Après des semaines de tractations et de pressions internes, le Congrès américain a adopté ce jeudi la vaste loi budgétaire proposée par le président Donald Trump, marquant ainsi la première victoire législative majeure de son second mandat. Une adoption intervenue au terme d'un vote très serré à la Chambre des représentants, quelques jours après le feu vert du Sénat. Ce texte de 869 pages, surnommé par Trump lui-même la « One Big Beautiful Bill », inclut des crédits d'impôt colossaux, des coupes budgétaires massives dans les programmes sociaux, et des milliards de dollars de nouvelles dépenses, notamment pour la défense et le contrôle de l'immigration. Une adoption difficile mais symbolique Fixé symboliquement pour le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, le vote définitif à la Chambre a été repoussé d'un jour à cause des désaccords internes au camp républicain. Le chef de file démocrate Hakeem Jeffries a tenté de faire barrage en prononçant un discours-marathon de près de neuf heures, un record historique à la Chambre. Mais les pressions exercées par Donald Trump ont fini par faire plier plusieurs républicains récalcitrants. Seuls deux élus du parti présidentiel ont voté contre le texte. Le président américain, âgé de 79 ans, a personnellement téléphoné à plusieurs membres du Congrès dans la nuit de mercredi à jeudi pour les convaincre. Des mesures controversées Parmi les mesures phares : * Prolongation des crédits d'impôt adoptés lors du premier mandat Trump. * Suppression de l'imposition sur les pourboires, une promesse de campagne. * Hausse des dépenses militaires et des budgets alloués à la lutte contre l'immigration. * Réduction des budgets alloués à Medicaid et au programme SNAP, principale aide alimentaire fédérale. D'après les estimations du Bureau budgétaire du Congrès (CBO), le plan pourrait alourdir la dette publique de plus de 3.400 milliards de dollars d'ici 2034. Un chiffre qui suscite l'inquiétude, y compris dans les rangs républicains. Les ménages les plus aisés seront les principaux bénéficiaires des nouvelles mesures fiscales. En revanche, des millions d'Américains à faibles revenus risquent de perdre leur couverture santé publique ou leur accès aux aides alimentaires. Le chef de file démocrate Hakeem Jeffries a qualifié la loi de « monstruosité répugnante ». Malgré les critiques, la Maison Blanche salue cette adoption comme un tournant. Un message triomphal a été posté sur X : « VICTOIRE ». Analyse Cette loi budgétaire illustre clairement le nouveau virage économique populiste-conservateur des Etats-Unis sous Trump. Elle repose sur une logique duale : * Accélérer la croissance par la baisse d'impôts et les dépenses militaires : une stratégie risquée en période de taux d'intérêt élevés, qui pourrait relancer l'inflation et accroître la pression sur les marchés obligataires américains. * Sabre dans les aides sociales et écologiques pour réduire le « poids de l'Etat » : cela fragilise la cohésion sociale à moyen terme, notamment dans les zones rurales déjà en difficulté, et annule les avancées climatiques de l'administration Biden. Du point de vue géopolitique, cette loi confirme le désengagement de l'Etat fédéral des priorités environnementales globales au profit d'une politique centrée sur l'indépendance énergétique et le « produire américain ». Enfin, elle renforce la fracture politique entre élites urbaines progressistes et électorat rural conservateur, préparant le terrain pour une campagne présidentielle 2026 ultra-polarisée. Sur le plan international, cette orientation budgétaire accroît le risque de tensions monétaires et affaiblit le dollar, surtout si les agences de notation venaient à revoir à la baisse la note de la dette américaine. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!