Le Temps-Agences - L'armée américaine a commis semble-t-il hier sa troisième bavure en deux semaines en tuant des civils lors d'un raid aérien près de Samara, à 100 km au nord de Bagdad. Selon une porte-parole militaire, un hélicoptère Apache a attaqué cinq hommes soupçonnés de poser une bombe sur le bas-côté d'une route. Ceux-ci auraient alors fui vers une maison proche, que l'appareil a prise pour cible. Cinq "hommes en âge de porter les armes" et six civils ont été tués dans ce raid, a précisé le commandant Peggy Kageleiry, en assurant que les activistes présumés avaient "mis en danger des gens" en se réfugiant dans une habitation civile . "Nous adressons nos condoléances aux familles de ces victimes et nous regrettons ces pertes", a conclu l'officier, dont le compte rendu est contredit par des habitants et un officier de police du village de Djila, site de l'attaque. Selon ces derniers, l'hélicoptère de combat américain a pris pour cible trois fermiers qui venaient de quitter leurs foyers à l'aube pour aller irriguer leurs champs. Deux d'entre eux ont été tués sur le coup tandis le troisième s'est rué à l'abri chez lui où l'ont alors retrouvé d'autres villageois. La seconde attaque de l'appareil a détruit totalement la maison, tuant 14 personnes - cinq hommes, six femmes et trois enfants -, ont raconté à Reuters Abderrahman Iyadeh, un proche des victimes, et un officier de la police locale, le capitaine Abdallah Al Issaoui. La propension croissante des forces américaines à faire appel à l'aviation pour frapper les activistes, avec tous les risques de dommages collatéraux que cela implique, suscite l'inquiétude des autorités irakiennes et des Nations unies. Avant la "bavure" d'hier, l'armée américaine enquêtait sur un autre raid meurtrier censé viser Al Qaïda mais qui a tué neuf enfants et six femmes le 11 octobre à 80 km au nord-ouest de Bagdad. Le gouvernement irakien a en outre protesté contre un raid aéro-terrestre américain le week-end dernier dans le quartier populeux chiite de Sadr City, où l'US Army dit avoir tué une cinquantaine d'activistes armés. Selon la police, le bilan de cette action dans l'est de la capitale est en fait de 13 morts, tous civils, dont deux bébés.