La société civile féminine compte sur le prochain gouvernement pour accorder à la femme tunisienne une place plus importante dans les prochains portefeuilles ministériels Après les élections, place aux rapports préliminaires des observateurs nationaux et internationaux qui ont scruté à la loupe le déroulement de l'opération de la fourche à la fourchette, à l'intérieur et à l'extérieur des bureaux de vote. L'Association internationale « Gender Concerners » International en partenariat avec la LTDH (Ligue tunisienne des Droits de l'Homme), l'ATFD (l'Association Tunisienne des femmes Démocrates) et l'AFTURD (l'association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement), a présenté hier lors d'un point de presse les résultats de son rapport sur l'observation des élections de point de vue 100% féminin. Une initiative première du genre qui permet d'avoir une idée précise et réelle sur la présence de la femme tunisienne dans les élections législatives 2014 et ce à tous les niveaux et à toutes les étapes du processus électoral. 10% seulement de la couverture médiatique publique pour les femmes Le constat préliminaire est paradoxal et fait montre d'une forte présence de la femme dans les élections très mal répercutée par une présence féminine fortement modeste au sein dule prochain parlement. 110 observatrices ont pris part à cette initiative dont 100 femmes tunisiennes et 10 étrangères. Lesquelles ont été réparties sur les 24 gouvernorats du pays. Sabra Bano, présidente de Gender Concerns International s'est montrée désolée que la présence de la femme candidate et tête de liste dans les élections législatives est très modeste contrastant avec une présence féminine fort appréciable avec un pourcentage de 50,5% des électeurs inscrits à l'ISIE. Une présence précaire que la présidente de l'association internationale explique par la faible couverture médiatique consacrée aux femmes candidates aux législatives. « Un taux de couverture qui n'a pas dépassé les 10% dans les médias publics », affirme-t-elle. 12% de femmes têtes de liste En 2011, le taux des femmes têtes de listes a été de 7% contre 12% durant les législatives pour un ratio total de la participation de la femme aux législatives estimé à 47%. « Il reste encore un long travail à faire notamment au niveau de la parité requise sur les listes, une parité horizontale est souhaitée », fait savoir une représentante de l'Association internationale, qui a mis l'accent sur les problèmes rencontrés par les femmes rurales le jour des élections surtout pour les analphabètes qui méconnaissaient les symboles des listes électorales. « Il faut investir dans la femme rurale au cours des prochaines élections », ajoute-t-elle. Un constat navrant au vu des résultats préliminaires du scrutin, il n'y aura pas assez de femmes au sein du prochain parlement. La représentante de Gender Concerners International compte ainsi sur le prochain gouvernement pour compenser cette faiblesse et accorder à la femme la place qui lui sied dans les prochains portefeuilles ministériels. Par ailleurs, Habiba Zéhi Ben Romdhane de l'AFTURD qui a couvert l'observation dans 5 gouvernorats, a affirmé lors du point de presse : « Les partis politiques ont sous-estimé la force et le pouvoir de persuasion de la femme tant leurs discours que sur les listes électorales. Or la Tunisie c'est la femme ». Et d'ajouter : « le pourcentage des femmes électrices est très élevé notamment pour les femmes dont la tranche d'âge est supérieure à 50 ans ». Elle a toutefois laissé entendre que certaines femmes ont été orientées par leurs époux dans leurs décisions de vote. Le même constat a été relevé par la LTDH qui a remarqué de visu les pressions exercées sur certaines femmes dans certains quartiers populaires, question d'infléchir leurs choix de vote. Pour sa part, la représentante de l'ATFD s'est arrêté sur un certains nombre de points dont : la faible participation de la femme gendarme et agent de sécurité dans la sécurité des bureaux de vote : une participation estimée à 10% , la faible participation de la gent féminine jeune outre les défaillances au niveau de l'ISIE pour ce qui est des femmes illettrées, âgées et celles handicapées. La représentante de la LTDH a tenu à saluer la persévérance de Basma Belaïd et de Mbarka El Brahmi, tout en félicitant cette dernière pour sa victoire dans les législatives. « Nous voulons un Parlement qui respecte la parité et la légalité homme /femme. Il n'y a pas de démocratie de pluralisme politique sans les femmes» In fine le rapport préliminaire de l'observation des élections avec le focus genre a avancé quelques recommandations dont : une campagne de sensibilisation au profit des femmes rurales, davantage de parité, une représentation plus accrue de la femme dans l'ISIE et la HAICA, une plus grande couverture médiatique pour les femmes démocrates, mettre à la disposition de la société civile une base de données statistique Hommes/femmes par l'ISIE et renforcer la représentativité de la femme dans les conseils municipaux et dans les portefeuilles ministériels.