"Je suis calme de nature et je le dois à mon papa. Je peux entrer au Maracanã quand la tension est à son comble et faire la différence. Je suis sûr que je vais continuer à grandir et progresser grâce à cette sérénité et encore marquer des buts aussi importants". Quelques minutes après avoir été le plus jeune buteur de la Belgique en Coupe du Monde de la FIFA contre la Russie (1-0), Divock Origi revient sur le but de sa vie avec une sérénité déconcertante. Les coéquipiers d'Aleksei Kozloz jouaient pourtant le "match de leur vie". En sortant du terrain, les Russes ont le regard dans le vide, rasant les murs pour éviter les projecteurs et les stylos de la presse, comme s'ils avaient vu le(s) Diable(s). Fatiguer et porter l'estocade Marouane Fellaini et Dries Mertens avaient été les bottes secrètes de Marc Wilmots contre l'Algérie, marquant peu après leur entrée dans l'arène. Le buteur de 19 ans a complété le trio des super subs belges ce 22 juin. Le Lillois aurait pourtant dû suivre la Coupe du Monde devant sa télévision, bénéficiant du forfait de Christian Benteke au dernier moment. Ce succès au mythique Maracanã, les Belges le doivent au cocktail déjà servi à l'Algérie : un mélange de talents au service du collectif, un gros impact physique pour user leur adversaire et le faire plier sur la fin. Des ingrédients mis en sauce par le fin gourmet Wilmots. Origi a le sourire large en évoquant la tactique proposée par son entraîneur. "Nous avons montré une grande force collective et mentale dans un match difficile. Mais surtout, nous avons vu à quel point nous étions dans de bonnes mains." "Ils étaient obligés de prendre des risques à la fin. Il s'agissait avant tout de garder notre organisation en nous montrant solides derrière", détaille Daniel Van Buyten. "La frustration des joueurs qui ne débutent pas est palpable mais dans un tel tournoi le banc est l'une des clés du succès", complète Big Dan, le doyen de l'effectif belge, avec ses 36 ans. Le scénario de l'acte II à Brésil 2014 ressemble à celui du premier. Les Diables Rouges ont à nouveau livré un combat à armes égales, jusqu'à l'estocade finale. Kevin de Bruyne assume la stratégie : "Nous avons attendu patiemment que les Russes perdent peu à peu leurs ressources physiques avant d'accélérer pour faire la différence." Inspirer la peur Après la victoire inaugurale contre les Fennecs, les Belges pouvaient entamer les débats en confiance. Van Buyten n'aurait pourtant pas mal dormi avec le point du nul : "Un 0:0 nous aurait convenu mais on espérait pouvoir faire mal avec notre fraîcheur physique à la fin. Nous avions confiance en nos attaquants et nous avons eu raison." Eden Hazard, l'homme de la passe décisive et maître à jouer de l'équipe, se veut tout de même perfectionniste. "Notre gestion du ballon en possession était hésitante", estime-t-il. "Nous pouvons faire beaucoup mieux encore en travaillant cet aspect. A chaque fois, nous inspirons un peu plus la peur et nous voulons continuer". C'est bien là la fonction principale d'un Diable, en effet.