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Iran-USA : Le nucléaire iranien de nouveau sur la table de Vienne
Publié dans L'expert le 03 - 06 - 2021

Tout a commencé, en 2015, par un coup de klaxon dans les quartiers huppés du nord de Téhéran. C'était comme si tout le monde attendait un signal pour commencer la fête tant attendue. Un premier conducteur klaxonne, puis un autre. Au bout de quelques secondes, un orchestre assourdissant d'avertisseurs emplit la place. Les cris fusaient. Les drapeaux s'agitaient dans l'air d'une nuit chaude d'été. « Rouhani, nous te sommes reconnaissants ! », chantait en chœur la jeunesse dorée iranienne pour le remercier des conclusions de l'accord nucléaire entre Téhéran et Washington. Mohamed Javad Zarif, ministre des affaires étrangères, éminence grise des pourparlers et homme d'ouverture incontournable au sein de l'élite farsi au pouvoir, est célébré en héros. « Ambassadeur de la paix ! Merci ! ». Scandait à l'époque la masse des manifestants, les photos du chef de la diplomatie iranienne brandies entre les mains. Rappelant au passage qu'ils sont un peuple patient, qu'ils pensent en siècles, en ères, contrairement aux Américains, qui pensent en années fiscales.
« Le plus important aujourd'hui est que l'accord sorte notre pays de l'isolement, qu'il nous ouvre les portes du monde et qu'il remonte le moral de notre jeunesse, désireuse de faire bouger les choses à l'intérieur du pays », expliquait en ce temps là une jeune partisane du président réformiste Hassan Rouhani, lui-même aux anges après ce succès tant attendu auprès du peuple iranien, assoiffé de réformes économiques, de reconnaissance, de libéralisme sociale et politique, de stabilité et d'ouverture internationale.
L'histoire est-elle entrain de se répéter ? Depuis l'arrivée de Joe Biden le démocrate à la Maison Blanche, Washington et Téhéran ont manifesté leur volonté de renouer les contacts et de ressusciter l'accord sur le nucléaire, dénoncé par l'imprévisible Donald Trump d'une manière unilatérale en 2018, ce qui a provoqué la stupéfaction en Iran, la déstabilisation du camp des modérés au pouvoir et l'ire de plusieurs capitales occidentales, témoins de treize ans d'âpres négociations entre les équipes de l'Oncle Sam et leurs homologues iraniens.
Le président Hassan Rouhani joue son va-tout :
Parfois, il faut lire entre les lignes. Quelques heures après l'annonce, le 6 avril 2021, de la reprise, à Vienne, des pourparlers sur le programme nucléaire de Téhéran avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis d'Amérique, Royaume-Uni, France, Russie, Chine), beaucoup n'attendaient que la prise de position du Guide suprême du pays, l'Ayatollah Ali Khamanei, véritable homme fort du régime, détenteur des clés des rouages politiques nationales, pour qui le caractère et les intérêts de l'Iran sont endurants car il sait agir en sous main dans une guerre de leviers. De front contre front. De souffle contre souffle.
« Le Guide salue les efforts honnêtes et sérieux des membres du ministère des affaires étrangères, présents dans la capitale autrichienne », peut-on lire sur le site officiel d'Ali Khamanei. Peu après, il a accueilli le président Hassan Rouhani et son cabinet pour un déjeuner. Un message laconique mais clair de soutien. Cela dit, refusant, cette fois-ci, tout contact direct avec les Américains en raison de la persistance des sanctions à son encontre, l'Iran mène des négociations entre d'une part les Etats faisant encore partis de l'accord (l'Iran et les pays du 4+1 : Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne, ainsi que l'UE, garante de l'accord et intermédaire), et de l'autre part entre Européens et Américains.
Fin stratège, Hassan Rouhani, en butte aux critiques acerbes du camp conservateur, toujours prompt à dénoncer tout rapprochement avec « le grand satan », a dédié la reprise des rencontres avec les principales capitales du monde à la sagesse du Guide. Dans une conférence de presse, il a dressé une longue liste des défis auxquels son gouvernement fait face depuis son investiture, dont le chômage, la faible croissance et l'inflation galopante, rappelant que pour les éradiquer « le pays a besoin du retour de la confiance de la communauté internationale, d'investissements et de technologies ». Autant d'éléments désormais rendus possibles par la dynamique positive en cours, l'état d'esprit de la nouvelle administration démocrate et l'imminence de la levée des sanctions américaines et onusiennes.
« Je déclare ici que ceux qui veulent critiquer objectivement ma prestation, liée à la reprise des négociations sur le nucléaire, sont les bienvenus. Mais, je ne permettrai en aucune façon que l'espoir des gens dans un avenir brillant, la croissance économique, la paix et la sécurité, dans le pays et dans la région, soit entaché par les calculs politiciens des uns et des autres », déclare le président iranien, conscient du terrain miné dans le quel il a engouffré ses meilleurs diplomates à la veille des élections législatives et présidentielles, prévues dans quelques mois. En jouant son va-tout, essayant de résoudre à tout prix le contentieux nucléaire qui dure depuis 2003, Hassan Rouhani entend ainsi tenir l'une de ses principales promesses électorales en juin 2013, damer le pion à ses détracteurs, passer à l'offensive, respecter « l'avis du peuple » et repositionner l'Iran dans l'échiquier régional et international à la faveur d'un modus vivendi avec la nouvelle administration américaine.
