Dans le sillage des pires scénarios élaborés par certains conjoncturistes sur une baisse possible de nos exportations suite aux problèmes de la zone euro, et les mesures d'austérité annoncées dans les plus grandes économies, les exportations tunisiennes commencent à voir le bout du tunnel. Après une année 2009 à oublier vu la crise économique, les exportations affichent une bonne santé depuis le début de l'année. Selon les récents chiffres de l'INS, les exportations ont augmenté de 19.2% durant le premier semestre de cette année. De l'autre côté les importations ont continué leur hausse avec 31.1%, ce qui a engendré un nouveau déficit record de 4432 MD. Une moitié de l'année qui réussit aux exportations : Depuis le début de l'année la croissance des exportations tunisiennes était en rythme crescendo, passant de 6% au mois de Janvier à 19.2% au cours du mois de Juin dernier. Au mois d'Avril ils ont augmenté de 15.9%, et au mois de Mai de 17.6%. Ils totalisent depuis le début de l'année 11348 MD. En comparaison avec 2008, on enregistre une baisse de 22.2%. Comme d'habitude depuis quelques années, ce sont les exportations des IME qui conduisent cette hausse. Ils enregistrent +39%, avec une bonne performance des industries électriques +44.3%. Ils représentent désormais plus de 34% du total des exportations. Les IME confirment leur position de secteur leader des exportations, prenant la relève sur les textiles habillements. Une transition réussie qui confirme la diversification de nos exportations sur le plan sectoriel. La performance des IME bénéficie des importants investissements réalisés par certains grands groupes en Tunisie, ainsi que d'une légère amélioration des ventes automobiles dans les pays européens. Les textiles habillements de leur côté, ont maintenu une légère hausse de 5.9% avec 3013MD soit 26% des exportations. On est loin des performances de 2007 ou celles de 2008. En comparaison avec 2008, les exportations de textile et habillement accusent une baisse de 15.3%. Le secteur des textiles habillements est bousculé par le textile chinois qui envahit les pays européens, surtout après l'entré en vigueur de l'accord multifibre et la fin du moratoire sur certains produits. Dans ce secteur se sont les cuirs et chaussures qui réalisent la bonne performance avec une croissance de 13.5%. Les énergies et lubrifiants en hausse de 37.9% représentant 14.1% du total des exportations. Le secteur bénéficie d'une hausse des cours du dollar à l'échelle internationale, monnaie d'échange de produits pétroliers, ainsi que d'une légère hausse des produits exportés suite à de nouvelles découvertes dans le pays. Du côté des importations on enregistre une hausse de 31.1% soit 15791MD. Se sont les énergies et lubrifiants qui enregistrent la plus grande hausse avec 74.1%. En effet, malgré une baisse des cours du brut à l'échelle internationale, la demande nationale est en nette croissance ce qui dénote d'une activité économique en croissance. Cette situation est causée par la fermeture pour maintenance de la STIR, principal raffineur du pays, ce qui pousse à importer plus pour couvrir les besoins. L'autre rubrique qui a contribué à la hausse des importations est « le matériel de transport » avec une hausse 70.5%. Dans cette rubrique on comptabilise les acquisitions d'avions par la compagnie nationale Tunisair ainsi que du matériel de transport ferroviaire, et les importations de voitures des concessionnaires automobiles qui connaissent une légère hausse suite à une forte demande locale. A cause de cette situation le déficit commercial continue de grimper avec -4443MD, soit 70% de plus que le déficit enregistré durant la même période de 2008. Résultat direct, le taux de couverture enregistre seulement 71.9%, contre 79% en 2009, et 81.7% en 2008. Par régime c'est toujours l'offshore qui enregistre un bon taux de couverture de 146.2%, alors que le régime général seulement 39%. Rappelons que les principales exportations des IME et du textile habillement s'effectuent en régime offshore, alors les produits tel que les énergies et lubrifiants ainsi que les mines et phosphates sont réalisés au régime général.
Un déficit important : La hausse des importations a causé un déficit record de -4432MD. Sur toutes les balances commerciales, seule celle des biens de consommation qui enregistre un solde positif. La balance de l'alimentation affiche un solde négatif de -199MD, les matières premières et demi produits -1793MD, les biens d'équipement -22383MD, et l'énergie -190MD. Le déficit de la balance est causé par une demande importante des matières premières et demi produits ainsi que les biens d'équipement ce qui signifie une reprise de l'activité économique sur le plan national. La baisse légère du cours de l'euro encourage aussi les opérateurs économiques à s'approvisionner sur le marché européen. La continuation de la baisse des droits de douane sur certains produits pour des nécessités économiques et d'approvisionnement du marché local a contribué à cette hausse du déficit commercial. Une situation désagréable pour l'économie nationale, mais qui reste jusqu'à présent maîtrisable grâce à un bon niveau de réserves en devises, qui va augmenter suite à l'actuelle saison touristique.
Des perspectives optimistes : L'économie nationale, et principalement les exportations vont bénéficier certainement de bonnes perspectives économiques mondiales. Selon le dernier rapport de Juillet du FMI sur les perspectives économiques mondiales, la croissance mondiale sera de 4,5% durant l'année actuelle, soit une amélioration d'un demi-point par rapport aux prévisions d'Avril. Selon le FMI, les indicateurs mondiaux de l'activité économique réelle ont été vigoureux jusqu'à fin avril et se sont stabilisés à un niveau élevé en mai. La production industrielle et le commerce ont augmenté de plus de 10 %, la confiance des consommateurs a continué de s'améliorer et la croissance de l'emploi repris dans les pays avancés. Selon d'autres perspectives faites récemment par la Banque Mondiale le commerce mondial des marchandises a enregistré une solide reprise et devrait progresser de l'ordre de 21 % cette année, avant que les taux de croissance ne se tassent à environ 8% entre 2011 et 2012. Sur un autre plan, et selon les derniers chiffres de l'OMC, durant les trois premiers mois de 2010, la valeur du commerce mondial des marchandises a augmenté d'environ 25% par rapport à la même période en 2009. Les exportations mondiales ont enregistré une hausse de 27%, légèrement supérieure à celle des importations, qui a été de 24%. Ces différentes tendances sont positives pour l'économie nationale qui en doit bénéficier vu son intégration croissante dans l'économie mondiale. La Tunisie doit aussi bénéficier du retour à la normale de l'économie de la zone euro, principal partenaire commercial, suite aux différentes interventions monétaires des pays de la zone et des mesures d'austérité annoncées. Reste le spectre de la baisse de la demande des ménages européens et la montée du chômage dans certains pays, conjugué avec une saison agricole qui ne s'annonce pas bonne, qui guettent l'économie nationale durant le reste de l'année. C'est pour cette raison que la vigilance doit être de rigueur, et ont doit continuer à travailler sur la stratégie de la diversification régionale des exportations et des marchés d'approvisionnement.