Général hiver fait langoureusement désirer cette année enfin depuis dimanche soir, s'est drôlement installé au Maghreb. Il pleut, il tempête et il neige depuis mercredi sur les hauteurs du Nord ouest du pays. Une vague de froid glacial s'est abattue sur toute la Tunisie et c'est parti pour la valse des manteaux, lainages, cache-cols et bonnets pour se protéger du froid ! Quant au chauffage, il fonctionne à plein régime partout, aussi bien à la maison qu'au travail. Mais tout le monde n'a pas cette chance ! Du nord au sud, les habitants des régions défavorisées grelottent et gèlent sous un froid tropical mais n'ont pas les ressources nécessaires pour s'en protéger. Habitant dans des logis vétustes et insalubres, plus proches des gourbis que des maisons, certaines familles y subsistent avec un revenu mensuel inférieur à 100 DT et ne peuvent se permettre de s'approvisionner régulièrement du pétrole de chauffage dont le litre coûte 1 DT. Quant au bois, ils se voient interdire d'en couper dans les forêts avoisinantes et la quantité qui est mise à leur disposition ne peut suffire à toutes ces familles. Face à cette situation alarmante, la société civile répond comme à chaque fois présente. Des actions de collecte sont initiées un peu partout par des associations et des bénévoles de tout âge n'hésitent pas à sillonner les villes pour offrir un peu de chaleur et de réconfort à leurs concitoyens désœuvrés. Mais est-ce vraiment la solution ? Aïn Draham, «patelin» de joyaux naturels et de la misère affligeante A Aïn Draham, ville du nord-ouest située dans le gouvernorat de Jendouba et plus précisément dans les patelins limitrophes de l'Algérie, les cas d'extrême précarité sont nombreux et alarmants. Et pourtant ! Cette région montagneuse que Dame Nature gracieusement dotée de denses forêts est des plus belles de Tunisie et offre de magnifiques paysages naturels surtout en hiver et au printemps. Son climat est es plus pluvieux du pays avec des précipitations annuelles pouvant atteindre voire parfois dépasser 1500 mm. En hiver, la température varie entre 5°C et 10°C. Mais ce qui distingue le plus cette localité, c'est le nombre hallucinant de patelins situés au milieu de nulle part et l'extrême précarité des citoyens qui y moisissent. Perchés souvent sur les hauteurs, ces villages se trouvent éloignés de tout et de tous. Pas de petits commerces, ni de dispensaires et encore moins de routes praticables, c'est tout juste s'il y a une école pour permettre aux enfants de lire et d'écrire. L'hiver, ces petits élèves, qui se tapent jusqu'à 5 à 7 km de route à pieds, sont à la merci des aléas climatiques. S'il pleut et que les ruisseaux débordent, impossible de se rendre à l'école. La nuit tombée, ils dorment collés les uns aux autres, dans l'unique pièce qui leur sert de logis précaire, pour ne pas mourir de froid. Des conditions difficiles, insoutenables qui ne semblent pas préoccuper outre mesure les différents gouvernements qui se sont succédé depuis plus de cinquante ans. Montée en puissance depuis la révolution, la société civile s'active chaque hiver pour venir en aide à ces citoyens dans le besoin. De Bizerte à Ben Guerdane, les associations, chacune selon ses moyens, distribuent manteaux, lainages, bottes, couvertures, bonnets, gants mais aussi denrées alimentaires et bidons de pétrole de chauffage. Les exemples sont tellement nombreux et remarquables, dont « Un sourire pour tous », « Afreecan », « Tunaide », « Un enfant, des sourires »,« Leo Club Sunshine Carthage », « Mashreq Echams », « Wallah, we can »... Des aides ponctuelles, une précarité constante Un bel exemple de générosité, d'entraide et, comme seuls les Tunisiens savent le faire mais est-ce suffisant ? Ces dons ponctuels répondent-ils vraiment aux besoins de nos compatriotes vivant dans une constante précarité ? « Non, mais c'est mieux que rien », selon Ines Rajhi, Vice-Présidente de l'association « Un enfant, des sourires ». Cette jeune femme engagée dans le volontariat depuis 2011 témoigne: « Chaque hiver, nous n'avons qu'une seule hantise: voler le plus tôt possible au secours des petits écoliers d'Aïn Draham que nous parrainons depuis quatre ans maintenant. Aujourd'hui que les températures ont considérablement baissé, nous pensons à eux, à leurs