Le Club Tahar Haddad abrite depuis le 23 mai dernier, une exposition personnelle de l'artiste peintre Amel Zaiem qui a pour titre « Mouvement... Inertie ». Le titre annonce le contenu de l'exposition dont les travaux portent sur la notion du mouvement, opposée à celle de l'inertie, de la dynamique opposée à la statique. D'ailleurs, tout l'univers oscille entre ces deux situations contradictoires : en effet, tout bouge autour de nous et nous ressentons cette sensation dynamique dans toutes les choses, toutes les situations, tous les états d'âme , chez tous les individus, dans toutes les sociétés. Pour peu que le mécanisme du mouvement s'arrête, nous tombons dans un état d'inertie, un état où tout stagne, s'immobilise et c'est ainsi qu'on est atteint de langueur, de routine, de léthargie et d'ennui. Une vingtaine d'oeuvres constituent cette exposition et forment une infinité de traits, de signes et de symboles illustrant la notion de mouvement qui révèle une créativité spontanée et puissante : le jeu des lignes et des formes, le mélange chromatique, l'alignement vertical ou horizontal, l'espacement, la quantité de la matière, le désordre et l'anarchie des signes et enfin la lumière qui se dégage parfois d'entre les lignes, tout ce qu'il faut pour décrire une société en effervescence, la nôtre, où les transformations ne cessent de se produire depuis la Révolution. C'est tout un pays, tout un peuple en agitation et en pleine mutation. Les couleurs sont très variées, quoique le rouge demeure la couleur dominante et pour cause : le rouge exprime le mouvement par excellence, il donne l'idée de l'activité, de la vivacité et du dynamisme. Or, la couleur noire qui sert de toile de fond à tous les tableaux représente l'inertie, la stagnation, par contraste au mouvement des signes et des formes reproduits sur les différents tableaux. A première vue, tous les travaux se ressemblent, mais en prêtant plus d'attention, on peut distinguer que les lignes se côtoient, se croisent et s'embrassent, se nouent et se dénouent. Parfois, elles se réunissent pour former un tout irrégulier, chaotique qu'on peut assimiler à une foule en mouvement, en ébullition et qui ne tarde pas de s'exploser. C'est la nature même des sociétés humaines guidées par le mouvement perpétuel et spontané. Le thème choisi par l'artiste est pleinement d'actualité : ces mouvements portés sur la toile ne sont autres que la volonté du changement, le désir de se libérer de l'état statique de notre situation qui n'a que trop duré. Les tâches blanches qu'on rencontre sur les toiles sont la preuve qu'il y a dans l'horizon une lueur d'espoir pour que ce peuple s'affranchisse un jour des contraintes de cette situation marquée d'immobilisme à tous les niveaux. Ainsi, le mouvement et la lumière se traduisent respectivement par l'envie d'avancer et par la recherche du meilleur. En effet, le mouvement représente les ambitions, les transformations, l'évolution des mentalités, de la technologie, le développement de notre pays, toutes ces composantes qui font bouger le monde à grande vitesse, où l'inertie, synonyme de paresse, d'ignorance et d'oisiveté n'ont pas de place dans la Tunisie post- révolution. Bref, l'artiste jette, avec beaucoup de pertinence et de talent, des regards croisés sur une réalité actuelle et sur un peuple qui s'achemine vers un dénouement heureux, malgré les contretemps qui l'empêchent parfois d'avancer et de mouvoir vers l'avant.