Les écoles de base verront lundi prochain le démarrage des épreuves orales des examens où parents et élèves vivront sous la pression d'une fin d'année pleine de labeur, mais aussi marquée par des grèves de la part des enseignants. Pourtant un espoir faisait penser que le ministère de l'Education nationale allait faire un geste et réagir positivement à la décision d'observer une grève administrative, avant le démarrage des examens afin que les tensions s'estompent. Rien n'est fait. Mastouri Gammoudi, secrétaire général du syndicat général du Syndicat général de l'école de base relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), a affirmé au Temps que le syndicat n'a pas été invité à une réunion officielle de dialogue. Des interventions de part et d'autre ont eu lieu, mais rien d'officiel n'a été fait. « Lundi démarreront les épreuves orales. Les instituteurs vont les organiser, conserver les notes dans des carnets leur appartenant, sans les transcrire dans les registres d'appel ni dans les feuilles de notes », conformément à ce qui a été convenu lors de la réunion de la Commission administrative du 22 mai courant. Lors de cette réunion présidée par Hfaiedh Hfaiedh, secrétaire général adjoint chargé de la Fonction publique en présence de Samir Cheffi secrétaire général adjoint chargé de la Jeunesse, la Femme et les associations, il a été décidé d'annoncer la grève administrative. Pour les épreuves écrites, l'instituteur les organise comme prévu dans les délais impartis. Les copies seront corrigées. Il mettra au courant les élèves des notes obtenues, lors des journées consacrées à la correction. Toutefois, il conservera les copies et ne les transmettra pas à l'administration. De même, il n'inscrira pas les notes, ni dans les registres d'appel, ni dans les carnets d'évaluation. Les conseils de classe seront boycottés. De leurs côtés les directeurs d'écoles, leurs adjoints et les assistants pédagogiques ainsi que les chargés du travail administratif sont appelés à participer à la grève administrative en s'abstenant de traiter avec les commissariats régionaux de l'Education dans tout ce qui se rapporte aux examens. Des rassemblements de protestation sont prévus les 16 et 17 juin devant ces commissariats. C'est la première fois dans l'histoire de l'action syndicale de l'enseignement de base qu'une grève administrative est décidée. Ceux qui ont pris cette décision, savent pertinemment la portée et ce qui en découle. Mastouri Gammoudi ne cesse de répéter que les instituteurs, contrairement à d'autres corps de métier n'ont pas bénéficié de leurs droits. Certains secteurs ont pu réaliser des acquis substantiels consécutifs à des grèves sauvages, tandis que les instituteurs ont préféré patienter. Ils n'ont pas bougé depuis la Révolution. Ils n'ont pas considéré la Révolution comme un butin dont ils peuvent profiter. Ils ont pris en considération la période difficile que traversait le pays. Ils considèrent qu'aujourd'hui, la coupe est pleine. Contrairement à certaines rumeurs, Mastouri Gammoudi rappelle qu'ils n'ont pas seulement des revendications pécuniaires. Ils tiennent à leurs revendications immatérielles comme la révision de l'article 35 de la loi d'orientation de l'enseignement, pour que l'école devienne une institution publique à caractère administratif, chose qui lui permettra de bénéficier de davantage de moyens matériels qui lui permettront de faire face aux dépenses nécessaires à un fonctionnement adéquat. Les instituteurs sont contre l'emploi précaire. Ils demandent l'application des différents points des accords conclus et signés dont la prime de pénibilité, celle de l'exercice dans les régions rurales, l'unification du corps enseignant, les heures exercées par le premier maître d'application... Le ministère de l'Education réagira-t-il à la dernière minute, pour éviter aux élèves une année blanche ?