Le Conseil de sécurité de l'ONU a échoué une nouvelle fois à adopter une résolution réclamant un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et durable à Gaza, en raison de l'opposition des Etats-Unis, seuls à voter contre un texte soutenu par 14 des 15 membres du Conseil, mercredi 4 juin 2025. Le projet de résolution, qui prévoyait également la levée immédiate des restrictions à l'entrée de l'aide humanitaire et l'accès sécurisé aux populations civiles, a été bloqué par un nouveau veto américain. Dans une intervention devant les Nations unies, la représentante américaine Dorothy Shea a justifié ce rejet en expliquant que son pays ne pouvait pas soutenir une résolution qui ne condamne pas explicitement le Hamas, exigeant son désarmement et son retrait de Gaza. Elle a également affirmé que Washington poursuivrait ses efforts pour libérer les otages, dont quatre Américains encore détenus. Cette position américaine, conforme à sa ligne historique de soutien à Israël, a suscité de vives critiques. Plusieurs membres du Conseil, dont le Royaume-Uni et la Slovénie, ont exprimé leur soutien au texte et leur inquiétude face à la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, décrite par l'ONU comme au bord de l'effondrement total après 20 mois de guerre. Le projet de résolution rejeté mettait en lumière l'urgence de mettre fin aux hostilités et appelait à l'ouverture d'un accès humanitaire sécurisé et sans entrave, notamment via les mécanismes onusiens. Il réclamait également la libération immédiate et sans condition de tous les otages. Selon des sources diplomatiques relayées par l'agence Reuters, Washington avait préalablement averti Israël de son intention de recourir au veto, illustrant le rôle actif des Etats-Unis non seulement en tant que soutien politique, mais aussi en tant qu'acteur stratégique dans la conduite de la guerre. Sur le terrain, la situation humanitaire reste dramatique. Malgré une levée partielle du blocus le 19 mai, Israël n'a autorisé l'entrée que d'un nombre très limité de camions onusiens. L'ONU parle d'une « goutte d'eau dans un océan » face aux besoins des plus de 2 millions d'habitants de Gaza. Parallèlement, la distribution de l'aide par la « Fondation Gaza Humanitaire », gérée par une société privée américaine sous contrat avec les autorités israéliennes, a été suspendue après que des dizaines de Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens alors qu'ils tentaient de récupérer des vivres. Ces centres de distribution, décrits par l'ONU comme des « pièges mortels », obligeraient des civils affamés à traverser des zones entourées de barbelés, sous la surveillance de gardes privés armés. L'organisation internationale a refusé toute collaboration avec cette structure controversée, évoquant des financements opaques et une absence de respect des principes humanitaires. Cette nouvelle obstruction diplomatique met en lumière le double discours de la diplomatie occidentale, et en particulier celui de la France, qui condamne publiquement les exactions israéliennes, tout en poursuivant des relations militaires, économiques et stratégiques avec Tel-Aviv. Si la France n'a pas opposé son veto, elle est régulièrement accusée de ne pas exercer de pression suffisante pour obtenir un véritable arrêt des hostilités, ni de remettre en question ses coopérations avec l'Etat hébreu. Le dernier cessez-le-feu, soutenu par Washington en juin 2024, n'a duré que quelques mois. Israël l'a rompu en janvier 2025, relançant une campagne militaire à grande échelle. L'ONU, impuissante face aux divisions entre grandes puissances, semble désormais incapable de faire appliquer le droit international, même lorsque la quasi-totalité de ses membres exprime une volonté claire de désescalade. Alors que la France s'apprête à accueillir le Forum mondial de la paix en octobre prochain, de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer l'incohérence d'une diplomatie qui affiche son attachement aux droits humains, tout en gardant le silence sur les livraisons d'armes et de technologies utilisées dans les conflits, notamment celui de Gaza. Une situation qui renforce le sentiment d'impunité israélienne et aggrave la fracture entre les pays du Sud et les puissances occidentales, accusées de deux poids, deux mesures dans leur approche des droits des peuples. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!