frêles corps sans manteaux et à leurs pieds nus foulant le sol enneigé. Loin d'être un mythe, les petits enfants qui n'ont pas de quoi se chausser est une cruelle évidence dans la Tunisie d'aujourd'hui. Il suffit d'aller sur place pour s'en assurer. Oui, nous ne pouvons pas aider tout le monde mais si chacun y mettait du sien, le miracle pourra avoir lieu. Mais c'est surtout aux autorités concernées de prendre les bonnes décisions et de trouver des solutions à long terme pour éradiquer la pauvreté une fois pour toute. » Rafet Derbel, Président fondateur de l'association « Un sourire pour tous » partage le même avis. Il déclare : « Les aides ponctuelles ne sont pas une solution vu l'étendue de la précarité en Tunisie. La vraie solution serait de créer des emplois de mettre en place une bonne infrastructure afin que ces familles puissent subvenir seules à leurs besoins, sans l'aide d'autrui.» Pour Amine Manaï, Président d'Afreecan, les aides ponctuelles ne font que taire un problème de fond. Il ajoute: « Quoique nécessaires, ces actions humanitaires sont insuffisantes. Elles étouffent surtout notre indifférence et rechargent notre insouciance pour les 11 ou 10 mois à venir. Si nous nous soucions pour ces gens, nous devons les accompagner vers « l'autosuffisance » et les sortir du cercle vicieux et accablant d'être assisté, en concevant et réalisant des projets communautaires durables leur permettant de travailler et de vivre dans la dignité. » Hajer Chakroun, bénévole depuis deux ans dans différentes associations, est, elle aussi, convaincue que ces aides ponctuelles ne sont pas la solution et déclare: « La société civile a bien donné durant ces 3 dernières années mais les dons affluent de moins en moins depuis quelques temps. Ce n'est pas par avarice que les Tunisiens n'adhérent plus massivement à ces actions caritatives mais c'est surtout parce que la situation économique est dure pour tous. Sans oublier que la méfiance des potentiels donateurs est aujourd'hui décuplée suite aux différentes affaires d'associations servant de vitrines à des partis politiques ou encore qui utiliseraient les dons pour financer le terrorisme et envoyer les jeunes au djihad. Les associations apolitiques et qui ne sont pas soutenues par l'Etat ont de maigres ressources et ne peuvent aider que ponctuellement et un nombre réduit de personnes dans le besoin. C'est pourquoi, il est urgent aujourd'hui que l'Etat prenne le relais et y mette du sien pour aider ces citoyens à s'en sortir et à échapper à la misère. » Aider, c'est bien. Trouver des solutions à long terme, c'est mieux! Voici le cri du cœur lancé à l'unisson par les acteurs de la société civile à l'Etat et aux autorités concernées qui accumulent depuis durant des années rapports, plans prévisionnels et feuilles de route mais qui s'entassent les uns sur les autres et auxquels les gouvernements ne prennent toujours pas les décisions appropriées pour garantir à ces citoyens une vie digne et respectable. A quand un vrai sursaut en faveur des régions défavorisées ? Selon la météo Ça durera jusqu'à demain Une descente d'air froid polaire sur la méditerranée occidentale et la Tunisie causera une forte baisse des températures sur toutes les régions du pays durant les journées de lundi, mardi et mercredi, annonce l'Institut national de météorologie (INM) dans un bulletin spécial publié hier. Les températures minimales varieront entre moins de 2 degrés et 3 degrés dans les régions ouest et entre 4 et 8 degrés sur le reste des régions. Les maximales seront comprises entre 08 et 12 degrés et aux alentours de 5 degrés sur les hauteurs avec chutes de neige sur les régions dont la hauteur dépasse 700 mètres. Des pluies isolées seront enregistrées sur la plupart des régions. Ces quantités seront localement importantes sur les régions nord et côtières est avec un vent fort de secteur nord dépassant temporairement les 80 km/h. Pour aujourd'hui, le temps sera froid avec pluies isolées sur la plupart des régions et chutes de neige sur les régions ouest. Vent de secteur Nord fort de 60 à 80 km/h près des côtes et modéré à assez fort de 25 à 45 km/h à l'intérieur du pays. Mer forte et températures en baisses. Les maximales seront comprises entre 09 et 13°C et voisines de 06°C sur les hauteurs.