L'ancien président, Moncef Marzouki, a publié un communiqué daté du 14 janvier 2015 dans lequel il annonce la mise en place de sa nouvelle initiative politique nommée ‘la Mouvance du Peuple Citoyen'. Après avoir indiqué que la Tunisie vivait une phase exceptionnelle où les dernières élections – législatives et présidentielles – ont marqué le ‘retour des figures de l'ancien régime', il a appelé toutes les forces présentes à la réunion, qu'il a lui-même tenue le jour de la célébration du quatrième anniversaire de la Révolution avec les différents partis et personnalités qui l'ont soutenu au second tour de la Présidentielle, à mener des réunions à l'échelle régionale et locale dans le but de réunir toutes les opinions sur la meilleure structuration de sa nouvelle initiative politique. Par ailleurs, il a rappelé que, dans toute démocratie qui se respecte, l'opposition doit être bien structurée pour marquer sa présence et accomplir son devoir comme il se doit. Dans ce sens, Marzouki a rappelé que le Printemps Arabe s'est déclenchée en Tunisie et que, malgré ‘le veto étranger à l'encontre de ce printemps en général et à l'expérience tunisienne en particulier, il était dans son devoir de protéger la Révolution et ses acquis. Marzouki a énuméré les priorités politiques, sociales, économiques et culturelles de sa ‘mouvance' qui aura pour objectif de rassembler tous ceux qui ne se sentent pas représentés par les institutions étatiques sans aucune chaîne idéologique ou autre. A la fin de son communiqué, il a annoncé que le premier congrès national du MPC se tiendra le 20 mars 2015 – date de l'indépendance nationale – à l'issu duquel la forme définitive du MPC sera annoncée. Retour sur une annonce «révolutionnaire» C'était le 23 décembre dernier que M. Marzouki avait parlé pour la première fois de la Mouvance du Peuple Citoyen. Il avait tenu un discours depuis la fenêtre du quartier général se sa campagne électorale. A l'époque, c'est-à-dire au lendemain de l'annonce des résultats officiels du second tour de la Présidentielle par l'ISIE, des débuts d'émeutes avaient éclaté un peu partout en Tunisie en signe de refus desdits résultats. Cette annonce ‘révolutionnaire' avait provoqué une vague de dénonciations puisque l'ambiance générale était assez tendue. De plus, quelques dirigeants d'Ennahdha, notamment Abdelfattah Mourou, s'étaient élevés contre ce qu'ils ont qualifié de « la tentative de confiscation des bases nahdhaouies de la part de Marzouki et ses alliés ». En effet, et après avoir nié à maintes reprises leur soutien officieux à la candidature de Marzouki, les dirigeants Nahdhaouis ont fini par l'avouer quand ce dernier a voulu lancer sa nouvelle initiative. Même Hamadi Jebali, qui était fraîchement démissionnaire d'Ennahdha à l'époque, avait publié un communiqué qui niait une quelconque implication de sa part dans cette décision. Même si Adnen Mansser avait répliqué à quelques-unes de ces déclarations, nous n'avons plus entendu parler de cette nouvelle initiative jusqu'à la réunion d'hier que Marzouki a privilégiée sur la cérémonie donnée au palais de Carthage puisqu'il n'a pas répondu présent à l'invitation qui lui a été adressée par la présidence de la République. Marzouki, le CPR et la MPC En accédant à la magistrature suprême en fin de l'année 2011 – grâce au vote des députés de la Troïka à l'Assemblée Nationale Constituante – Marzouki avait renoncé à la présidence du CPR. Quand il a été vaincu par Béji Caïd Essebsi aux élections de 2014, l'ex-président s'est retrouvé avec un parti très affaibli par l'expérience du pouvoir puisque le CPR n'a obtenu que quatre sièges à l'Assemblée des Représentants du Peuple. Et même les partis qui ont été créés par des ex-CPR n'ont pas eu plus de chance aux élections législatives ; comme le Courant Démocratique qui n'a eu que 3 sièges ou encore le mouvement Wafa qui n'en a obtenu eu aucun. Face à cette condition, Marzouki s'est retrouvé obligé de recycler un parti ayant tiré sa révérence. Tout homme politique et tout citoyen tunisien est en plein droit de créer les initiatives politiques qu'il estime nécessaires en ce pays, ce n'est pas le point que nous discutons. L'aspect dérangeant dans les manœuvres de Marzouki, c'est cette continuelle tendance à vouloir toujours diviser les Tunisiens. Qu'il lance un nouveau parti ou mouvement ou mouvance, peu importe les appellations, cela n'est en rien inquiétant, ce qui l'est réellement, c'est cette répétition des termes tels que retour de l'ancien régime, les machines corrompues, l'argent politique sale etc. qui ne peuvent qu'accentuer les tensions déjà présentes chez la société tunisienne postrévolutionnaire. Moncef Marzouki a répété plusieurs fois dans son communiqué que l'un des premiers objectifs de la MPC seront les élections municipales. Cette insistance poussera peut-être les forces démocratiques du pays à agir et à s'employer, elles aussi, à travailler pour cet autre grand rendez-vous de la Tunisie.