Chez les enseignants du secondaire, la fièvre contestataire n'est pas près de retomber. A peine quelques jours seulement après l'annulation de sa décision de retenir les notes suite à un accord signé avec le ministère de la Jeunesse et du Sport sur les promotions exceptionnelles et l'indemnité d'enseignement dans les centres de travail périodique, le syndicat général de l'enseignement secondaire brandit désormais la menace du boycott de la prochaine rentrée scolaire en signe de protestation contre la fermeture des collèges techniques et le contenu «décevant» du «Livre Blanc» relatif à la réforme de l'Education. Le principe du boycott de la rentrée scolaire pourrait être entériné lors de la conférence nationale consacrée à l'évaluation de la situation dans le secteur qui se tiendra du 27 au 29 juin courant à Hammamet. «Nous refusons catégoriquement la décision relative à la fermeture des collèges techniques qui contraindra quelque 800 enseignants au chômage alors qu'il suffit de réformer les programmes d'enseignement dans ces établissements », souligne Morched Driss, membre du bureau exécutif du syndicat rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), indiquant que le syndicat n'exclut pas le recours au boycott de la rentrée pour sommer le ministère de tutelle de revenir sur sa décision unilatérale. Le syndicat de l'enseignement secondaire a déjà organisé lundi des rassemblements devant les sièges des délégations régionales de l'Education ainsi que devant le siège du ministère de l'Education à Tunis pour protester contre les collèges techniques. D'autre part, le syndicat estime que le Livre Blanc, publié fin mai dernier par le ministère vise à «vider le vaste chantier de la réforme de l'Education de sa substance et à anéantir l'enseignement public, gratuit et progressiste». Ce document de 168 pages, qui brosse un tableau sombre de la situation de l'enseignement en Tunisie et souligne sans détours que l'école publique a perdu de sa superbe, dessine les contours de la réforme de l'éducation qui devrait s'étaler sur cinq ans de 2016 à 2020. Cette réforme s'articule autour de neuf axes. Il s'agit, en premier lieu, de l'introduction du principe de l'équité et de l'égalité des chances à travers notamment la généralisation de l'année préparatoire, le renforcement de la discrimination positive en faveur des régions intérieures. Le projet de réforme proposé prévoit aussi la révision de la carte scolaire, le renforcement des capacités des formateurs (recrutement sur la base de la compétence, généralisation du recours à une session de formation préparatoire, mesures incitatives en faveur du corps enseignant), le renforcement des acquis des élèves (révision des coefficients des matières, mise en place d'un nouveau système d'évaluation, renforcement de l'enseignement des langues),l'amélioration de la vie scolaire ( révision du temps scolaire pour qu'il prenne en considération les activités sportives et culturelles, généralisation des cantines scolaires et amélioration du système du transport scolaire). Les autres axes de la réforme programmée sont la révision du système d'orientation scolaire (diversification des filières, mise en place de passerelles entre l'enseignement et la formation professionnelle), la lutte contre les phénomènes de l'échec et de l'abandon scolaires, le renforcement du recours aux technologies de l'information et de la communication et l'amélioration de la gouvernance au niveau des diverses structures administratives en charge de l'éducation. A noter que le coût total de cette refonte du système éducatif est estimé à 4105 millions de dinars sur cinq ans.