Suite aux derniers développements qu'a connus la crise du secteur du lait et illustrés par les actions de protestation mouvementées, organisées, mardi 3 mai, par les producteurs et collecteurs de lait du gouvernorat de Béjà, en occupant les routes de la région et en poursuivant la destruction de la production, un point de presse a été tenu, hier, au siège de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP), à Tunis, au cours duquel ont été passés en revue les causes à l'origine de la crise selon les producteurs et les collecteurs et les solutions qu'ils proposent pour la surmonter. Les producteurs et les collecteurs rejettent la responsabilité de la crise en grande partie sur les usines de conditionnement de lait, dites centrales laitières, au nombre de 11 en Tunisie. Le vice-président de l'UTAP, Amor Béhi, a indiqué que la crise du secteur du lait se poursuit depuis plusieurs mois et risque de s'aggraver, réclamant la recherche de solutions urgentes négociées à la crise à travers l'acceptation par tous du partage des sacrifices. Il a estimé que les causes à l'origine de la crise sont liées aux difficultés que les producteurs et collecteurs de lait trouvent dans la vente des quantités de lait produites et collectées aux usines de conditionnement ou centrales laitières, en raison de l'application du régime des quotas par ces centrales, de sorte que ces centrales acceptent de réceptionner des quantités qu'elles fixent elles-mêmes et qui sont inférieures aux quantités produites et collectées, sachant qu'elles sont, également, inférieures à leur capacité de conditionnement. Cette situation, a-t-il dit, a généré un excédent artificiel dans la production et la collecte du lait, ce qui suscite l'indignation des producteurs et des collecteurs et les pousse à protester et à détruire la production. S'agissant des solutions, le vice-président de l'UTAP a réclamé la suppression immédiate du régime des quotas, comme mesure préliminaire à l'atténuation de la crise, car les centrales laitières n'exploitent que 50% de leur capacité de conditionnement, outre la conjugaison des efforts en vue d'impulser l'exportation du lait et le renforcement du contrôle sur les fabricants de fromage et des dérivés du lait afin qu'ils utilisent le lait frais tunisien pour la fabrication du fromage au lieu de substances de substitution comme le lactosérum. Il a mis l'accent sur la nécessité d'améliorer la qualité du lait tunisien afin d'impulser l'exportation, notamment vers la Libye et plusieurs autres pays, notant que l'interdiction de l'exportation du lait tunisien à un certain moment sans la consultation de la profession a été, aussi, une des causes à l'origine de la crise et son autorisation en ce moment, intervient au milieu d'une concurrence acharnée de la part des exportateurs européens de lait qui ont envahi tous les marchés du monde après la levée du régime des quotas qu'ils appliquaient appliqués auparavant. Le président de la chambre des collecteurs, Saâdallah Khalfaoui, est intervenu. Il a réclamé, à son tour, la suppression du régime des quotas, n'écartant pas le recours des collecteurs à la suspension de leurs activités en cas de persistance de la crise et l'absence de solutions concertées propres à satisfaire les différentes parties, disant que d'importantes quantités de lait sont détruites chaque jour, à cause du régime des quotas, et affirmant que les producteurs et les collecteurs sont conscients des difficultés que rencontrent aussi les centrales laitières, mais il importe de partager le fardeau. Il a indiqué que les quantités de lait frais collectées atteignent environ 2,8 millions litres par jour et qu'elles peuvent être absorbées au moyen du conditionnement, de la transformation et de l'exportation. Au total, les quantités de lait détruites se sont élevées à 42 millions litres, valant 31 millions dinars.