La Colombie a franchi un cap diplomatique significatif ce lundi 26 mai en nommant Jorge Iván Ospina comme premier ambassadeur auprès de l'Etat de Palestine, près d'un an après avoir rompu ses relations avec Israël. Cette décision, hautement symbolique, confirme l'engagement du gouvernement du président Gustavo Petro en faveur de la reconnaissance de la souveraineté palestinienne, tout en condamnant fermement les actions militaires israéliennes dans la bande de Gaza. Une mission encore incertaine sur le terrain Dans ses premières déclarations, Jorge Iván Ospina a reconnu ne pas encore savoir s'il exercera ses fonctions depuis Ramallah ou depuis un pays voisin, précisant que des discussions avec les autorités israéliennes devront avoir lieu pour définir les conditions de présence diplomatique sur le territoire palestinien. « Il faudra une coordination avec Israël pour déterminer les étapes nécessaires à l'établissement de l'ambassade colombienne à Ramallah », a-t-il expliqué. Ce détail logistique souligne les tensions persistantes entre Bogota et Tel-Aviv, et les difficultés pratiques auxquelles peuvent se heurter les nouvelles représentations diplomatiques dans les territoires palestiniens. Un soutien humanitaire affirmé à Gaza En parallèle de cette nomination, Ospina a annoncé que la Colombie se disait prête à accueillir des milliers de blessés palestiniens victimes des bombardements israéliens sur Gaza. L'ambassadeur a notamment évoqué les enfants touchés par les frappes, déclarant que son pays accorde une priorité particulière à leur prise en charge médicale et à leur réhabilitation. Cependant, aucune information précise n'a été communiquée sur les mécanismes d'évacuation des patients ni sur la procédure à suivre pour les familles souhaitant bénéficier de cette assistance. « Le monde ne peut rester indifférent à la souffrance des civils à Gaza et en Cisjordanie occupée », a affirmé Ospina, insistant sur le droit à la santé, à la dignité et à la survie des populations palestiniennes dans un contexte de crise humanitaire. Une nomination politique forte Le profil de Jorge Iván Ospina illustre clairement le tournant diplomatique engagé par la Colombie sous la présidence de Gustavo Petro. Médecin de formation, ancien maire de Cali — la troisième plus grande ville du pays — et fils d'un des fondateurs de la guérilla M-19, Ospina incarne une gauche engagée, anti-impérialiste et proche des causes sociales et internationales. Sa proximité idéologique avec le président Petro est connue. Ce dernier, en mai 2024, avait rompu les relations diplomatiques avec Israël, accusant le gouvernement de Benjamin Netanyahou de commettre un acte qualifié d'« épuration ethnique » et même de « génocide » dans la bande de Gaza. Une diplomatie en rupture avec l'axe pro-israélien Alors que la plupart des pays occidentaux continuent d'entretenir des relations diplomatiques avec Israël, la Colombie se positionne de plus en plus comme une voix dissidente sur la scène internationale, appelant à un ordre mondial fondé sur la justice humanitaire et le respect du droit international. La reconnaissance officielle de la Palestine et l'installation d'un ambassadeur sur place — malgré les obstacles logistiques — s'inscrivent dans cette stratégie de rupture assumée. Elle traduit aussi un repositionnement de la diplomatie latino-américaine sur les enjeux moyen-orientaux, dans un contexte où la guerre à Gaza suscite une indignation croissante. À travers cette nomination, la Colombie entend non seulement affirmer sa solidarité avec le peuple palestinien, mais également redéfinir les contours de sa politique étrangère, à contre-courant de l'alignement traditionnel sur les positions des Etats-Unis ou d'Israël. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!