L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a tiré jeudi la sonnette d'alarme face à la propagation «de manière explosive» du virus Zika, soupçonné de provoquer de graves malformations congénitales, sur le continent américain. L'agence onusienne qui s'inquiète de «la possibilité d'une propagation au niveau international» a convoqué un comité d'urgence pour le 1er février afin de décider si l'épidémie constitue «une urgence de santé publique de portée internationale». Les craintes de l'OMS sont d'autant plus fondées qu'il n'existe pas de vaccin contre la maladie ni de traitement. De plus, dans les pays où le virus vient d'être détecté pour la première fois, les populations ne sont pas immunisées. Le virus Zika, qui doit son nom d'une forêt en Ouganda où il a été repéré pour la première fois en 1947, se transmet par piqûre de moustique du genre Aedes aegypti ou Aedes albopictus, communément connu sous l'appellation de moustique tigre. Raison pour laquelle l'OMS craint de véritables épidémies dans les zones urbaines. «Des épidémies majeures peuvent se produire dans des villes à l'échelle mondiale», a alerté l'organisation. Le virus Zika a été signalé ces derniers jours dans six pays européens: France, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Suisse et Danemark. Il s'agit dans tous ces pays de personnes qui revenaient de voyage en Amérique du Sud. Qu'en est-il de la Tunisie qui se trouve à quelques dizaines de kilomètres de côtes européennes ? «La probabilité d'une propagation du virus Zika en Tunisie est très faible en raison de l'absence du moustiques tigre, vecteur de la maladie, dans notre pays», assure Dr. Souha Bougatef, directrice à l'Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE). «Des cas importés, c'est-à-dire des personnes qui ont voyagé en Amérique du Sud et qui s'y sont faites piquer par des moustiques hébergeant le virus, pourraient être enregistrés en Tunisie. Mais comme le virus ne se transmet pas d'homme à homme et qu'il n'y a pas de moustique tigre sous nos latitudes, le risque de contamination autochtone, c'est-à-dire sur le sol tunisien est très minime», ajoute-t-elle. Le moustique tigre qui est déjà présent en France et dans d'autres pays européens et africains pourrait-il cependant arriver en Tunisie à bord d'un avion ou d'un navire? «C'est possible même si la probabilité est faible, mais il faut savoir que le mode de transmission du virus est un peu compliqué et limité dans le temps», répond le Dr. Bougatef. C'est en piquant que le moustique tigre transmet le virus Zika. Mais il peut aussi s'auto-contaminer en prélevant le virus dans le sang d'une personne déjà infectée par un autre insecte. Il deviendra alors à son tour porteur du virus et pourra le transmettre. Pour rompre ce cercle vicieux, il faut éviter qu'une personne touchée par le virus se fasse piquer dans les 3 à 10 jours suivant la piqûre infectante, soit la phase de développement de l'infection dans l'organisme. Dans environ 80% des cas, la contamination par le virus Zika passe inaperçue. Dans d'autres cas, le virus provoque des syndromes de type grippal (fièvre, maux de tête, éruptions cutanées, arthralgies, fatigue, douleurs musculaires). Mais chez les femmes enceintes le Zika peut être transmis au foetus et entraîner des malformations congénitales, telles que la microcéphalie, une diminution du périmètre crânien qui altère le développement intellectuel, voire cause la mort. A noter que le moustique Aedes est facilement reconnaissable grâce à ses rayures noires et blanches sur l'abdomen, d'où son surnom de moustique tigre. En l'absence de traitement ou de vaccin, l'OMS recommande de réduire le nombre des moustiques à la source (élimination ou modification des gîtes larvaires) et de diminuer les possibilités de contacts entre ces insectes et l'être humain grâce notamment à l'application des produits répulsifs, au port de vêtements couvrant au maximum le corps et à l'usage de moustiquaires.