Actualité brûlante oblige, le chef du Gouvernement Habib Essid, a commencé, lors d'une rencontre hier, avec un groupe de journalistes, par Kerkennah. Cette île du Sud tunisien, vit depuis quelques jours au rythme des troubles et des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. A l'heure actuelle, le calme revient et les forces de l'ordre, dont l'intervention est digne d'une police républicaine, maîtrisent la situation, affirme le chef du Gouvernement. D'ailleurs, il n'y a de blessés que dans ses rangs. Aucun parmi les contestataires. Dans notre édition d'hier, nous titrions, à propos de ce dossier : « Les tenants et aboutissants d'un conflit pas comme les autres ». En effet, la nature même de la revendication laisse perplexe. Et puis, comment une simple protestation de jeunes chômeurs peut-elle dégénérer en heurts et en une menace pour la sécurité des citoyens et de leurs biens ? Sauf s'il y a anguille sous roche. La réponse est, peut-être dans la révélation du chef du Gouvernement : des éléments du Hizb Ettahrir et du Front populaire sont impliqués dans les troubles. C'est, en tout cas, ce qui sort des résultats de l'enquête préliminaire, en attendant de plus amples investigations. Si la probable implication de Hizb Ettahrir ne surprend pas, celle du Front populaire est incompréhensible. Le premier parti est connu pour sa farouche hostilité à la démocratie, aux institutions de l'Etat et au régime républicain. Et il ne le cache pas, multipliant les déclarations incendiaires... en toute impunité. Le Front populaire est, par contre, une partie intégrante du jeu démocratique et une force politique de taille sur la scène nationale. Mais, n'anticipons pas les choses et laissons la justice faire son travail. C'est à elle de trancher au cas où une implication d'une quelconque partie politique est prouvée. Aucune interférence dans ses affaires, assure Habib Essid. Le problème de Petrofac Kerkennah nous a amené à parler de l'emploi précaire : « Il a créé plus de problèmes que d'en résoudre », admet Habib Essid. Le gouvernement actuel a hérité de ce problème, dont les origines remontent à 2011, date de la création d'une société d'environnement financée par Petrofac et où 260 jeunes ont été recrutés pour être casés dans différentes sociétés à raison de 450 Dinars par mois. Aujourd'hui, ils exigent leur titularisation ou bien de causer l'arrêt du travail dans la société engendrant une perte d'un million de dinars par jour. Si le gouvernement privilégie le langage du dialogue, son rôle est aussi d'assurer la liberté du travail à Petrofac ou dans n'importe quelle autre région du pays, chose qu'il a faite, par le recours à la force, admet le chef du Gouvernement. Mais, la thèse du chef du Gouvernement sur le rôle de l'Etat n'a pas tellement convaincu. Plusieurs journalistes ont émis des réserves faisant ressortir que l'impression chez le citoyen lambda est emprunte de confusion et où l'Etat est carrément absent. Ceci serait dû, en grande partie, a un déficit de communication. L'absence de la partie gouvernementale est souvent exploitée par les partis politiques ou les corporations au détriment de la position gouvernementale. Les services de communication du Premier ministère étaient particulièrement la cible des critiques et Habib Essid a reconnu des déficiences dans le système de communication de son département. La rencontre a été l'occasion de parler des problèmes de la presse écrite, de la lutte antiterrorisme menée sur plusieurs fronts et également de la politique. Le chef du Gouvernement n'a pas caché sa déception envers les partis politiques notamment lors du vote du projet de loi portant statuts de la Banque centrale. Une note d'optimisme, quand même. « Oui, ça marche », a dit le chef du Gouvernement : le taux d'inflation à la même période en 2015, était de 7,3%, alors qu'il est à 3,3%, cette année.