ils sont chers par rapport aux prestations qu'ils offrent », souligne Abir étudiante en troisième année. « Une chambre individuelle coûte environ 120dinars. Ce même montant je peux le payer en partageant le loyer avec deux de mes amies. Dans ce cas, je peux choisir mes co-locatrices, accueillir ma famille quand je veux et avoir mon indépendance. Dans un foyer privé, et cela dépend bien sûr du règlement intérieur, je ne peux pas par exemple permettre à ma mère ou à ma sœur de passer une nuit chez moi. Je dois partager le même réfrigérateur avec les autres et si je ne trouve pas quelque chose, personne n'est responsable. Je dois supporter le bruit même pendant la nuit, je ne peux pas recevoir une amie pour réviser...je ne suis pas du tout indépendante. J'ai plusieurs obligations alors que je n'ai pas beaucoup de droits », s'exprime notre interlocutrice. Si au début de chaque année universitaire, l'étudiant doit payer toutes ces dépenses en plus de celles qui doivent lui être réservées au cours de l'année pour faire les centaines de photocopies des cours et acheter quelques livres aucune famille au budget moyen ne peut procurer toutes ces sommes à son enfant seulement si elle s'endette ou passe l'année à prendre des avances sur salaire et surtout s'ils ont encore d'autres enfants scolarisés à charge. Les bourses aujourd'hui ne s'acquièrent que difficilement et par conséquent c'est la famille qui doit supporter toutes ces charges financières. De cette manière, les difficultés financières, les problèmes de cohabitation avec les locataires, les études, le calvaire du transport et le besoin émotionnel d'avoir sa famille près de chez lui, empêchent l'étudiant de poursuivre ses études dans de bonnes conditions.