Le remue-ménage dans la famille politique tunisienne ne cesse de chambouler la vie socioéconomique du Tunisien. Chaque jour amène avec lui son lot de surprises et de soubresauts. Le dernier en date : la volte-face du président de l'Assemblée constituante, Mustapha Ben Jaâfar. Après avoir suspendu pendant plus d'un mois les travaux de l'ANC, décision qui a été grandement appréciée par l'Opposition et vivement contestée par la Droite, voilà, qu'hier, MBJ a repris les séances de l'Assemblée. C'est Mehrzia Laâbidi, première vice-présidente de l'ANC qui a annoncé la veille, la convocation envoyée au bureau de l'Assemblée par Ben Jaâfar. L'objectif énoncé est de débattre ensemble sur plusieurs sujets de première priorité et qui se rapportent à la situation de crise dans laquelle la Tunisie patauge depuis l'assassinat politique de l'élu Mohamed Brahmi. MBJ a-t-il capitulé sous l'effet de la pression ? En réalité, cette décision n'a pas étonné ceux qui ont accès aux coulisses et qui connaissent tous les secrets de l'alcôve. D'ailleurs, rappelons-nous, le samedi 18 aout 2013, une réunion a été tenue entre le Chef du gouvernement provisoire Ali Laârayedh et une délégation composée de certains groupes parlementaires de l'Assemblée constituante. Ce jour-là, un des membres de cette délégation et qui se trouve être un représentant du mouvement islamique Ennahdha, Kamel Ben Amara avait déclaré, voilà 3 semaines en arrière, alors que personne n'osa y croire, que Ben Jaâfar annoncera très bientôt la reprise des travaux de l'ANC. Une déclaration qui, à peine annoncée, a fait l'objet d'un démenti de la part de l'élue du parti Ettakatol, Mme. Lobna Jribi. Dans le même contexte, il est important de noter que la délégation en question était composée des groupes parlementaires issus des trois partis de la Troïka, bien évidemment. A eux se sont joints, les mouvements Wafa, celui du Courant Al-Mahaba ainsi que le mouvement de la République. Une composante qui, a elle seule, a pu, parait-il exercer une certaine pression pour que le président de l'Assemblée nationale constituante se décide à reprendre le cours normal des travaux après avoir précédemment décidé de son propre plein gré et sans concertations de suspendre les séances. Le représentant du mouvement Ennahdha aurait donc raison, parce que tout laisse à dire que ce que ce parti majoritaire veut, il l'aura. Ben Jaafar qui avait affirmé ne pas l'entendre de cette oreille tant qu'un dialogue national et consensuel n'a pas eu lieu, tant que l'ANC ne reprendra jamais ses travaux. Et pourtant ! Un calendrier par priorités Dans un discours officiel, diffusé en direct sur la télévision nationale, le 5 septembre 2013, MBJ déclarait réfuter toute forme de pression visant à mettre fin à la suspension des séances de l'ANC. Il a assuré et insisté, lors de son allocution, sur le maintien de sa décision jusqu'à ce qu'il y ait de vrais efforts dans la classe politique pour faire sortir le pays de cette crise et qu'il se concertera éventuellement avec le bureau de l'Assemblée constituante. A peine cinq jours plus tard, il annonce au bureau de l'ANC, après les avoir convoqué, que les travaux de l'Assemblée reprendront la semaine prochaine. Etaient présents à cette réunion de bureau, qui a commencé à 11h, les députés du bureau de l'ANC. Une série de décisions a été prise. Des réunions dudit bureau se poursuivront afin de suivre de près les transmutations de la scène politique et l'évolution de la situation de crise. Aujourd'hui reprendront les travaux des commissions législatives et spéciales. A partir de demain, jeudi 12 septembre 2013, seront convoqués la conférence des présidents. L'objectif est de préparer une feuille de route ordonnée par priorité quant aux travaux de l'Assemblée et des séances plénières qui vont reprendre la semaine prochaine. Dans deux jours, le bureau de l'ANC devra préparer un calendrier pour les travaux de l'Assemblée. Ben Jaâfar a tenu à rendre un énième hommage à Feu Mohamed Brahmi en lui préservant son siège, et ce, jusqu'à la fin des travaux de l'Assemblée constituante.