Quelle stratégie américaine en vue ?
Si l'Iran réclame, depuis la conclusion de l'accord en 2015, la levée de toutes les sanctions économiques mises en place en 2003 pour stopper son programme scientifique nucléaire, Washington fait la sourde oreille, exige au préalable des avancées dans les négociations en cours et demande des garanties sécuritaires pour ses alliés dans la région, notamment Israël et les pays du Golfe, effrayés devant le messianisme révolutionnaire des « Pasdarans » et de ses leviers idéologiques dans toute la région du Moyen-orient.
Au fait, Washington considère que les discussions de Vienne, entamés récemment avec comme intermédiaires l'UE, sont un « forum constructif afin de favoriser une solution diplomatique à l'une des plus difficiles questions de sécurité nationale que nous avons à traiter depuis longtemps. In fine, nous sommes partis sur des bases qui nous conviennent », vient de déclarer le porte-parole des négociateurs, proche de Joe Biden lui-même.
« Les discussions ont été jusqu'à présent professionnelles et elles produisent ce que nous pensions qu'elles produisent. Elles nous fournissent une meilleure compréhension de l'Etat d'esprit de l'Iran et nous pensons qu'inversement Téhéran quittera cette cession de discussions avec une meilleure compréhension de ce que nous sommes disposés à faire », disent certaines fuites du département d'Etat américain, pour qui la multiplication des échanges depuis le 6 avril 2021 laisse supposer un climat propice au compromis en dépit des va-t-en en guerre, présents dans les deux camps.
Nervosité ou signe d'une avancée ? Malgré les provocations de Tel-Aviv et les mises en garde des principales capitales arabes du Golfe, mettant en doute la volonté pacifique des dirigeants iraniens, toute la communauté des négociateurs à Vienne affiche, d'un commun accord, des percées importantes dans la résolution « des questions techniques, qui restent à résoudre dans un dossier éminemment complexe».
Quelles sont les doléances occidentales auprès de l'Iran ?
Les occidentaux et à leur tête les Américains entendent cette fois ci demander à Téhéran de recadrer encore davantage les activités d'enrichissement de l'uranium, de limiter d'une manière drastique le nombre des centrifugeuses, de réduire le stock d'uranium faiblement enrichi durant quinze ans, d'exporter au plus vite tout le combustible nucléaire enrichi, dont du plutonium aurait pu être extrait, d'avoir une obligation de transparence totale internationalement vérifiée dans la durée vis-à-vis de l'Agence internationale de l'énergie atomique(AIEA) et de permettre aux inspecteurs internationaux un accès illimité à tous les sites et chercheurs impliqués. Ce qui va mettre immanquablement la pression sur Hassan Rouhani, de plus en plus étouffé par les manœuvres du camp conservateur mais obligé, sur ce dossier, de composer avec les durs du régime(notamment les pasdarans et les bassidjis), de ménager la sensibilité patriotique à fleur de peau des iraniens, de fixer les principaux paramètres politiques de l'accord, de désamorcer les propos incendiaires de ses opposants et de continuer, sans faiblesse face aux occidentaux, sur le chemin périlleux des négociations.
Iran ... Que faire face à la montée des périls ?
« Il faut vite se faire aimer », disait Fidel Castro après avoir investi la Havane en 1959 et chassé le dictateur Batista du pouvoir. Plus que jamais, la survie politique du président iranien est intimement liée à un nouvel accord nucléaire à même de préserver les intérêts du pays, de relancer l'économie nationale, de renouer avec les multinationales pétrolières et gazières, de mettre fin aux sanctions internationales, d'engranger de bons offices géostratégiques, de bénéficier de la logistique financière mondiale, de pousser la charrue du bon côté, de débloquer les fonds iraniens détenus à l'étranger depuis des décennies et de consacrer l'Iran en tant que puissance régionale.
D'ailleurs, à la veille du lancement de ces nouvelles tractations à Vienne, le ministre des affaires étrangères, Mohamed Javad Zarif, habitué au marathon diplomatique, pour qui, être grand, c'est être au service d'une grande cause, plus grande que soi, a exhorté les grandes puissances occidentales, un club de nantis généralement méfiant vis-à-vis des velléités d'indépendance du monde arabo-musulman, à « saisir le moment historique et l'opportunité d'un accord, qui ne se répétera peut-être pas ». Supplication ou menace ? C'est toute la subtilité d'être persan. De disposer ses voiles. De faire de la politique, à côté de la politique. De maîtriser le grand art de la dissimulation. De marcher non avec une idée mais avec son temps.
Imededdine Boulaâba


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