Le Temps-Agences- Le président russe Vladimir Poutine a brocardé hier le projet européen de limitation des investissements étrangers dans le secteur de l'énergie. S'exprimant au début d'un sommet russo-européen qui pourrait bien être son dernier, Poutine a souligné que les investissements de l'UE dans son pays dépassaient de loin les investissements russes en Europe. "Quand nous entendons certaines capitales européennes dire que 'les Russes viennent tout acheter avec leur argent abominable', cela me fait rire", a déclaré le chef de l'Etat russe au Premier ministre portugais Jose Socrates et au président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso. "Le montant total des investissements européens en Russie est de 30 milliards d'euros. Je ne sais pas si c'est beaucoup ou non, mais les investissements russes dans l'Union européenne sont dix fois moindres, s'élevant tout juste à trois milliards d'euros." La Commission européenne a récemment proposé une législation qui empêcherait le monopole gazier russe Gazprom et d'autres entreprises étrangères d'acheter des gazoducs européens et des réseaux électriques jusqu'à ce que l'UE réforme ses marchés du gaz et de l'électricité. Ce dossier, ainsi que la réticence de l'UE à soutenir l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce, sont des sujets de divergence importants à l'ordre du jour de ce sommet. L'interdiction des importations de viande polonaise en Russie, qui a amené Varsovie à s'opposer à l'ouverture de négociations russo-européennes en vue du renouvellement de l'accord de partenariat et de coopération qui expire en décembre, devrait également être abordée. Socrates, dont le pays assume la présidence tournante de l'UE, a cherché à minimiser les sujets de discorde entre le bloc européen et son premier fournisseur de gaz. "Notre souhait est de relever les défis de notre époque, et les défis de notre époque exigent une coopération et le développement des relations de l'UE avec la Russie, a-t-il dit. La Russie est le troisième partenaire commercial de l'UE après les Etats-Unis et la Chine. "Il y a deux tendances: les liens économiques se resserrent, les liens politiques se distendent", a résumé Anatoli Tchoubaïs, chef du réseau d'électricité russe RAO UES, lors d'une conférence de presse donnée après une rencontre entre des représentants d'entreprises européennes et russes et Poutine, ainsi que de hauts responsables européens. En ce qui concerne la candidature de Moscou à l'OMC, l'UE a fait du règlement d'une série de contentieux commerciaux, dont celui des exportations de bois russe, la condition de son feu vert. "Les retards dans l'amélioration des relations entre l'UE et la Russie tiennent au fait que la Russie n'a pas intégré l'OMC", a souligné Elvira Nabioullina, ministre russe de l'Economie, devant un parterre d'hommes d'affaires. Autres motifs de divergence, la crise nucléaire iranienne et le statut final du Kosovo devaient également figurer à l'ordre du jour.