Hier, à 9 heures du matin (c'est-à-dire à 3h, heure américaine), Cheikh Abdelfattah Mourou s'était confortablement installé dans l'avion qui devait l'emmener à Frankfurt correspondance à partir de laquelle il s'envolera vers Chicago. Il était invité à participer au Congrès de l'ANP organisé par des Américains d'origine palestinienne. On devine donc que le thème à débattre consistait dans la situation des territoires occupés et le durcissement devenu insoutenable de l'Etat sioniste, à l'égard des Palestiniens. Tout d'un coup, alors que l'avion s'apprêtait à décoller, un agent de la sécurité lui demanda gentiment de descendre. Mourou voulut comprendre si la décision venait des autorités tunisiennes. L'agent ses renseigna et l'informa que les autorités tunisiennes n'y ont rien à voir, et que la décision serait venue du côté américain, sans préciser si c'est Washington qui l'a prise. Nous avons contacté Cheikh Abdelfattah Mourou pour plus d'éclairages. Le Temps : « Savez-vous à l'heure qu'il est, qui est derrière cette décision ? » - Cheikh Mourou : « Les autorités sécuritaires tunisiennes m'ont informé qu'elle venait du côté américain, sans préciser si c'était Washington qui l'a prise. Je ne comprends toujours pas. Est-ce à cause de la participation au Congrès de l'ANP, à Chicago, organisé par des Américains d'origine palestinienne ? Mais là, ce n'aurait pas été la première fois que j'y participe. Et puis, selon mes informations, le Congrès se tiendra bel et bien et des participants de tous les horizons y prendront part. » N'avez-vous pas alors pensé un moment que cette décision serait prise contre l'Islamiste et le Nahdhaoui que vous êtes ? - Je ne pense pas que ce soit dirigé contre Ennahdha. Car tout Nahdhaoui que je suis, j'ai visité la Maison Blanche, me suis rendu au secrétariat d'Etat aux affaires étrangères, donné des conférences un peu partout sur le sol américain et même fait des prêches pour expliquer la quintessence de l'Islam politique tolérant. Jhon Kerry a lui-même salué les élections tunisiennes et loué notre transition démocratique, dont Ennahdha est partie prenante. Je ne comprends toujours pas... Que pensez-vous du communiqué*de l'Ambassade publié après l'incident - Je trouve qu'il est laconique. L'ambassade américaine affirme ne pas détenir d'informations. Point d'interrogation là aussi. Quand cela s'est produit, il était 3h du matin heure à Washington. C'est peut-être le décalage horaire (ironique). Sachez-néanmoins que juste la semaine dernière, l'ambassadeur des Etats-Unis avait reçu Cheikh Rached Ghannouchi, leader d'Ennahdha, pour ceux qui ne le savent pas... » Raouf KHALSI * Le communiqué de l'Ambassade dit ceci: « L'Ambassade américaine à Tunis n'a pas d'information concernant le refus d'embarquement de Monsieur Abdelfattah Mourou à l'aéroport Tunis-Carthage » ... Et c'est un stop à la ligne.