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"Notre action s'inscrit dans la continuité et non dans la rupture"
Moez Driss et les accents du défi serein
Publié dans Le Temps le 27 - 10 - 2007

"L'Etoile n'a pas le "droit historique" de rester en retrait"
C'est sa première (sérieuse) interview depuis son investiture et directement à un quotidien de la place, le nôtre. Il y a près d'une année, l'imaginaire sportif avait du mal à s'habituer à une Etoile sans Jenayeh. Le jeu de mot est, dans ce cas,
inévitable : Jenayeh n'avait plus sa bonne étoile. Et de surcroît, il n'a pas ramené de satané titre à Sousse même après le départ de son rival intime, Chiboub.
Moez Driss émerge alors. Il met la barre haut. Il annonce la couleur : restructuration du club ; dépersonnification des structures. Et, travaillant et remodelant une matière déjà riche, il remporte le titre avec fulgurance. Puis limoge l'entraîneur, récupère Marchand et Dugueperoux et, maintenant, il brigue la coupe d'Afrique.
Surtout, surtout, hormis le fossé qui le sépare de Jenayeh, hormis un conflit de générations, il s'est proposé à la conscience étoilée comme un homme de continuité et non un homme de rupture.
Aujourd'hui, il répond à toutes les questions. Avec beaucoup de diplomatie, parfois "acerbe".

Le Temps : Cela fait un peu plus d'une année que vous êtes à la tête de l'Etoile : qu'est-ce qui a changé ?

Moez Driss :Pour l'essentiel, l'Etoile est restée la même. Tout en consolidant nos acquis, tout en raffermissant nos valeurs, nous avons replacé l'Etoile dans ses constantes, poursuivant le travail entamé par les divers présidents m'ayant précédé à la tête du club. L'Etoile a donc retrouvé sa place de choix, cette place qui lui revient en toute légitimité.

• C'est tout de même curieux : vous évitez toujours d'évoquer ce nom : Jenayeh... Succéder à un homme comme lui ce n'est pourtant pas facile...
-Je vais vous étonner si je vous disais que la succession fut plus facile que prévu, car ma démarche s'est inscrite dans la continuité et non pas dans la rupture. Le comité que je préside est à ses 60% composé de membres qui ont travaillé avec M. Jenayeh. Et j'en avais même fait partie de 1995 à 2000. C'est pour vous dire que le lien ombilical n'a pas été coupé. Les membres dont je vous parle sont liés à l'Etoile et non à des personnes. Cela a facilité ma tâche. Nous avons procédé à un diagnostic réaliste de la situation, nous avons donc identifié les failles et dès lors nous avons pris les mesures adéquates.

• Vous dites "ces membres sont liés à l'Etoile et non à des personnes... Insinuez-vous, par là, qu'il y avait une personnification de l'Etoile avec Jenayeh ?
-Je ne le placerais pas dans ce contexte. Moi je crois en le travail d'équipe, en la collégialité, en la concertation. Vous le rappelez vous-mêmes assez souvent dans vos articles : "Les hommes passent les institutions restent". En d'autres termes, les dirigeants passent ; l'Etoile reste.

• Vous parliez de diagnostic. En quoi a-t-il consisté ?
-Il a brassé les différentes composantes du club. Les côtés administratif, sportif, structurel.
*D'abord l'équipe de football. Elle était dans une situation difficile. Elle venait, pour la 10e année consécutive, de rater le titre sur les derniers mètres. Elle ne réussissait pas à s'imposer à l'échelle nationale. Les années se suivaient et se ressemblaient donc. La succession de ces échecs a semé le doute dans la famille étoilée et chez les joueurs : le spectre de l'échec : quand cela habite les joueurs, eh bien, il faut tout refaire. Car l'équipe n'avait plus d'âme et guère plus de repères. Nous avons dès lors jugé utile de repartir sur de nouvelles bases et avec de nouvelles convictions. Il fallait rebâtir une équipe autour des valeurs et des composantes historiques du club.
La première décision aura consisté à opter pour les enfants du club. Donner leur chance aux jeunes quels que soient l'âge et le degré de maturité.
Ensuite, il fallait relancer les sections telles que celle du basket-ball et consolider les assises de celles du handball et du volley-ball.
*Maintenant l'administration du club. Il fallait faire en sorte à déplacer les pesanteurs : le siège du club redevenait le pivot de fonctionnement de l'Etoile, par la mise en place de services marketing, de communication, une commission financière fonctionnant en toute transparence et en toute efficience. Cela a permis au club de quadrupler ses recettes entre autres par les abonnements et, là, nous tablons sur les 8 mille pour 2007/2008. Diversification aussi des recettes du sponsoring, mise en place d'une feuille de route traçant les contours des ressources pour l'avenir.
Ces actions nous ont permis d'augmenter les recettes lesquelles avoisinent les 10 millions de dinars : un record absolu pour un club tunisien.
Avec un tel flux de recettes, l'Etoile pourra faire face à ses engagements quotidiens et assumer son devoir d'encadrement dans toutes les disciplines. Elle a donc les moyens de ses ambitions. Aujourd'hui, l'Etoile est gérée différemment.

