Le Temps-Agences - La Turquie, dont "la patience est à bout", a averti hier qu'elle était déterminée à chasser du nord de l'Irak les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), peu avant d'accueillir une délégation irakienne pour évoquer le sort du PKK. "Nous respectons l'intégrité territoriale et l'unité de l'Irak", mais "notre patience est à bout et nous ne tolérerons pas que le sol irakien soit utilisé pour des activités terroristes", a déclaré le président turc Abdullah Gül à l'occasion d'une réunion de 12 pays riverains de la mer Noire à Ankara. "Nous sommes totalement déterminés à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à cette menace", a-t-il ajouté. Les déclarations de M. Gül interviennent au moment même où la presse turque fait état d'une intensification de l'activité militaire aux abords de la frontière irakienne . Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré hier à Bucarest que "la décision" d'une éventuelle intervention militaire turque dans le nord de l'Irak n'"appartient" qu'à Ankara et fustigé l'appel à la retenue de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Des troupes turques ont repoussé avant-hier soir avec le soutien de blindés et de tirs d'artillerie une attaque en Turquie des rebelles du PKK contre un poste avancé près de Yesilova, aux confins de l'Irak et de l'Iran, écrivent les journaux, évoquant 80 à 100 assaillants et 30 morts dans les rangs du PKK. L'information n'a pas été pour le moment confirmée par les autorités turques. Le quotidien à grand tirage Sabah évoquait aussi une incursion de 300 commandos turcs qui se seraient enfoncés de 10 kilomètres en territoire irakien pour attaquer des camps du PKK, une information qui n'a pas non plus été corroborée. Un haut responsable militaire américain a indiqué avant-hier qu'il n'était pas au courant de frappes aériennes ou d'incursions transfrontalières turques dans le nord de l'Irak. C'est dans ce climat de tension qu'une délégation irakienne de sept membres était attendue à Ankara, selon des sources diplomatiques irakiennes, pour tenter d'éviter une intervention unilatérale turque dans le nord de l'Irak. Le ministère turc des Affaires étrangères s'est dit hier dans l'impossibilité de donner des détails sur la visite, mais le chef de la diplomatie Ali Babacan avait prévenu qu'"une délégation irakienne, si elle vient en Turquie", devait "arriver avec des propositions concrètes". "Sinon, une telle visite n'a aucun sens" avait-il ajouté.