La séance plénière qui s'est déroulée, hier jeudi 19 septembre 2013, a réuni des représentants du gouvernement provisoire d'Ali Laarayedh et les élus présents autour d'un dialogue sur la situation actuelle au pays et les comparutions des journalistes devant la justice. Etaient présents entre autres le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou, le ministre de la Justice Nadhir Ben Ammou, le Conseiller auprès du Chef du gouvernement Noureddine Bhiri, ministre des Droits de l'Homme Samir Dilou et plusieurs hauts responsables relevant du ministère de la Justice et des Forces de l'ordre. Comme à son accoutumée, la séance plénière a commencé avec une heure de retard, à savoir 10h20. Sur les 217 élus, n'étaient présents que 124. Presque désert, l'hémicycle connaissait une ambiance de torpeur. La séance était présidée par la vice-présidente de l'Assemblée constituante, Mahrzia Laâbidi qui a annoncé deux changements au sein de l'ANC à savoir la démission de l'élu Mohamed Néji Gharsalli du Bloc démocratique. De son côté, l'élu Jalel Farhat a rejoint le bloc Liberté et Dignité. Suite à cela, les élus ont pu un par un donner leurs allocutions dont le contenu était très mitigé. Certaines interventions condamnaient vivement la décision de suspension des travaux de l'ANC sans que le président de l'Assemblée se soit concerté avec les élus. Cette prise de position de Mustapha Ben Jaâfar a été elle aussi sujette à nombreuses interprétations. Les uns l'ont critiquée, d'autres l'ont saluée y voyant une invitation au dialogue entre les forces politiques existantes à un moment de crise politique culminant. L'assassinat de Mohamed Brahmi fait couler beaucoup d'encre Bientôt deux mois depuisson meurtre devant chez lui, Feu Mohamed Brahmi a fait l'objet d'une grande indignation de la part des élus présents hier. L'affaire a été remise sur la table discussions après que des informations eussent circuler sur un document qui aurait été détruit au sein du ministère de l'Intérieur. Un document que certains hauts responsables du ministère de l'Intérieur auraient caché sous les ordres du Chef du Gouvernement provisoire Ali Laarayedh. Ces fuites ont fait couler beaucoup d'encre parmi les élus présents. Ces derniers ont vivement critiqué ce qu'ils ont appelé « incompétence » et « anarchie » au sein de l'institution du ministère de l'Intérieur. L'existence de certaines ailes occultes au sein dudit ministère ne serait plus un secret pour personne. Ces dernières, feraient, désormais, leur loi de manière implicite en détruisant puis en divulguant des documents de hautes importances telle que la fuite concernant l'assassinat de l'élu Mohamed Brahmi. Plusieurs élus du parti Ennahdha ont directement pointé du doigt l'appartenance de cette présumée aile parallèle au sein du ministère de l'Intérieur, à certains partis politiques de l'Opposition. L'élue Samira Abbou parle d'un système sécuritaire partisan et non parallèle. D'autres ont préféré parler d'incompétence et de division à l'intérieur d'une telle institution. Ce qui pour les uns ou les autres constitue un danger imminent pour la Tunisie. En réponse à ces interrogations, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou a déclaré : «Certes, nous avons perdu lors de l'assassinat de l'élu Mohamed Brahmi mais nous avons réussi à démanteler plusieurs réseaux terroristes dont quatre tentatives d'assassinats terroristes dans plusieurs endroits à la fois. Nous avons, en outre, fait avorter des tentatives de fuites de nos jeunes vers la Syrie ainsi que de nos jeunes filles qui reviennent enceintes au nom de ce qu'ils appellent «Jihad Nikah». Quant au document qui cause la polémique et portant sur le meurtre de Mohamed Brahmi, Lotfi Ben Jeddou a précisé qu'il devait d'abord être remis à la Direction de la Sûreté extérieure. Il a démenti l'existence d'une aile parallèle mais avoue bel et bien l'existence de personnes qui travaillent pour l'intérêt de tel ou tel parti. «Nous sommes là depuis six mois et nous assainissons le ministère petit à petit.» Le ministère de la Justice «comparaît» devant les élus L'affaire Zied El Héni était au centre des questions posées par les élus au ministre de la Justice. La fuite des documents au sein du ministère de la Justice a soulevé plusieurs questions. A son tour, l'élue Samira Abbou a déclaré qu'au lieu de sanctionner le juge d'instruction qui était derrière l'arrestation du journaliste Zied El Héni, le ministère de la Justice a promu ce dernier pour un poste meilleur. Elle achève sa déclaration en annonçant : «Il faudra le dire : une guerre sans merci se déroule depuis des mois pour les sièges politiques des deux côtés : et la Droite et la Gauche. Le pouvoir en place ne cherche qu'à s'accaparer des institutions publiques, des mosquées et de garder le pouvoir. Le fossé s'est creusé entre la classe politique et les citoyens. Nous faisons face maintenant à une grave crise de gouvernance : l'élite et le pouvoir en place sont incompétents. Cette course vers le pouvoir mènera le pays vers un fossé.» Le ministre de la Justice dément être « un subalterne » ou qu'il travaille sous les ordres de Noureddine Bhiri.