• Auriez-vous réussi aussi rapidement si vous ne portiez pas le nom "Driss"
-Dieu seul le sait ! Cela peut gêner certaines "tendances". Sauf que ma famille est liée à l'Etoile depuis des décennies. Si M'hamed Driss est dans un engagement sans failles pour l'Etoile depuis plus de 60 ans. Lorsque je discute avec mes pairs et amis présidents d'autres clubs, ils me déclarent tous souhaiter avoir près d'eux un mécène de son envergure... Sachez pour mieux répondre à votre question que la réussite n'est pas tributaire du nom qu'on porte, mais de l'engagement et de la personnalité, la perspicacité dans les décisions et dans la gestion des dossiers, sachant que pour un club comme l'Etoile, dans la plupart des cas, on se retrouve confronté à un monde de contradictions où les émotions infléchissent le comportement des gens.

• Justement vos "amis", les autres présidents de clubs : quelque part on vous trouve effrayant. Un étoilé pur et dur", c'est ainsi qu'ils vous décrivent.
-C'est une impression. La réalité est que j'arrondis les angles et je compose même. Le monde du sport et le monde en général s'orientent vers le partenariat et le compromis et non vers l'affrontement. Je ne prends jamais de décision à chaud. Je discute, je me concerte avec mes collègues. Mais quand la décision est prise, il faut aller jusqu'au bout... Car nous essayons d'être pragmatiques : on se base sur un diagnostic et non sur des jeux d'influences. Diriger un club c'est faire le choix de ses convictions propres.

•Qu'est-ce qui fait justement la force de vos recrutements par exemple : l'Etoile est pratiquement partout, sur tous les sites...
-Nous recrutons en fonction d'un ciblage minutieux. En fonction des postes à renforcer, en fonction des fins de contrats, des départs etc... Nous suivons les joueurs tout au long de l'année. Nous suivons de près aussi les internationaux olympiques. Mais j'insiste sur un fait : sur le marché, l'Etoile y va avec de la loyauté. Pas de coups bas, pas d'entourloupettes, respect des concurrents : tout cela est très important pour l'image du club.

•On n'en finit pas de disserter sur la cession de Chikhaoui. Nombreux sont ceux qui vous le reprochent et si les résultats n'avaient pas, jusque-là, suivi, eh bien vous vous seriez retrouvé dans une mauvaise posture...
-Eh bien non ! Il ne pouvait plus rester. Il avait la tête ailleurs. Avez-vous oublié, ou ceux qui stigmatisent ce départ, ont-ils oublié qu'il était mentalement absent lors des trois, quatre derniers mois de la saison écoulée ? Cela se comprend compte tenu des offres nombreuses qui lui parvenaient et de l'activisme de ses agents...

•Si l'Etoile remporte le championnat et, en plus, la coupe d'Afrique, Marchand sera-t-il viré ?
-Dans ma conviction, malgré l'ironie dans votre question un entraîneur ne doit pas exclusivement être jugé en fonction d'un titre, mais en fonction de ce qu'il apporte au club, à l'avenir du club : la valeur ajoutée en somme ! Il y a aussi la capacité à gérer le groupe. Il y a donc des préalables incontournables dans le profil d'un entraîneur.

•Et donc, à vos yeux, Faouzi Benzarti n'a pas ce profil ?
-Faouzi Benzarti a fait du bon travail. Il a rempli sa mission. Mais il n'était plus l'homme idoine, l'homme indiqué pour diriger l'Etoile. Avec lui, les chances de réussite à l'avenir se seraient sérieusement amenuisées.

•On dit que vous avez une "chance incroyable" : vous n'avez pas eu à affronter un certain... Chiboub
-Je ne crois pas beaucoup en la chance. Et par ricochet, non plus à la malchance. Durant de longues années, l'Etoile était le principal concurrent de l'Espérance. Et l'Espérance était dans une situation de choix qui lui permettait d'être mieux armée que les autres.

•La Tunisie tout entière attend que l'Etoile nous guérisse du "syndrome Al Ahly"....
-Oui c'est un géant d'Afrique. Il cultive la culture de la gagne. Et s'il est en finale de la Champion's League africaine pour la troisième année consécutive, eh bien ce ne peut être le fait du hasard.
Aujourd'hui, l'Etoile est mieux armée pour affronter cet ogre africain. Et donc nous partons à chances égales. Si nous réussissons cela permettra à notre club de prendre une autre dimension. Si ce ne sera pas le cas l'Etoile restera debout et reviendra plus fort l'année prochaine.

•Marchand jouera-t-il en 4-3-3 ou en 4-4-2 : qu'est-ce que vous préfèreriez
-Marchand est un entraîneur compétent. C'est un "pro". Il étudie bien ses adversaires et prépare bien ses matches. Il saura quoi faire.

•Vous consulte-t-il sur la formation ?
-L'entraîneur est souverain dans ses choix. Ce qui se passe sur le terrain est du ressort du staff technique. Moi, j'observe de loin...

•Et si la Tunisie, à travers l'Etoile, glanait enfin ce titre...
-Pour la deuxième année consécutive, deux clubs tunisiens sont en finale. Ce n'est pas le fait du hasard. Il faut rendre grâce à l'Etat pour les efforts, les moyens et les sacrifices consentis au sport. A nous de les utiliser à bon escient. La démarche de l'Etoile s'inscrit dans cette logique.

•Si l'Etoile remporte cette coupe et que le Club Sfaxien remporte celle de la CAF, c'est Lemerre qui se retrouvera sous pression...
-Nous œuvrons tous pour le bien du football tunisien et de l'Equipe Nationale. Si la Tunisie émerge par ces clubs au niveau continental, elle émerge systématiquement par son Equipe Nationale. La Tunisie est une puissance africaine et cela nous n'avons pas le droit de le perdre de vue.


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