La 37ème édition du festival international de Sfax aura lieu du 7 juillet au 12 août. Dirigé par Lassaad Zouari, ce festival se déclinera en douze soirées dont la plupart sont programmées durant le mois de juillet. En effet, seulement deux soirées se dérouleront en août, la clôture aux couleurs du Maroc et un spectacle de Lamine Nahdi. Gradins vides ou spectacles grand public? Autrement, le festival de Sfax alternera les soirées musicales et celles consacrées au théâtre et au cinéma. Equilibré, le programme est essentiellement tunisien et navigue entre art populaire et spectacles grand public. Il est clair que cette manifestation a revu ses ambitions à la baisse. Il est tout aussi évident que la programmation de ce festival répond à la demande du public. Il semble bien que Lassaad Zouari et son équipe aient fait le choix d'un festival populaire, d'une manifestation de proximité. Peut-on le leur reprocher? Au risque de se retrouver devant des gradins vides, certains spectacles ne passent plus dans plusieurs régions du pays. Ce sont d'ailleurs les programmes de Carthage ou Hammamet qui sont exceptionnels dans un contexte tunisien qui actuellement se soucie plus de loisir et de fête que de culture au sens classique du terme. Ainsi, là où on pourrait attendre la dernière création du Théâtre national ou une chorégraphie venue d'Europe, ce sont d'autres spectacles qui s'imposent car tel est le désir du public. D'ailleurs, de nos jours, même au festival de Carthage, lorsque les spectacles sont trop pointus, le public a tendance à déserter alors qu'il se bouscule pour les œuvres grand public. Ce glissement de la culture vers le loisir est perceptible à l'échelle nationale. De plus, la question des budgets qui rétrécissent oblige bien des directeurs de festivals à des acrobaties financières qui se font au détriment du public. D'autre part, le marché étant ce qu'il est, dès qu'un festival propose une grosse pointure, le prix des billets s'envole et le public proteste. La conséquence en est que la majorité des festivals proposent des programmes honnêtes sans être transcendants. La crise est passée par là et les goûts du public vont de toutes les manières dans ce sens. Arts populaires en hausse... Le programme de la 37ème édition du festival de Sfax se caractérise d'abord par une présence marocaine et égyptienne qui souligne l'identité internationale de la manifestation. Ce sont des artistes marocains, Saad Mjarad et Nadia Khaless, qui vont clôturer la manifestation le 12 août avec une soirée musicale. Plus tôt, le 9 juillet, une soirée intitulée "Kalthoumiyat" aura pour protagonistes les artistes égyptiens Imen Abdelghani et Majda Sourour qui feront revivre les chansons éternelles d'Om Kalthoum. Tout le reste de la programmation est consacré aux artistes tunisiens. L'ouverture du festival, ce 7 juillet, sera animée par Zied Gharsa et Dorsaf Hamdani et placée sous le signe du tarab. La musique se taille la part du lion avec un net penchant pour l'art populaire. En effet, les tabbel de Kerkennah seront sur scène pour une soirée de percussions le 31 juillet tout comme les danseurs du stambali à l'honneur le 21 juillet. Hamouda Lasmar et Riadh Baccar animeront pour leur part une soirée de musique et poésie populaire le 23 juillet. Deux stand-up complètent le programme avec Lamine Nahdi et Wajiha Jendoubi qui auront rendez-vous avec leur vaste public dans la capitale du sud. De plus, deux oeuvres cinématographiques seront sur l'écran du festival dont le film "Bab el Fellah" de Mosleh Kraiem. Enfin, une soirée jazz avec Faouzi Chkili et Chadi Damak donnera des couleurs d'ouverture à ce festival de Sfax. Dans le sens de la demande du public En ce sens, il est clair que la programmation culturelle nationale varie en fonction des régions et que Sfax, Tunis ou Sousse ne répondent pas à la même demande. D'ailleurs, la majorité des festivals internationaux, lorsqu'ils ont les moyens de leurs ambitions, ressembleront plus à celui de Sfax qu'à ceux de Carthage ou Hammamet qui font désormais figure d'exceptions voire de vitrine trompeuse devant le recul généralisé de la curiosité et de l'ouverture sur les cultures du monde. L'air du temps est ainsi, d'autant plus que l'action du ministère de la Culture a énormément faibli ces dernières années au point où l'on est obligé de se demander où sont passées les exigences de la diffusion culturelle et la mission éducatrice du service public. Car, au fond, c'est dans la défaillance du ministère de la Culture, premier opérateur dans le pays, qu'il faut inscrire le sur-place laborieux de la majorité de nos festivals. Celui de Sfax pourrait mieux faire mais lorsqu'on ne dispose pas de moyens adéquats, on gère du mieux qu'on peut avec, somme toute, un programme honorable qui va dans le sens de la demande du public.