L'intensité des frappes aériennes, en Irak et en Syrie, contre l'Etat islamique révèle une volonté sincère des puissances mondiales pour éradiquer définitivement la montée alarmante du terrorisme. Ce fléau qui a connu une nette évolution depuis le printemps arabe s'est fortement renforcé profitant ainsi de la gabegie qui a régné dans les pays concernés par cette révolution. Cette situation a été favorisée par la faiblesse des pouvoirs publics en Irak et en Syrie. Après avoir longtemps sévi sans aucune intervention économique, militaire et diplomatique sérieuse de la part de l'ONU et des grandes puissances, les djihadistes ont pris beaucoup de poids et ont gagné beaucoup de terrain. Le monde n'est-il pas entrain de payer ce laisser-aller ? Le retard de la réaction militaire contre l'Etat islamique devrait tourner autour d'une stratégie globale comprenant une intensité des frappes aériennes, un renforcement des attaques terrestres et surtout un verrouillage efficace pour ne pas permettre aux djihadistes de se replier vers d'autres pays. L'image des terroristes fuyant le Mali, après l'intervention de l'armée française, pour se cacher en Libye et entretenir même des actions terroristes en Algérie, est toujours présente. Aujourd'hui il ne s'agit pas de commettre l'erreur en déplaçant géographiquement un conflit meurtrier de l'Irak et de la Syrie à d'autres pays maghrébins. Justement, ces pays maghrébins dont chacun connaît des problèmes intenses retardant un développement harmonieux de leurs structures sociales, économiques et politiques. D'abord l'Algérie qui ne s'est pas débarrassée totalement des séquelles d'une décennie d'enfer où l'intégrisme religieux ultra a faillit décimer la société algérienne et a mis à genoux une économie normalement supposée riche. Ensuite la Tunisie qui est entrain d'instaurer les prémices d'une démocratie et qui se prépare actuellement à un moment crucial de son histoire moderne : les futures législatives et présidentielles qui auront lieu incessamment. Enfin la Libye où l'Etat n'existe plus. Ce pays qui devenu le refuge des terroristes de tout bord et le fief des plus grands trafics d'armes de la région constitue une menace sérieuse pour l'équilibre géopolitique du Maghreb. Mais il n'y pas que cela. Il y a aussi le Maroc qui bien que épargné aujourd'hui d'actions terroristes d'envergure, doit faire face à un éventuel retour de nombreux jeunes marocains qui sont partis pour le jihad en Irak et en Syrie. Sans oublier les immenses possibilités de transit et de déplacement qu'offre la Mauritanie qui a des frontières communes avec plusieurs pays. Face à ce défi et pour faire face au terrorisme qui sonne à nos portes, une alliance des pays maghrébins n'est-elle pas nécessaire ? Cette alliance doit trouver sa force dans un programme exclusif et indivisible regroupant les meilleurs moyens de lutte contre cet ogre. Il doit commencer par la mise en place d'une force d'intervention composée des éléments d'élite provenant de chacun de ses pays avec une direction unique comme cela est le cas sous d'autres cieux. Le NATO n'en n'est-il pas le meilleur exemple ? Cette force doit trouver son essence dans une communication fiable avec un échange de meilleures informations sur les groupuscules terroristes de la région. Pour être menée à bien, une telle opération nécessite sans doute des apports financiers et des moyens logistiques. C'est là où devrait intervenir la diplomatie en convainquant les pays riches notamment les pays du Golf à fournir le financement nécessaire. C'est aussi la mission des autres puissances mondiales de déployer tout les moyens logistiques indispensables à ce programme de lutte armée sans répits contre les sanguinaires. En annonçant dans un récent discours que la lutte contre l'EI prendra de deux à trois ans, Obama président de la première puissance mondiale confirme la nécessité d'unifier tous les efforts. Mais ne faudrait-il pas agir plus rapidement et certainement plus efficacement pour réduire à néant ce fléau. D'autant plus une longue guerre contre ces terroristes risquerait de produire des conséquences néfastes économiquement socialement et politiquement, non seulement sur le Moyen-Orient mais aussi sur le Maghreb. Le succès de cette alliance maghrébine de lutte contre le terrorisme pourrait-il voire le jour sans une entente des dirigeants maghrébins qui devraient faire fi de leurs divergences idéologiques et politiques ?