L'EXPERT – Chaque jour qui passe montre un nouveau visage de Nidaa Tounès, aussi pâle que jamais et dont l'effectif se réduit comme peau de chagrin. Les enseignements à tirer est que ce parti, bien florissant dans le passé et ayant porté Béji Caïd Essebsi à la magistrature suprême est, actuellement l'ombre d'un mouvement qui serait incapable de gagner même pas une dizaine de sièges, à tout casser, aux prochaines élections législatives. Hafedh Caïd Essebsi a tout détruit dans ce parti, au point qu'il a été lâché par ses plus proches partisans qui, ayant senti le danger, l''ont quitté et, même, sont devenus ses concurrents, dans l'espoir de sauver leur parti. La cassure entre Sofiane Toubel et celui de Hafedh Caïd Essebsi ne peut provoquer que de nouveaux dégâts dans les rangs de Nidaa Tounès, surtout après les derniers bouleversements et les deux congrès qui ont donné une direction bicéphale au parti. Ainsi, le vœu de Hafedh de rester l'unique chef à la direction du parti est, maintenant exaucé. Il a été récalcitrant à toutes les règles de la démocratie et n'avait pas voulu reconnaître la loi des urnes, pour le choix des dirigeants. L'aboutissement est ce qu'il est et les partisans de Toubel qui sont majoritaires se tournent, actuellement, vers Youssef Chahed, pour reconstruire le « Nidaa historique ». Toubel en rassembleur La faction de Hammamet a commencé par appeler tous les partis démocratiques, centristes et progressistes à entamer des concertations sérieuses et à coordonner les efforts en vue des prochaines échéances électorales dans le but de « préserver le projet national » moderniste. « Ce projet ne peut se réaliser que dans le contexte du rassemblement », lit-on dans une déclaration publiée, samedi, sur la page officielle du bloc parlementaire de Nidaa Tounès. D'autre part, le parti exhorte ses adhérents à s'unir autour de la direction légitime du mouvement et de resserrer les rangs pour faire réussir les prochaines échéances électorales. Le parti affirme continuer d'œuvrer sérieusement pour unifier la famille nidaïste, sans exclusion aucune, surtout que le dernier congrès du parti a « tranché toutes les questions ayant entrainé des dissensions » au sein du parti. Sofiane Toubel avait déclaré avoir reçu une correspondance des services du ministre des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et des Droits de l'Homme, dans laquelle le département déclare avoir accepté le dossier qu'il avait déposé concernant le dernier congrès du parti. Deux directions avaient émané du congrès électif de Nidaa Tounès, organisé les 6 et 7 avril dernier à Monastir et dont les travaux ont été émaillés de conflits. Soufiène Toubel a été élu président du comité central de Nidaa Tounès, à Hammamet, alors que Hafedh Caïd Essebsi a été porté à la tête de ce même comité, à Monastir. A la mi-avril, les deux présidents élus à la tête du comité central ont déposé, chacun de son côté, le dossier relatif à son élection auprès des services de la Présidence du gouvernement. Certes, c'est une bonne initiative de vouloir rassembler les partis progressistes et démocratiques, mais faut-il encore que Nidaa règle ses problèmes et réussir à rassembler ses partisans qui subissent une direction à deux têtes. Sofiane Toubel qui a, enfin, laissé tomber son mentor Hafedh. Mais, conjoncture oblige, surtout avec la perte d'espoir que ce dernier revienne à de meilleurs sentiments, il n'est plus question de direction bicéphale, mais de l'avenir de Nidaa qui semble à l'agonie et que personne ne peut sauver de la débandade. Et cela s'explique. Clin d'œil à Chahed D'ailleurs, le secrétaire général de Nidaa Tounès, Abdelaziz Kotti (camp de Hammamet) a estimé jeudi que « Youssef Chahed devrait conduire la réunification et la reconstruction du Nidaa historique afin de préserver l'équilibre politique en Tunisie et la faire sortir de la crise ». La crise au sein de Nidaa Tounès se poursuit. La dernière crise en date remonte au congrès électoral du parti le 6 avril 2019 au cours duquel le mouvement