Les terres agricoles en Tunisie occupent environ 10 million ha répartis comme suit : · Superficie agricole utile (SAU) : 5 M ha (50%): (Le nord: 1,8 M ha, Le centre : 2,2 M ha, Le sud : 1 M ha). · Forêts : 700.000 ha (7%). · Parcours et nappes alfatières : 4, 3 M ha (43%). Les grandes cultures, l'arboriculture et les maraîchages occupent successivement environ 44%, 53% et 0,03% de la SAU.
L'agriculture tunisienne a passé depuis l'indépendance par plusieurs étapes distinctes et différentes l'une de l'autre par leurs systèmes d'exploitation et modes de production. Cette évolution du secteur agricole a été profondément marquée par les changements sociopolitiques qu'a connus la Tunisie : Depuis l'indépendance en 1956 jusqu'au 14 janvier 2011, début de l'air révolutionnaire, l'agriculture a passé par trois étapes différentes: · Une agriculture de subsistance (1956 – 1962) basée sur l'exploitation extensive des terres et la transhumance qui coexistaient avec une agriculture semi intensive dirigée par les colons français. · Une tentative de reforme agraire (1962 – 1969), basée sur la nationalisation des terres ex colons et l'instauration du système socialiste d'exploitation agricole, connu par la période des coopératives. Sur le plan technique cette période a conne un changement qualitatif au niveau du système d'exploitation agricole collectif par l'introduction des techniques nouvelles de production plus intensive. La population tunisienne n'a pas adhéré à ce modèle de reforme agraire et l'expérience a échouée. · Une nouvelle politique économique libérale a pris la place et a donné une nouvelle orientation faisant de la productivité le moteur essentiel des transformations vers la modernisation du système d'exploitation et de production et la création d'une nouvelle génération de promoteurs agricoles. Cette politique agraire a donné lieu à une forme de coexistence de trois secteurs: étatique, géré sous formes d'agro combinats (OTD), système coopératif et exploitants privés. Il est sans doute clair que malgré la mutation et les transformations qu'a connues le secteur agricole au cours des années, l'agriculture n'a pas pu remplir sa mission sociale et économique afin d'assurer l'indépendance du secteur, la sécurité et l'autosuffisance alimentaire, la qualité de vie dans le milieu rural, l'augmentation des revenus des agriculteurs locaux, la fixation de la population rurale dans son environnement et la création de l'emploi et de la croissance et le développement du secteur …
Depuis 1960, ces politiques agricoles n'ont pas pu constituer un levier effectif pour stimuler le développement agricole, soutenir les productions, et orienter les pratiques agricoles vers un modèle performant et productif.
Si la productivité a longtemps été le moteur de ces transformations, l'agriculture doit désormais intégrer la durabilité pour répondre aux attentes de la société. Mais pour faire changer les pratiques vers le développement durable, il est nécessaire d'agir sur les politiques nationales notamment en matière: · De fixation des priorités socioéconomiques régionales, · De rationalisation des investissements, · d'instauration d'un système régional de planification des productions et de gestion par objectif, · de formation, d'assistance et d'encadrement des agriculteurs et intervenants dans le secteur, · de consolidation et d'appui à la société civile pour jouer pleinement son rôle de catalyseur de processus de développement soutenable, Un levier pour réorienter notre système agricole: L'agriculture durable est un autre mode de développement agricole qui présente des solutions dans un cadre globale et un moyen de réflexion sur le devenir de l'agriculture tunisienne et sur la vie des campagnes de demain. Elle s'appuie sur les fondements du développement durable et répondant aux besoins des générations présentes sans compromettre le développement des générations futures, en leur garantissant les mêmes chances de progrès. Elle est une démarche d'amélioration continue des systèmes d'exploitation, instaurant une agriculture économe, productive, innovante, solidaire, utilisant moins d'engrais chimiques, moins de pesticides, moins d'aliments concentrés pour le bétail et valorisant en premier lieu les ressources naturelles présentes sur les exploitations.
Partant de notre expérience et de savoir faire acquis et de notre patrimoine naturel, l'agriculture durable est un cheminement vers un mieux pour relever le grand défit du développement durable afin de promouvoir une agriculture économiquement performante, socialement équitable, solidaire et écologiquement saine.