Vient de paraître un nouveau livre du Dr Ahmed Touili, intitulé « Célébrités féminines de Kairouan et monuments civilisationnels ». L'auteur s'intéresse encore une fois à l'histoire et au patrimoine de la Tunisie, comme il l'a fait tant de fois dans de nombreux ouvrages antérieurs. Dans un style passionnant, l'auteur fait un choix diversifié et fort intéressant des sommités féminines qui étaient à l'origine de la prospérité littéraire, culturelle et sociale à Kairouan, ville sainte du Maghreb arabe, qui a connu plusieurs civilisations à travers lesquelles se sont succédé plusieurs dynasties arabo-musulmanes. L'histoire de Kairouan a connu des civilisations humaines très développées à travers les âges, particulièrement à l'époque des Aghlabides et celle des Fatimides et des Sanhagites : la ville s'est distinguée par une expansion rayonnante à travers des siècles dans le domaine littéraire, scientifique et religieux, d'où l'apparition de plusieurs lettrés, savants et érudits, dont des femmes. A ces époques, les connaissances ont beaucoup avancé grâce à une liberté intellectuelle et un esprit critique, en dépit de l'existence de plusieurs doctrines, de sectes, d'idéologies et de philosophies différentes (Mo'tazala, kadariya, jabriya, khawarej, chiïtes, Sunnites…) qui ont marqué leur époque par leurs productions littéraires, religieuses et historiques très variées. Chaque époque s'est distinguée, depuis l'invasion de l'Islam à Kairouan, par la coexistence pacifique et prospère avec les habitants berbères, si bien qu'une culture nouvelle s'est établie, basée sur de nouvelles bases morales et de nouveaux principes de vie. A l'époque aghlabide, l'âge d'or de la Sunna à Kairouan, les mosquées ont été construites, l'enseignement religieux s'est développé et les écrits ont foisonné. A l'époque sanhagite, ce fut plutôt la littérature et la culture qui se propagèrent grâce aux livres d'Al Hussari, Ibn Rachiq, Ibn Charaf et Al Nahchali. A l'époque fatimide, s'est installée une grande polémique entre les différentes sectes de l'Islam autour des savoirs des cultures et des arts de l'époque : théologie, médecine, philosophie… la femme kairouanaise s'est imprégnée par la variété des savoirs et la grande prospérité de la vie culturelle, d'où l'apparition d'éminentes femmes créatrices dans le domaine littéraire, politique et économique, qui sont parvenues à influer sur la vie sociale en instituant par exemple le fameux « Contrat de mariage kairouanais » qui imposa de nouveaux comportements conjugaux en abolissant d'anciennes pratiques injustifiées, comme la répudiation pure et simple de l'épouse, dans le but de préserver la vie du couple et de la famille. Ce livre rend donc hommage à une pléiade de femmes kairouanaises célèbres qui avaient joué un rôle primordial dans la civilisation arabo-musulmane en Tunisie et qui avaient été d'un grand apport pour leur société, dans les domaines politique, scientifique, littéraire et culturel. Parmi ces femmes citées dans ce livre : Arwa Al Kairouaniya, épouse de Abu Jaâfar Al Mansour et mère d'Al Mehdi Bellah ; Fatima Al Fehria, fondatrice de l'Université des kairouanais à Fès, ainsi que sa sœur Fatima qui fonda l'Université andalouse à Fès. Comme autres femmes célèbres, on retrouve Asma Bent Assad Al Fourat et Khédija Bent Imam Sahnoun. L'auteur nous présente un aperçu biographique de chacune de ces femmes. Nous pouvons aussi découvrir d'autres éminences féminines et monuments historiques, politiques et littéraires qui ont marqué la vie sociale à Kairouan sous le règne des Aghlabides, des Sanhagites et des Fatimides.