Tawfik Zâaboub, l'adjoint de Bertrand Marchand, a subtilement employé l'analogie suivante au sujet de cette finale aller entre Etoilés et Ahlaouis : « La Champion's League africaine est comparable au tour de France cycliste. L'Etoile a franchi avec succès plusieurs étapes difficiles. Maintenant, nous sommes à l'avenue des Champs Elysées. Il nous reste quelques mètres avant la ligne d'arrivée ». Cette grande fête du football africain met tout le Sahel en transe. C'est au sacre tant convoité que les poulains de Bertrand Marchand nous convient. C'est la suprématie continentale qu'ils nous promettent. C'est par les rêves les plus fous qu'ils nous bercent. C'est vers 21h que nous saurons si les premiers jalons de ces magnifiques illusions seront réellement et solidement ancrés. L'entreprise est délicate. La mission est loin d'être une sinécure. L'adversaire n'est pas le premier venu sur la scène. C'est tout simplement Al Ahly du Caire, le géant de l'Afrique, le plus capé et le plus prestigieux club du continent. C'est l'équipe nationale d'Egypte en miniature, renforcée par deux internationaux angolais : Flavio et Gilberto et par le Tunisien Anis Boujelbane. En un mot, c'est une constellation de vedettes qui est allée au Japon défier les grands clubs du globe. Donc, il faut s'attendre à une rude bataille, titanesque, habilement fignolée par le coach flegmatique Bertrand Marchand et astucieusement tramée par le bouillonnant Manuel José. L'Etoile du Sahel, avec un groupe jeune, fougueux et ambitieux, courtise depuis des années cette reine continentale. De l'autre côté, un ensemble cairote à l'expérience consommée et au passé fort glorieux. Ce soir, face à un public tout acquis à sa cause, l'équipe sahélienne essayera de vaincre le signe indien qui la poursuit dans cette compétition. C'est le seul trophée qui manque à son riche palmarès. Entamer cette première manche victorieusement est l'objectif de Saber Ben Fraj et consorts avant le déplacement périlleux au pays des Pharaons dans 15 jours. À Sousse, et dans les environs, on croit dur comme du fer que c'est l'occasion ou jamais pour conquérir ce titre et pour faire du grand Sahel une terre de liesse et de jubilation.
Les excentrés, principale arme des Ahlaouis Avec le coach portugais Manuel José, les Ahlouis affectionnent la disposition chère à l'école brésilienne : le 3-5-2. Formule qui fait des excentrés Mohamed Baraket, à droite, et Ahmed Essayed (le remplaçant de l'angolais Gilberto), à gauche, le point de départ et le déclencheur de toute leur animation offensive. Le trio de la défense axiale s'appuie sur ces deux joueurs de couloir pour relancer leur première sortie de balle. Par la suite, la seconde balle est combinée soit avec les relayeurs, Aboutarika en priorité pour être en position de tir, soit avec les deux têtes offensives Flavio et Motâeb qui viennent couper la trajectoire du centre au premier poteau. Dans cette perspective, le staff technique étoilé aura sans doute préparé l'anti-dote à cette arme égyptienne. La bataille du milieu du terrain sera donc rude. Les joueurs étoilés, avertis, feront tout pour couper les lignes égyptiennes et obliger les trois défenseurs axiaux à opter pour les longues diagonales aveugles. Privés d'espace, de relance correcte, de triangulations courtes, les hommes de Manuel José seront poussés à la faute non loin de leurs bases arrières. Pressés par l'anticipation prompte et réfléchie de Narry, Nefkha et les autres, les Egyptiens finiront par perdre leurs repères et le nord en même temps.
Marchand hésite entre le 4-4-2 et le 4-3-1-2 Jusqu'à la dernière minute, le coach français n'a pas encore dévoilé ses plans et ne s'est pas encore décidé sur la disposition tactique qu'il compte mettre en place face à Al Ahly. D'un côté, il est tenté par le 4-4-2, la formule qu'il affectionne habituellement car, à son avis, elle donne plus d'équilibre au placement des joueurs et leur permet surtout de trouver des repères acquis. Dans cette perspective, trois joueurs de la zone médiane sont presque inamovibles : Moussa Narry au poste de pivot, Mohamed Nefkha, en relayeur à gauche et Mouri Ogounbiyi, en relayeur à droite. L'incertitude plane cependant encore sur le choix du 4e joueur de l'échiquier. Quatre éléments peuvent postuler à ce dernier poste : les habituels Bassem Ben Nasr et Afouène Gharbi et les revenants Khaled Melliti et Majdi Traoui, ce dernier étant très précieux par sa culture tactique. De même, Marchand pourrait refaire le coup tenté contre les Soudanais d'Al Hilal (pendant environ 60mn) et opter pour le système 4-3-1-2 en alignant d'entrée le Ghanéen Sudat Bukari, auteur d'un doublé contre l'OB, pour épauler le duo d'attaque Chermiti-Gilson. Le contexte du match et l'obligation d'un résultat rassurant dès le match aller sont autant de facteurs qui plaident en faveur de cette seconde option. Ce ne sont que des suppositions envisageables et virtuelles. Au coup d'envoi de cette palpitante première manche, tout sera clair et toutes les énigmes tactiques, de part et d'autre, seront élucidées. Peu importe la tactique adoptée, l'essentiel est que tout se passe bien pour le représentant du football tunisien, qu'il triomphe et fasse baigner le Sahel et le pays dans la liesse la plus jubilatoire.
