Dans le cadre du projet ILE « Initiatives Locales pour l'Environnement en Méditerranée » l'APARE (Association pour la Participation et l'Action régionale) et le CME (Centre Méditerranéen de l'Environnement) l'Association d'éducation relative à l'environnement de Hammamet (A.E.R.E).vient de participer à Marseille à la première université méditerranéenne de l'éco-citoyenneté organisée dans le cadre du projet ILE - Initiatives Locales pour l'Environnement. Cette université vise à renforcer les capacités des organisations de la société civile méditerranéenne et de leurs membres, en particulier les jeunes, dans le domaine du développement durable et de la démocratie locale, par une approche interculturelle et par la formation et l'action sur le terrain au côté des collectivités locales. Dr Salem Sahli secrétaire général de l'AERE a pu débattre, en présence de nombreux acteurs du bassin méditerranéen, de l'avenir de l'écocitoyenneté dans les pays riverains et de témoigner de l'expérience tunisienne .Comment la mobilisation des citoyens, en particulier des jeunes, peut permettre de renforcer l'efficacité des politiques de protection de l'environnement en Méditerranée ? Pourquoi et comment la coopération entre la société civile et les collectivités locales dans le domaine de la protection de l'environnement doit être améliorée tout autour du Bassin méditerranéen, et en particulier dans les pays du Sud ?Ces questions clés ont été débattues au cours de cette journée de conférences et d'échanges organisée à la Villa Méditerranée, à Marseille. Le projet ILE vise à renforcer les capacités des organisations de la société civile méditerranéenne et de leurs membres, en particulier les jeunes, dans le domaine du développement durable et de la démocratie locale, par une approche interculturelle et par la formation et l'action sur le terrain au côté des collectivités locales.Le projet ILE est porté par l'APARE, en 2014 et 2015, en collaboration avec 7 organisations partenaires en France-Corse, Italie, Grèce, Tunisie (3 territoires) et au Liban, et deux partenaires associés au Maroc et en Algérie.ILE est financé par l'Union européenne dans le cadre du Programme IEVP CT Bassin méditerranéen. Le Programme IEVP CT MED vise à renforcer la coopération entre l'Union Européenne et les pays partenaires des régions placées le long des rives de la Méditerranée. Impliquer les habitants Nous demeurons convaincus, nous explique Dr Salem Sahli que, pour réussir, tout projet de développement local doit nécessairement croiser un projet d'éducation à l'environnement. « C'est la condition sine qua non dit –il pour obtenir l'adhésion des citoyens au projet et par conséquent accroître ses chances de succès. Car, ce qui menace le plus un projet d'habitants dans lequel une administration est impliquée, c'est la substitution de cette dernière aux associations de quartier pour sa conduite. En Tunisie (mais ailleurs aussi), les exemples abondent de programmes nationaux fort coûteux ayant échoué ou n'ayant pas connu les résultats escomptés faute d'implication des habitants. Il en est ainsi du programme «Agendas 21 locaux » qui piétine, du programme "Ecolef" qui peut mieux faire, ou encore du programme national de sensibilisation, d'éducation et de culture environnementale quasi-inexistant ou connu des seuls experts.Il ne s'agit pas de critiquer forcément ces projets, ni de mal les juger simplement parce qu'ils ont été décidés par le haut. Nous pensons seulement qu'ils peuvent et doivent être l'occasion d'établir des espaces de négociation et de construire des rapports contractuels entre les pouvoirs publics et la population.L'adhésion des citoyens ne s'improvise pas. Elle est toujours le fruit d'un long et patient travail de sensibilisation et d'éducation entrepris, à chaud lors des célébrations d'événements nationaux ou internationaux, mais aussi et surtout à froid en dehors des campagnes officielles.Pour mener à bien ses actions éducatives, l'Association d'Education Relative à l'Environnement de Hammamet a choisi, dans le fourre-tout qu'on appelle environnement, de travailler selon trois axes prioritaires à savoir les projets d'école en étroite collaboration avec l'institution scolaire, les projets de quartier touchant un public plus large, et enfin les projets impliquant directement les enfants et les jeunes. Le dialogue et lepartenariat avec le citoyen, l'éducateur et le décideur constituent pour l'AERE les moyens privilégiés pour remplir sa mission éducative ». Agir localement, concrètement... et penser globalement La proximité favorise l'intérêt et les possibilités d'initiatives concrètes. L'AERE de Hammamet est une association locale très active. Elle enchaîne depuis sa création en 2001 les projets de qualité. A titre d'exemple, en l'espace de quelques mois, elle a organisé une exposition itinérante sur l'écosystème marin méditerranéen intitulée « Sauvons la Méditerranée », a initié la création du réseau associatif local de Hammamet, a pris une part active aux travaux du forum jeunesse 2014, a mobilisé des centaines de jeunes lors de la campagne « j'adopte un arbre », a organisé un campus euro-méditerranéen sur la réhabilitation de l'espace Yasmina à Hammamet suivi dans la foulée d'un chantier international de jeunes volontaires, a conduit une délégation à la première Université méditerranéenne de l'écocitoyenneté... et édité de nombreux supports didactiques sur le patrimoine de la ville de Hammamet. Le capital de sympathie dont elle jouit n'est aucunement le fruit du hasard. Et pour cause : ses actions, même les plus modestes d'entre elles, obéissent à une pédagogie de projet et visent à obtenir l'implication effective du citoyen, condition sine qua non pour leur réussite. « De plus, dans ses projets de proximité, nous avons réservé toujours une place importante aux actions de terrain qui se soldent par une réalisation concrète deproximité au profit des bénéficiaires et qui a un impact immédiat sur leur cadre de vie » précise Ridha Mankai Président de l'AERE « C'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents.» (G. Bernanos)Chantiers internationaux, campus euro-méditerranéens, manifestations de jeunesse.... Sont autant d'évènements qui permettent aux jeunes de cultures différentes de se rencontrer, de partager idées et expériences et de participer à un projet de développement local. Ces activités à l'adresse des jeunes favorisent l'exercice local de la citoyenneté et permettent aux jeunes volontaires débordant d'enthousiasme et d'énergie positive de s'impliquer davantage sur le terrain etd'apporter leur propre pierre à l'édifice que nous voulons tous construire : celui d'un monde plus juste, plus humain et plus agréable. Education à l'environnement, éducation sportive, éducation artistique, éducation à la santé, éducation scientifique, éducation civique, éducation religieuse.....doivent se croiser, se conjuguer pour que les élèves d'aujourd'hui deviennent des éco-citoyens demain. « Lorsqu'on invitera le professeur d'histoire, d'arabe, de mathématiques, d'économie... à faire de l'éducation à l'environnement, alors là on entrera vraiment dans la dimension environnementale globale. Les puristes disent systémiques. De l'école au quartier et du quartier à la ville, le but n'est pas de donner aux enfants et aux jeunes des connaissances théoriques, mais bien de les amener à appréhender autrement leur quartier et leur ville avec l'appui de ceux qui sont des repères dans la vie de quartier (écoles, associations, commerces, services municipaux...).N'est-ce pas là la meilleure façon de réveiller en eux une citoyenneté endormie et de mettre en place une gestion du cadre de vie plus performante ? »