Le Temps-Agences- Le président français Nicolas Sarkozy a appelé hier l'Europe à être "capable" d'assurer elle-même sa défense, lors d'un discours prononcé devant le Parlement européen à Strasbourg. "Comment l'Europe pourrait-elle être indépendante, comment l'Europe pourrait-elle avoir une influence politique dans le monde, comment l'Europe pourrait-elle être un facteur de paix et d'équilibre si elle n'était pas capable d'assurer elle-même sa défense ?", a lancé M. Sarkozy. "Que signifie notre engagement européen si chacun d'entre nous n'est pas capable de faire un effort pour sa propre défense et pour la défense de tous ?", a-t-il poursuivi. Comme il l'a redit la semaine dernière à Washington devant le Congrès américain, Nicolas Sarkozy souhaite que la France renforce sa présence au sein de l'Otan, dont elle a quitté le commandement militaire intégré en 1966, à condition que se mette parallèlement en place une politique européenne de défense. Le président français Nicolas Sarkozy a implicitement revendiqué hier le droit de pouvoir continuer à critiquer la Banque centrale européenne, en dépit des tensions que cela suscite avec l'institut monétaire et certains pays européens. "L'Europe a choisi la démocratie, et dans une démocratie, il faut pouvoir débattre de tout : de la politique monétaire, de la politique budgétaire, de la politique commerciale, de la politique fiscale, de toutes les politiques quelles qu'elles soient", a déclaré M. Sarkozy dans une allocution devant le Parlement européen réuni à Strasbourg. "Dans une démocratie nulle indépendance ne peut se confondre avec une irresponsabilité totale", a-t-il ajouté, dans une allusion à la BCE, très jalouse de son indépendance inscrite dans les traités européens et qui n'apprécie guère que les gouvernements critiquent sa politique monétaire. "Nul ne peut se prévaloir de l'indépendance de son statut pour se dispenser d'avoir à rendre des comptes, à s'expliquer, à être contrôlé", a ajouté le chef de l'Etat français. La France a souvent reproché dans le passé à la BCE, d'être trop focalisée, à ses yeux sur la lutte contre l'inflation et pas assez impliquée dans le soutien à la croissance et à l'emploi. Elle a en particulier critiqué l'institut pour ses hausses de taux d'intérêt qui selon elle pénalisent l'activité économique et dopent le taux de change de l'euro face au dollar et aux monnaies asiatiques.