La tension entre Elon Musk et l'administration Trump a franchi un nouveau cap. Dans une interview diffusée sur la chaîne américaine CBS, le patron de Tesla a annoncé son retrait de la Commission pour l'efficacité gouvernementale (Doge), une entité qu'il dirigeait depuis le début du second mandat de Donald Trump. Le point de rupture ? L'adoption par la Chambre des représentants de la « grande et belle loi budgétaire » du président américain. Un texte ambitieux sur le plan fiscal, mais qui creuse sensiblement le déficit public. « J'ai été déçu de voir ce projet de loi, franchement, qui augmente le déficit budgétaire au lieu de le réduire, et qui sape le travail de l'équipe du Doge », a déclaré Musk. L'homme d'affaires a exprimé sa frustration croissante face à ce qu'il considère comme des décisions contraires à la mission de rigueur budgétaire de son agence. « Un projet de loi peut être grand ou beau, mais je ne sais pas s'il peut être les deux à la fois », a-t-il ironisé en référence au surnom donné par Trump à son texte. Une divergence idéologique assumée Ce désaccord est loin d'être isolé. En avril déjà, Musk s'était positionné en faveur d'une zone de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Europe, en totale opposition avec la ligne protectionniste prônée par la Maison Blanche. La nouvelle loi, actuellement en cours d'examen au Sénat, prévoit une prolongation des crédits d'impôts massifs mis en place sous le premier mandat Trump. Pour compenser partiellement les pertes fiscales, les républicains envisagent des coupes dans certaines dépenses publiques, notamment Medicaid, l'assurance santé utilisée par plus de 70 millions d'Américains à faible revenu. Mais selon le Bureau du budget du Congrès, cette réforme accroîtrait le déficit de 4.000 milliards de dollars sur dix ans, un chiffre à rebours des objectifs d'économies fixés par le Doge. Le Doge, un projet ambitieux mais au bilan mitigé La Commission Doge, présidée par Elon Musk, avait pour mission de rationaliser les dépenses publiques. En trois mois d'activité, elle a permis la suppression de milliers de postes de fonctionnaires, la fermeture d'agences fédérales et une réduction des subventions, générant 160 milliards de dollars d'économies. Mais cette performance reste loin des 2.000 milliards visés initialement. Et face à un texte législatif qui annule en partie ces efforts, Musk a choisi de jeter l'éponge. « L'expérience Doge n'a pas été très amusante », a-t-il reconnu début mai. Une sortie stratégique en pleine tourmente chez Tesla Ce retrait intervient aussi à un moment délicat pour Tesla, où les ventes sont en baisse et où plusieurs concessions ont été vandalisées lors de manifestations. Elon Musk a indiqué vouloir désormais se recentrer sur ses entreprises, notamment dans l'automobile, alors que Tesla fait face à une concurrence croissante et à une perte d'image. Sa rupture avec Trump pourrait également s'inscrire dans une volonté de réorienter sa communication publique, alors que son engagement politique et sa gestion controversée de X (ex-Twitter) ont entamé sa popularité. Une relation de plus en plus distante Le mandat de Donald Trump avait initialement été marqué par une certaine proximité entre les deux hommes, autour d'objectifs économiques communs. Mais les divergences se sont multipliées ces derniers mois, notamment sur le commerce international, l'environnement, et maintenant la politique budgétaire. Elon Musk, qui avait pourtant accepté en début d'année de prendre la tête du Doge jusqu'en juillet 2026, a désormais écarté toute collaboration durable : « Je me retire maintenant, mais je souhaite que ceux qui poursuivent l'effort réussissent. » Le départ du milliardaire souligne un clivage grandissant au sein même du camp pro-Trump, entre ceux qui plaident pour une réforme libérale et rigoureuse de l'Etat, et ceux qui privilégient le pragmatisme budgétaire, quitte à alourdir la dette publique. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!