s'est scindé en deux avec deux directions et deux représentants légaux : le premier représenté par Sofiane Toubel (camp de Hammamet) et le deuxième représenté par Hafedh Caïd Essebsi (camp de Monastir). « Nidaa Tounès soutiendra le gouvernement Chahed en tant que partenaire de la coalition au pouvoir dont il fait partie, et ce jusqu'à l'organisation des élections législatives et présidentielle », a ajouté Kotti dans une déclaration à l'agence TAP. Youssef Chahed appartient toujours à Nidaa Tounès tant qu'il n'a pas donné sa démission et n'a pas annoncé son adhésion à un autre parti, a-t-il soutenu. Selon Kotti, Nidaa Tounès reste ouvert à la discussion avec les différentes composantes du « Nidaa Historique », citant Machrou Tounès, Tahya Tounès et Beni Watani. Le but étant, a-t-il insisté, de reconstruire le « Nidaa historique » et de s'engager pour les élections de manière unifiée. Dans des déclarations médiatiques cette semaine, le secrétaire général de Nidaa Tounès, Naji Jalloul (camp de Monastir) a critiqué le gouvernement Chahed, estimant que « le gouvernement répète les mêmes erreurs en s'immisçant dans les affaires internes des partis et en formant un parti politique ». D'après lui, la situation générale du pays exige le report des élections ou la mise en place d'un gouvernement d'union nationale qui aura pour mission de parachever le processus de transition démocratique. Rappelons que le représentant légal de Nidaa Tounès, élu à la tête du Comité central (issu de la réunion de Hammamet) a reçu à la fin de la semaine dernière une correspondance des services de la présidence du gouvernement en charge des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile et des droits de l'Homme lui notifiant « l'acceptation du dossier déposé par Sofiane Toubel à propos du dernier congrès du parti ». Commentant cela, Abdelaziz Kotti a déclaré à l'agence TAP que la correspondante a pris acte des conclusions du dernier congrès et de toutes les structures du parti y compris le secrétariat général, le bureau politique, le comité central et le représentant légal Sofiane Toubel. Dérapages incontrôlés La situation s'est envenimée davantage avec le clan de Monastir qui a adressé une correspondance au président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), signalant des changements au sein de son groupe parlementaire (composé actuellement de 38 députés). Le porte-parole de Hafedh Caïd Essebsi, Mongi Harbaoui a précisé que ces changements interviennent après la réunion du bureau politique qui s'est tenue à la fin de la semaine dernière et au cours de laquelle il a été décidé à l'unanimité de révoquer le député Sofiane Toubel du parti. Ce qui signifie, selon lui, la perte de la qualité de membre et de président du groupe parlementaire de Nidaa Tounès. La décision concerne aussi, a-t-il ajouté, les députés Ons Hattab et Abdelaziz Kotti qui après avoir été révoqués par le bureau politique du parti, perdent leur qualité de membres du bloc parlementaire de Nidaa. La notification des changements au sein du groupe parlementaire de Nidaa Tounès (camp de Monastir) adressée au président de l'ARP est signée par le président du Comité central du parti Hafedh Caïd Essebsi. Elle comporte une demande d'application de ces décisions et des mesures et formalités y afférentes. Il y est indiqué que « suite à la décision du bureau politique de Nidaa Tounès réuni le 30 avril 2019 de révoquer Toubel, ce dernier a perdu sa qualité de membre du groupe parlementaire de Nidaa et la présidence du groupe. Par conséquent (Toubel) ne représente plus le groupe ni le mouvement. Son poste devant revenir provisoirement au vice-président. Le représentant du mouvement et le président de son bloc parlementaire seront communiqués prochainement à l'Assemblée des représentants du peuple ». Le dernier épisode de ce triste feuilleton serait-il achevé par les funérailles de Nidaa, par la volonté de son fondateur qui a tenu à soutenir son fils contre tous, bien qu'il ne soit pas fait pour la politique.