Une rumeur persistante s'est propagée hier concernant un éventuel braquage du métro 2 desservant la ligne reliant l'Ariana à Tunis. Certains ont ainsi affirmé que des voyous auraient tenté d'extorquer les biens des passagers se trouvant dans les wagons, et ce au niveau de la station Mohamed V, en plein centre-ville. Une information catégoriquement démentie par Hayet Chamtouri, responsable de la communication de la TRANSTU. Vérification faite, il s'est avéré que le métro en question a bel et bien été arrêté pendant un laps de temps, non pas par des voleurs mais plutôt par des agents de la sécurité à la recherche de suspects poursuivis par la justice. Les policiers ont procédé au contrôle d'identité de certains individus à bord avant de permettre au métro de poursuivre son chemin. Une gêne occasionnelle qui a divisé les passagers entre ceux, mécontents de prendre du retard et ceux, ravis de voir la police sévir et traquer partout les criminels. C'est le cas de Am El Hédi, un grand-père de 66 ans, ancien cordonnier. Enthousiaste, il déclare : « Peu m'importe de perdre une demi heure ou même une heure pourvu qu'il y ait un résultat. Laissons la police faire son travail ! Cela me rassure de voir les agents à l'œuvre, recherchant les bandits et arrêtant les malfaiteurs. Depuis quelques temps, l'insécurité régnante nous étouffe et nous angoisse. Les voleurs et les criminels n'ont que trop bénéficié d'impunité. Assez de laxisme ! L'heure est désormais à la punition pour tous ceux qui enfreignent la loi. » Arrestations en masse Il faut dire que depuis plus d'une semaine et plus précisément depuis les opérations conjointes de Sejnane et de Menzel Bourguiba qui ont abouti à l'arrestation d'une quinzaine d'individus suspectés d'avoir des liens avec la mouvance extrémiste et la mort du présumé terroriste Khaled Saïdani, les agents de sécurité ne chôment pas et ce, sur l'ensemble du territoire tunisien. Chaque jour ou presque, le inistère de l'Intérieur publie un communiqué pour énumérer les opérations sécuritaires de la veille et indiquer le nombre de suspects arrêtés. Rien que le lundi dernier, les unités de la Garde nationale ont annoncé avoir arrêté 520 individus impliqués dans des crimes divers. En tout, les forces de l'ordre auraient procédé à l'arrestation de 96.168 individus entre le 1er janvier et le 24 juillet de cette année, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. Les délits commis par ces personnes vont du vol aux actes de violence en passant par les infractions routières ou encore le trafic et la consommation de stupéfiants. Outre les délits de droit commun, les forces de sécurité ont pu également mettre la main sur des individus suspectés d'appartenir à des cellules terroristes. Durant la période allant du 25 au 27 juillet, les unités de la Garde Nationale ont arrêté près d'une quinzaine d'individus suspectés d'appartenir à une organisation terroriste dont deux faisant l'objet d'un mandat de recherche conjointement émis par l'unité nationale d'investigation dans les crimes de terrorisme d'El Gorjani et celle de l'Aouina. Des moissons exceptionnelles qui laissent espérer que le terrorisme et la criminalité ne sont pas des fléaux invincibles en Tunisie. Mais si les forces de sécurité ont intensifié les recherches, multiplié les opérations sécuritaires et accru le nombre d'arrestations, il est judicieux de se demander pourquoi ces efforts ont tant trainé ? Manque de moyens ? Inconscience de la gravité du problème ? Absence temporaire de volonté politique pour combattre efficacement ces fléaux qui ont rongé, en toute impunité, le pays pendant ces trois dernières années ? La question mérite, assurément, réflexion.