Ramadan 2015, les spectateurs n'ont que l'embarras du choix pour ce qui est du feuilleton dramatique à suivre. Pour cette année, pas moins de cinq feuilletons qui se disputent le pic de l'audimat. « Awled Moufida » a raflé la première place à la tête de l'audience damant le pion à « Nssibti laaziza » sur Nessma TV et « Naouret lhawa » sur la chaîne de la télévision nationale. Selon le site Audimat.tn, le feuilleton Awled Moufida diffusé quotidiennement sur les chaînes Al Hiwar Attounisi et First TV, garde toujours sa première place en termes de taux d'audience avec 57.2%. "Awled Moufida" portant la griffe de Sami Fehri renoue une fois de plus avec quasiment les mêmes acteurs de son dernier feuilleton "Maktoub", tels que Yassine Ben Gamra, Ahmed Landolssi et Nidhal Saadi. On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on, sauf que là le sentiment de lassitude n'est pas loin. Yassine Ben Gamra à titre de rappel reste imperturbable et placide dans son profil de bad-boy gardant ainsi le même profil que dans "Maktoub", même si dans ce dernier il incarnait le rôle d'un gentle-man. La mention spéciale on ira, bien entendu, à Hichem Rostom qui incarne le rôle de l'homme d'affaires expatrié venu en Tunisie à la recherche de son fils qu'il a généré d'une relation extraconjugale avec Moufida. Très convaincant, l'artiste Hichem Rostom a joué de l'ambivalence entre d'une part, un personnage mondain et snob et d'autre part une personne cynique et effrontée vu son passé pas trop catholique en France. On relève, par ailleurs, ce choix de diviser la société tunisienne en deux classes divergentes celle des riches et celles des plus démunis avec une absence totale de la classe moyenne. Le réalisateur aurait tendance à montrer les vices et les travers d'une société tunisienne en mal d'être. La marginalisation d'une catégorie de jeunes et les difficultés qu'ils rencontrent pour joindre els deux bouts a été accentué par les rôles donnés aux trois enfants de Moufida. La jeunesse perdue sans repères et sans principes moraux caractérise, par contre une autre catégorie de jeunes riches qui peinent à trouver le bonheur et de ce fait lorgnent ''l'hostilité de vie'' des jeunes des quartiers populaires. L'exemple est donné par ''Ines'' (Salma Mahjoub) qui aime ''Badr'' (Yassine Ben Gamra) et lui court après. Violence à l'égard des femmes En fait, le feuilleton est caractérisé par une bonne vision artistique et audiovisuelle, la manière de reporter les scènes, la prise des angles de vue et même le choix des circonstances. Le casting et le jeu des acteurs montrent un tant soit peu, un certain professionnalisme que connaissent de plus en plus nos réalisateurs. Reste à savoir comment traiter certains sujets qui dérangent. On citera l'exemple de la violence à l'égard des femmes. On dira que Sami Fehri a froissé la sensibilité de plus d'un. Mais il faut dire aussi qu'il en a fait trop pour montrer la violence dont sont victimes certaines femmes vivant cloitrées dans les murs de la misogynie. Le sujet n'est certes pas nouveau et on a l'impression que c'est du déjà vu et que Sami Fehri sert les stéréotypes qu'on a du mal à évincer. Et dans ce cas de figure, mieux vaut suggérer que montrer. Somme toutes, « Awled Moufida », révèle plusieurs réalités existantes dans notre société, mais tout dépend de la manière dont on les traite pour ne pas tomber dans la banalisation des scènes choquantes.