Ça sent le roussi, ces derniers jours entre la Chine et le Japon qui sont en train de s'enfoncer dans une crise, d'autant plus porteuse de risques qu'elle oppose la deuxième et la troisième économie mondiale. L'éclat a eu lieu à Hanoï, la capitale vietnamienne en marge d'un Sommet des pays d'Asie du Sud-Est (Asean) et de leurs partenaires de la région. La pomme de discorde sur un différend territorial qui divise les deux pays depuis le mois de septembre. La crise a surgi sur un fond de tension qui date depuis la fin de la 2e Guerre mondiale, les Chinois n'ayant pu oublier, bien sûr, les massacres perpétrés par les Nippons peu avant et durant le terrible conflit mondial. Shanghai, la mégapole économique de l'Empire du Milieu, qui abrite actuellement l'Exposition universelle, en a gardé un tragique souvenir. Et toutes les tentatives faites de part et d'autre pour gommer les stigmates de ce terrible passé n'ont pas abouti à lever cette chape de méfiance qui plombe leurs relations. Mais le Japon n'a pas que ce chat à fouetter. Un autre sujet de brouille, cette fois-ci avec la Russie, divise les deux nations depuis la fin de la 2e Guerre mondiale, notamment depuis la capitulation de l'Empire du Soleil Levant. Ce litige concerne les îles Kouriles qui, partagées entre les deux pays, ont été entièrement annexées par l'URSS en 1945. Le Japon en réclame quatre d'entre elles. Tous les efforts déployés par Tokyo pour ramener ces îles dans le giron nippon n'ont pas abouti bien que les Russes aient essayé de présenter un visage conciliant et que les Japonais aient fait miroiter un renforcement de la coopération bilatérale aux fruits tentants pour l'économie russe. Mais les résultats des différentes négociations menées à ce sujet sont restés en deçà des attentes des uns et des autres. Les échecs répétés s'expliquent par l'enjeu que représente la position de ces îles, qui s'ouvrent sur une région du monde qui représente désormais l'épicentre des échanges économiques, l'océan Pacifique ravissant le rôle de premier plan que jouait naguère l'océan Atlantique. C'est pourquoi la demande adressée par l'UE à la Russie de rétrocéder l'île au Japon est restée lettre morte.