L'accusée dans cette affaire est une femme de ménage qui s'est trouvée mêlée à un vol de bijoux appartenant à sa patronne. Un couple aisé, habitant dans un quartier huppé, avait besoin d'une aide ménagère. Après avoir cherché à droite et à gauche, il a pu dénicher grâce à un intermédiaire une jeune fille originaire d'une localité de l'intérieur du pays. A cette époque, elle n'avait que seize ans, quand le couple l'a prise en charge. Logée et nourrie, elle s'est rapidement habituée à son nouvel entourage devenant pratiquement la maîtresse de la maison. Le couple avait, en effet, confiance en elle à telle enseigne qu'on lui a confié le budget de la famille. Rapidement elle s'est intégrée dans le milieu citadin. Bien évidemment, et avec le temps, la nouvelle citadine a commencé à dégager une féminité et un charme foudroyant, attirant les regards admirateurs. Le premier à s'en rendre compte était l'époux qui ne ratait aucune occasion pour lui exprimer son admiration. Petit à petit, il a réussi à se rapprocher de son employée qui, ignorant les intentions de son patron, s'est investie corps et âme jusqu'à ce que l'irréparable se produise, en devenant sa maîtresse. Dés lors, elle est devenue plus exigeante au point de se comparer à son épouse. Elle n'hésitait pas à profiter de son absence pour porter ses robes et mettre ses bijoux. Le mari fermait les yeux sur ces dépassements car il ne pouvait rien faire, d'autre, de peur d'être dénoncé par la jeune fille. Cette attitude a encouragé la femme de ménage à continuer sur sa lancée pour s'approprier quelques bijoux. Une bague par ci, un collier par là, et de temps en temps une montre ou un bracelet, la jeune fille a ramassé durant les quatre dernières années l'équivalent de vingt mille dinars. Sa patronne ne pouvait en effet se rendre compte de la disparition de ses bijoux étant la propriétaire d'un véritable trésor. Il a fallu, cependant, que l'aide ménagère mette la main sur une montre d'une valeur de dix-sept mille dinars pour que le pot aux roses soit découvert. Du coup, tous les soupçons se sont portés sur la jeune fille. L'épouse a porté plainte contre elle. C'est ainsi qu'une enquête a été ouverte et la femme de ménage arrêtée. Interrogée, elle n'a pas nié les faits. Bien au contraire, elle a avoué déclarant qu'elle n'a jamais volé les bijoux, mais que c'était l'époux de sa patronne qui les lui a offerts. Elle a dû expliquer par ailleurs aux agents de police la nature intime de ses relations avec son patron qui de temps en temps lui offrait un bijou. Elle ignorait également que ces cadeaux appartenaient à sa femme. L'enquête close, la suspecte a été traduite devant la deuxième chambre du Tribunal de première instance de Tunis. Lors de son interrogatoire par la Cour, l'accusée a réitéré ses déclarations faites devant les policiers, rejetant l'accusation de vol invoquée par sa patronne. Après les délibérations, le tribunal a condamné la femme de ménage à deux ans de prison.