Le transfert record d'Angel Di Maria mardi n'a pas masqué longtemps la déprime de Manchester United, l'élimination honteuse en Coupe de la Ligue réduisant même ensuite singulièrement la latitude d'un entraîneur Louis van Gaal déjà empêtré dans ses certitudes. "Il y a eu beaucoup de jours sombres avec Moyes mais à l'évidence aucun autant que celui-ci", écrit ainsi The Times au lendemain de l'humiliation contre MK Dons, club de 3e division qui s'est imposé 4-0. Un séisme de même ampleur de celui de 1995 contre York et qui fait suite à un début de saison raté avec une défaite à Old Trafford contre Swansea (2-1) et un nul à Sunderland (1-1). Difficile dans ces conditions d'imaginer que la simple venue du l'ex-magicien fluet du Real Madrid va transformer la citrouille United en carrosse. Outre les 75 millions d'euros versés pour Di Maria, les "Red Devils", qui connaissent décidément un après-Ferguson agité après avoir licencié son remplaçant au printemps, ont pourtant mis le paquet cet été avec 165 millions d'euros dépensés en transferts., Mais après les départ de Vidic, Ferdinand ou Evra, les Mancuniens se retrouvent avec un groupe hétérogène et surtout un bloc défensif sans aucun talent confirmé. 'Ca peut arriver Et si son 11 de départ mardi faisait la part belle à des gamins puisque ses recrues défensives Shaw-Herrera-Rojo ne sont pas opérationnelles, il y avait aussi six internationaux. Mais que peut-on demander à des Welbeck, Hernandez ou Kagawa que l'on cherche ouvertement à transférer? "Je ne suis pas choqué, ça peut arriver", a temporisé Van Gaal, en mode "rock-star" et bizarrement occupé à signer des autographes. "C'est difficile de continuer à croire dans le projet de Louis van Gaal mais il faut le faire car c'est moi qui suis ici pour reconstruire l'équipe. Cela demande du temps, cela ne se fait pas en un mois. On sait ce que l'on fait", a ajouté le Néerlandais. L'étau a pourtant commencé à se resserrer autour du cou du prétendu sauveur. "Van Gaal est déjà en grandes difficultés et il en porte une grande responsabilité", écrit The Sun. Si "LVG" avait voulu saboter une équipe qui manque de tout, il ne s'y serait pas pris autrement avec cette composition d'équipe. A moins que le stratège n'ait agi ainsi pour accélérer la rupture et forcer ses dirigeants à lui ouvrir de nouvelles lignes de crédit. "La saison a commencé il y a seulement trois semaines et United connaît déjà les affres de la crise avec l'expérience de la défense à trois du technicien néerlandais qui ressemble à un coup de folie", poursuit The Times. 'Un beau bazar' Son 3-5-2 ne passe en effet pas et surtout il ne semble pas adapté à son groupe actuel. Pour laisser jouer Di Maria et Mata ensemble, il pourrait d'ailleurs muter en 4-3-3. Mais le cassant Néerlandais, qui cherche souvent à imposer sa vision, peut s'obstiner. "Si United ressemble ce matin à un beau bazar, c'est justement parce qu'il y a un sacré foutoir après trois entraîneurs en trois ans, estime lui The Independent. Mais United paie aussi l'héritage insuffisant de Ferguson dont le système de recrutement, prévu pour donner cinq ans d'avance, est tout simplement inexistant." Pour sauver les meubles, Van Gaal doit donc muscler encore son assise. Vidal semblant intouchable à la Juventus, les efforts de l'ancien sélectionneur oranje pourraient se reporter sur Daley Blind, le défenseur-milieu de l'Ajax. Dans ce contexte morose, la "déclaration d'amour" de Di Maria à la presse espagnole n'est pas non plus un signal très positif. "Malheureusement, j'ai dû partir du Real mais je tiens à assurer que cela n'a jamais été mon souhait même si le Real m'attribue la prise d'initiative", écrit ainsi le néo-Mancunien. Si mêmes les recrues d'United arrivent à reculons, la saison pourrait être particulièrement longue.