Le Temps-Agences - Le vice-président irakien Tareq Al-Hashemi est arrivé hier à Ankara, une visite destinée à tenter de convaincre la Turquie de ne pas intervenir militairement dans son pays contre les bases arrière de la rébellion kurde. Le sunnite Al-Hashemi devait rencontrer le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et d'autres responsables. Aujourd'hui même, le parlement turc devrait voter le feu vert à une opération de ce type. "Le vote de la motion au Parlement ne veut pas dire qu'une opération sera lancée immédiatement", a tenté de rassurer Erdogan hier. "La Turquie agirait avec bon sens et détermination, si nécessaire et au bon moment", a-t-il ajouté. Il a aussi appelé l'Irak et les Kurdes irakiens du nord autonome à s'en prendre aux séparatistes du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan. Les bruits de bottes côté turc inquiètent Washington, qui craint une déstabilisation du Kurdistan irakien, une des seules régions à peu près stable du pays. Une offensive d'Ankara chez son voisin irakien mettrait sans doute aussi à mal les relations entre la Turquie et l'Union européenne. Le traitement de la minorité kurde par Ankara est souvent dénoncé par Bruxelles, et de son côté la Turquie accuse certains pays d'Europe de tolérer les activités des sympathisants du PKK sur leur sol. Antonio Guterres, le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), a quant à lui fait part de sa "très profonde inquiétude", craignant de nouveaux déplacements massifs de population dans ce qui est la pire crise en la matière dans la région depuis les années 40. Déjà, quatre millions d'Irakiens ont été forcés de fuir. Et le Kurdistan irakien est "la zone la plus stable" du pays, où ont trouvé refuge des gens ayant fui le sud et l'ouest du pays. "Bien sûr, nous espérons que cette sécurité relative au Kurdistan ne sera pas affectée". La Turquie a effectué plusieurs incursions en Irak dans les années 90, y envoyant parfois jusqu'à 50.000 hommes, sans réussir à se débarrasser des bases arrière du PKK. Ces craintes d'intervention militaire turque ont également fait grimper les cours du pétrole, qui gagnaient 1,56 dollars à New York après avoir clôturé au chiffre record de 86,13 dollars le baril la veille.