Ministre, député, médecin, pilote, avocate, institutrice,....la femme tunisienne est aujourd'hui présente dans toutes les activités professionnelles. Les femmes, qui représentent en Tunisie plus du quart de la population active, ont un niveau d'instruction supérieur à celui des hommes dans la mesure où elles occupent le taux le plus fort d'inscription à l'université (54%). D'après une étude intitulée "genre social et initiative privée", réalisée par le Centre de Recherche, d'Etudes, de Documentation et d'Information sur les femmes (CREDIF), l'âge, l'état matrimonial, le milieu de vie, le niveau d'instruction constituent les principaux facteurs qui influent, dans la majorité des cas, sur l'avenir professionnel des femmes. Selon l'étude, le taux des femmes tunisiennes exerçant dans la fonction publique dépasse les 20 % alors que dans le secteur privé, les femmes forment 44,5 % des effectifs contre 40,5 % pour les hommes et sont massivement présentes dans les services, la santé et l'enseignement, pour une présence réduite dans le bâtiment. En effet, les femmes représentent à présent plus de 15 % des cadres supérieurs, 21% des fonctionnaires, 24 % des magistrats, 23% des avocats, 24 % des journalistes, 35 % des médecins, plus de 50 % des enseignants, 57 % des chirurgiens-dentistes et 63 % des pharmaciens. « La réalisation de leur autonomie financière s'avère être la principale motivation des femmes pour travailler, mais en dépit de leur "grand dynamisme", leurs chiffres d'affaires restent inférieurs à ceux des hommes », conclu l'étude. Selon l'étude, les femmes tunisiennes se forment plus longtemps et arrivent à l'emploi à un âge tardif par rapport aux hommes, enregistrant un taux de célibat important chez les jeunes dans un pays arabo-musulman où le mariage est généralement perçu comme un accomplissement social et religieux.
Le milieu urbain l'emporte Malgré l'évolution du taux de l'employabilité féminine, les opportunités d'accès de la femme à l'emploi sont sensiblement plus élevées en milieu urbain qu'en milieu rural, puisque plus des 2/3 des femmes actives travaillent en milieu urbain. En effet, et contrairement au milieu rural où prédominent les activités agricoles et artisanales, le milieu urbain se caractérise par un tissu d'activités économiques plus diversifiées (industrie, commerce, services) en plus de la prolifération de petites unités de production de commerce et de service dans le secteur non structuré. La plus forte concentration de l'emploi féminin se retrouve au sein des groupes d'âge les plus jeunes: - 16,0 % pour les 15-19 ans. - 21,0 % pour les 20-24 ans. - 18,3 % pour les 25-29 ans.
Des difficultés surgissent encore En dépit de l'expansion de l'activité féminine et l'augmentation du travail féminin des entreprises, des études récentes mentionnent les faits suivants : -La population à la recherche d'emploi est de plus en plus féminine. -La proportion des femmes s'accroît lorsque la durée du chômage s'allonge (une jeune femme, demandeuse d'emploi, sur deux est en situation de chômage de longue durée contre 41,2 % pour les jeunes chômeurs. -Le chômage touche de plus en plus les femmes les plus éduquées (plus de 56 % des femmes de niveau d'instruction secondaire ou supérieur sont en situation de chômage de longue durée contre 46,9 % pour les hommes). -Le chômage est essentiellement et de plus en plus le fait des jeunes (femmes âgées de moins de 25 ans). -Le chômage de longue durée est prépondérant dans la population des chômeuses de 25 à 49 ans (51,7 % contre 31,6 % pour la population de la même tranche d'âge des hommes). Ainsi, pour faciliter l'intégration des femmes sur le marché du travail et l'accomplissement de leur double rôle de travailleuses et de mères de famille, il serait souhaitable, d'après certains experts au ministère de la Femme, de la famille et des personnes âgées, de donner les mêmes droits aux travailleuses du secteur privé et du secteur public. D'autant plus, ils estiment que la réalisation d'une plus grande participation des femmes dans la vie économique devrait être également accompagnée par une meilleure prise en compte de la dimension familiale dans la politique de l'emploi. Pour cela, ils recommandent de renforcer les infrastructures sociales afin d'aider les femmes à s'acquitter des responsabilités familiales et favoriser l'intégration au monde du travail des charges familiales de la femme dans certains secteurs comme la recherche scientifique (garderies et cantines sur les lieux de travail). Rappelons qu'à partir du 1er septembre 2007, le nouveau régime spécial de travail à mi-temps au profit des mères est entré en vigueur. D'ores et déjà, 1504 dossiers ont été présentés pour bénéficier de ce régime, à savoir le travail à mi-temps moyennant perception des deux tiers du salaire. Seulement 1040 dossiers répondant aux critères ont été agréés, soit 84,5% des demandes. Ce nombre varie selon les secteurs : 596 du secteur administratif, 411 demandes de l'enseignement supérieur et 33 du secteur paramédical.